Une échéance judiciaire au cœur de l’actualité
Le 22 juillet 2025, la justice française a confirmé le renvoi en correctionnelle de Rachida Dati, actuelle ministre de la Culture, et de Carlos Ghosn, ancien PDG de Renault-Nissan, dans une affaire de corruption et de trafic d’influence aux ramifications politiques et industrielles explosives. À quelques mois d’échéances électorales majeures, ce procès s’annonce comme un moment charnière.
Une enquête longue et méticuleuse sur des liens occultes
L’affaire remonte à la période où Rachida Dati siégeait comme eurodéputée, entre 2009 et 2019. Entre 2010 et 2012, elle aurait perçu environ neuf cent mille euros de RNBV, filiale néerlandaise de Renault-Nissan, pour des missions de conseil. Mais les juges ont considéré que ces prestations étaient, selon les termes du Parquet national financier (PNF), « dissimulées sous un contrat fictif » et visaient en réalité à influencer les institutions européennes au profit du constructeur automobile.
Le Figaro précise que la ministre est poursuivie pour « recel d’abus de pouvoir », « corruption passive », « trafic d’influence » et « abus de confiance ». Le Monde a révélé que cette décision judiciaire s’appuie sur le réquisitoire du PNF daté de novembre 2024, validé sans réserve par les juges d’instruction Pierre Grinsnir et Marie-Catherine Idiart.
Carlos Ghosn dans la ligne de mire : un procès malgré son exil
Bien que toujours réfugié au Liban depuis sa fuite spectaculaire en 2019, Carlos Ghosn est lui aussi renvoyé en correctionnelle. Il est accusé d’avoir mis en place un dispositif de rémunération opaque à travers RNBV, contournant les obligations de transparence des sociétés cotées. Les magistrats le poursuivent pour « corruption active », « abus de pouvoir » et « trafic d’influence ».
Selon Valeurs actuelles, les investigations ont révélé des circuits financiers complexes, basés aux Pays-Bas, destinés à rémunérer Rachida Dati pour son rôle d’intermédiaire d’influence auprès des institutions européennes. L’accusation parle de lobbying déguisé en prestation intellectuelle.
Une audience charnière avant un procès politique
La première étape judiciaire aura lieu le 29 septembre 2025, lors d’une audience de mise en état devant la chambre correctionnelle du tribunal de Paris. Le calendrier prévoit une tenue du procès courant 2026, potentiellement après les élections municipales.
Politiquement, l’affaire prend une tournure sensible. Le président de la République a affirmé le 22 juillet avoir « pris note » de ce renvoi, tout en confirmant que « la ministre reste en fonction car un renvoi n’est pas une condamnation », d'après une information du Figaro.
Enjeux judiciaires et impact politique d’un renvoi en correctionnelle
Ce procès cristallise plusieurs lignes de tension : indépendance de la justice, transparence des relations entre décideurs publics et entreprises, et séparation des pouvoirs. Si les faits sont reconnus, ils pourraient constituer une violation grave du Code pénal et du statut des députés européens.
La défense de Dati affirme de son côté que le contrat de conseil était légal et enregistré dans ses déclarations d’intérêts. Mais les juges estiment que « les prestations n’étaient pas documentées et ne justifiaient pas le montant versé ».
Quant à Ghosn, sa non-comparution risque de compliquer les débats. Toutefois, la justice française peut juger un prévenu en son absence, ce qui rend ce procès inévitable.
Une affaire aux répercussions multiples
Ce renvoi en correctionnelle survient dans un contexte délicat pour la majorité présidentielle. Rachida Dati est une figure emblématique du gouvernement, et son maintien en poste divise au sein même du camp présidentiel.
Du côté judiciaire, ce dossier marque un nouveau chapitre dans les suites de l’affaire Renault-Nissan, déjà marquée par des procédures internationales, une fuite rocambolesque et une défiance croissante envers les élites économiques.
L’audience du 29 septembre sera déterminante. Ce procès ne se limite pas à des accusations individuelles. Il pose des questions fondamentales : Quelles limites entre lobbying et corruption ? Quelles garanties de transparence pour les élus européens ? Quels garde-fous dans les relations public-privé ?
Face à ces interrogations, la justice devra trancher. Et au-delà du tribunal, c’est l’opinion qui jugera.