Chikungunya : l’OMS redoute une épidémie mondiale en 2025

Alors que l’été bat son plein dans l’hémisphère nord, une menace venue des tropiques refait surface. Invisible, mais bien réelle, elle inquiète jusqu’aux couloirs de Genève.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 23 juillet 2025 8h30
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Chikungunya : l’OMS redoute une épidémie mondiale en 2025 - © Economie Matin
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L’Organisation mondiale de la santé vient de lancer une alerte : un virus oublié du grand public mais bien connu des épidémiologistes est de retour. Une épidémie de Chikungunya d'ampleur mondiale pourrait bien se déclencher.

Chikugunya : un virus transmis par les moustiques, aux effets parfois invalidants

Le chikungunya est une maladie virale transmise par les moustiques du genre Aedes, notamment Aedes aegypti et Aedes albopictus (plus connu sous le nom de moustique tigre). Selon la fiche officielle de l’OMS mise à jour en avril 2025, ce virus appartient à la famille des Togaviridae et provoque une fièvre aiguë, accompagnée de douleurs articulaires souvent sévères, de céphalées, de fatigue, de nausées et parfois d’éruptions cutanées.

Dans près de 40 % des cas, les douleurs articulaires peuvent persister plusieurs mois, voire devenir chroniques, causant une invalidité importante. D’après l’ECDC (European Centre for Disease Prevention and Control), les populations les plus à risque sont les personnes âgées, les nouveau-nés, ainsi que les patients immunodéprimés.

L’OMS déclenche une alerte mondiale sur le chikungunya

Le 22 juillet 2025, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a officiellement lancé une alerte sur la résurgence du chikungunya, notamment dans l’océan Indien et plusieurs régions d’Afrique de l’Est. Dans un communiqué relayé par Reuters, le Dr Raman Velayudhan, chef de l’unité des maladies vectorielles, a déclaré : « Le risque d’épidémie mondiale est désormais bien réel. Le chikungunya se propage plus rapidement et plus largement que jamais auparavant ».

Les données les plus récentes transmises par le réseau mondial de surveillance indiquent plus de 220 000 cas confirmés de chikungunya depuis janvier dans 14 pays et territoires, avec 80 décès recensés. Parmi les foyers les plus actifs : La Réunion, Mayotte, Maurice, mais également des zones plus inattendues comme le sud de la France, l’Italie ou encore le Kenya. À La Réunion, l’agence régionale de santé recense 54 410 cas, 2 860 passages aux urgences et 28 décès depuis le début de l’année, selon Health Policy Watch.

La France touchée : des cas autochtones dès juin 2025

La situation en France métropolitaine évolue rapidement. Depuis début juin, 12 cas autochtones de Chikungunya ont été détectés dans les départements du Sud-Est, sans lien avec un voyage. Ce signal marque une transmission locale du virus par les moustiques tigres implantés durablement sur le territoire.

Près de 800 cas importés ont été recensés entre janvier et juillet 2025, principalement en provenance de l’océan Indien, de l’Asie du Sud-Est et de l’Amérique latine. L’OMS met en garde contre « un schéma de propagation inquiétant, similaire à celui observé lors de l’épidémie de 2004-2005 », qui avait infecté un tiers de la population de La Réunion en quelques mois.

Face à l’expansion du moustique tigre, désormais présent dans plus de 70 départements français, les autorités appellent à renforcer les mesures de prévention individuelle et collective :

  • Éliminer les eaux stagnantes (jardinières, gouttières, seaux…).
  • Utiliser des répulsifs adaptés, porter des vêtements longs, installer des moustiquaires.
  • Alerter les services de santé en cas de symptômes évocateurs après un séjour en zone tropicale.

En parallèle, certaines communes du sud de la France ont lancé des campagnes de démoustication ciblée, comme à Toulon et Montpellier, où la densité de moustiques dépasse les seuils de vigilance.

Pas de traitement curatif, mais un vaccin en cours d’homologation

À ce jour, aucun traitement antiviral spécifique n’est disponible contre le chikungunya. La prise en charge reste symptomatique : antipyrétiques, antalgiques, repos. La plupart des patients guérissent, mais les séquelles articulaires peuvent durer plusieurs semaines à plusieurs mois, parfois au-delà d’un an. Un vaccin est actuellement en cours d’examen par l’OMS, déjà approuvé dans certains pays à forte exposition. L’objectif est de protéger les populations les plus vulnérables dans les zones endémiques ou à risque de transmission locale.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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