Jeunes et femmes : les nouveaux visages du micro-entrepreneuriat

Initialement perçu comme un tremplin pour l’activité complémentaire, le statut d’auto-entrepreneur séduit désormais une population plus jeune, plus féminine et plus diversifiée. Pascal Ferron, président de Walter France et fondateur du site dédié aux auto-entrepreneurs, MonEntrepriZ, revient sur l’état des lieux de ces transformations à partir des données 2022 publiées dans le dernier rapport de l’Insee.

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By Pascal Ferron Published on 8 juillet 2025 5h30
Salaires Hommes Femmes
L’écart salarial hommes-femmes était de 20,9% en 2008, il n’est plus que de 14,8% aujourd’hui. - © Economie Matin
600 EUROSEn 2022, le revenu moyen des femmes micro-entrepreneuses est de 600 euros par mois

Ce que l’on percevait déjà se confirme par les chiffres officiels !

En 20 ans, entre 2002 et 2022, les créations d’entreprises individuelles ont quintuplé ; et depuis 2018, cette augmentation est essentiellement due aux auto-entrepreneurs.

À l’instar des entrepreneurs individuels traditionnels, les micro-entrepreneurs ayant lancé leur activité en 2022 sont en moyenne plus jeunes qu’en 2010. En effet, un tiers d’entre eux ont moins de 30 ans, contre seulement un cinquième il y a douze ans. La part des femmes progresse également : on s’approche de la parité !

> Une jeune génération entrepreneuriale en plein essor

En 2022, 44 % des micro-entrepreneurs sont âgés de moins de 40 ans, et l’âge médian s’établit à 41 ans, contre 48 ans chez les non-salariés classiques. Cette tendance illustre un changement culturel profond : la création d’entreprise devient une option envisagée de plus en plus tôt dans les parcours professionnels.

Selon les données de l’Insee, 7 % des jeunes entrants sur le marché du travail sont déjà à leur compte. Ce phénomène s’explique par l’accessibilité du statut, la possibilité de tester une activité sans engagement lourd, et l’essor de nouveaux métiers numériques propices à l’indépendance (community management, graphisme, e-commerce, coaching, etc.).

> Le micro-entrepreneuriat attire de plus en plus de femmes

Autre signal fort : la montée en puissance des femmes dans le micro-entrepreneuriat. En 2022, 46 % des micro-entrepreneurs sont des femmes, contre 38 % en 2010.

Cette progression est particulièrement marquée dans certains secteurs :

- Services aux particuliers : coiffure, soins de beauté, bien-être, etc.

- Enseignement et formation : cours particuliers, soutien scolaire, formation adulte

- Activités de santé non réglementées : sophrologie, diététique, accompagnement psychologique

- Commerce en ligne : vêtements, bijoux, décoration, etc.

Les femmes choisissent le statut de micro-entrepreneur pour sa flexibilité, compatible avec une organisation familiale ou une autre activité, mais aussi pour l’autonomie qu’il offre dans la gestion du temps et des projets et la très grande simplicité des formalités administratives et déclaratives.

> Un écart de revenus encore marqué entre les sexes

Malgré leur nombre croissant, les femmes continuent de percevoir des revenus inférieurs à ceux des hommes, y compris à statut équivalent. En 2022, le revenu moyen des femmes micro-entrepreneuses est de 600 euros par mois, contre 720 euros pour les hommes, soit un écart de 17 %.

Cet écart s’explique en partie par une répartition sectorielle différente (les femmes étant plus présentes dans des secteurs à revenus faibles), mais aussi par un moindre volume d’activité déclaré : les femmes travaillent en moyenne moins d’heures par semaine que les hommes (37,6 heures contre 45,7 heures).

Toutefois, ce revenu moyen n’est pas vraiment significatif, puisqu’il cache des écarts extrêmement importants. Les auto-entrepreneurs, femmes ou hommes, qui « exploitent » au maximum les seuils autorisés de chiffre d’affaires et qui exercent à temps plein sous ce statut, peuvent atteindre 3 ou 4000 euros de revenus mensuels, voire davantage.

> Des trajectoires variées : tremplin, transition ou diversification

Le profil des jeunes et des femmes micro-entrepreneurs est loin d’être uniforme. L’Insee distingue plusieurs logiques :

- Activité d’appoint : pour 3 micro-entrepreneurs sur 10, il s’agit d’un complément de revenu à une activité salariée (notamment dans l’enseignement, la santé ou les arts).

- Transition professionnelle : beaucoup testent leur projet entrepreneurial avant de l’étendre à plein temps.

- Prolongement d’activité : certains, notamment les retraités ou les mères de famille, choisissent ce statut pour rester actifs à leur rythme.

La souplesse du régime permet à chacun de construire une trajectoire adaptée. Toutefois, le passage à une activité principale nécessite souvent de repenser son modèle économique, une démarche qui peut s’avérer complexe sans accompagnement.

> Le rôle clé de l’accompagnement

Pour ces nouveaux profils, les enjeux sont multiples : équilibrer vie personnelle et professionnelle certes, mais également sécuriser leur protection sociale, planifier leur trésorerie, se former aux bases de la gestion et anticiper l’évolution de leur activité. Après quelques mois ou quelques années d’activité, ils auront tout intérêt à faire appel à un conseil d’entreprise pour diagnostiquer leur activité, leur rentabilité, et définir une stratégie pour l’avenir.

Enfin une étude détaillée officielle pour une catégorie qui regroupe tellement de cas dissemblables. Malgré tout, le visage de l’auto-entrepreneuriat d’origine change. Plus jeune, plus féminin, plus pluriel, il reflète l’évolution des aspirations professionnelles en France. Le statut de micro-entrepreneur est un tremplin, ou un complément, mais quand c’est un galop d’essai, les auto-entrepreneurs doivent veiller à identifier le moment le plus propice pour basculer vers un statut plus ambitieux.

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Expert-comptable et commissaire aux comptes, diplômé de l’ESC Poitiers. Actuellement et depuis plus de 25 ans, il dirige les sociétés d’audit et de conseil FIMECOR Walter Allinial et FIMECO Walter France, membres du réseau Walter France dont il est vice-président en charge des grands comptes et des partenariats.Il effectue des missions pour le compte d’entrepreneurs, qu’ils soient chefs d’entreprises ou directeur de BU dans des grands groupes internationaux et de leurs filiales. Spécialisé en reprise d’entreprises depuis plus de 20 ans, il mène environ 30 à 40 missions d’audits d’acquisition ou d’évaluation par an, sur toute taille d’entreprise pour le compte de groupes en stratégie de croissance ou d’anciens cadres souhaitant devenir chefs d’entreprises, dispose d’une chronique dans la newsletter « L’Entreprise » sur la reprise d’entreprise, « coache » plusieurs dizaines de repreneurs et participe aux formations sur la reprise d’entreprises au CRA, à HEC entrepreneur, à la CCIP ainsi qu’à l’exécutive MBA d’HEC. Il dirige également des missions de restructurations administratives, financières, ou organisationnelles.

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