Les marchés ont débuté l’année avec optimisme, portés par une croissance économique stable, des surprises positives sur les bénéfices des entreprises et l’espoir de baisses imminentes des taux directeurs. Cet optimisme a toutefois été mis à l’épreuve en mars et avril, lorsqu’une forte hausse des droits de douane américains a déclenché la plus forte correction boursière mondiale depuis la pandémie.
Quelles sont les stratégies d’investissement à privilégier au deuxième semestre ?

Le S&P 500 a chuté brutalement, la volatilité a bondi, et le dollar s’est affaibli, poussant les investisseurs à s’interroger sur le rôle traditionnel des États-Unis. La panique a cependant été de courte durée : un gel partiel des hausses des droits de douane et des résultats solides des leaders de l’IA ont permis aux marchés actions de récupérer leurs pertes. La plupart des grands indices évoluent désormais à des niveaux proches de leurs sommets. Néanmoins, l’incertitude politique et géopolitique reste élevée. La notion d' exceptionnalisme américain est remise en question. Si les actions mondiales sont en hausse depuis le début de l’année, les marchés américains ont sous-performé le reste du monde, le dollar s’est affaibli, tandis que les taux longs américains restent élevés.
Comment naviguer à l’approche du deuxième semestre ? Nous identifions cinq forces majeures qui devraient façonner l’environnement au second semestre 2025.
Une meilleure visibilité sur la politique commerciale et budgétaire américaine. L’incertitude autour de la politique commerciale américaine dominera probablement le début du second semestre, avec la fin de la pause sur certains droits de douane le 9 juillet et des audiences sur l’IEEPA (International Emergency Economic Powers Act, la loi américaine qui accorde au Président des pouvoirs étendus pour réglementer le commerce international en réponse à des situations d’urgence nationale) prévues fin juillet. Nous anticipons que le taux effectif des droits de douane américains se stabilisera autour de 15 % (contre environ 3 % l’an dernier), avec un taux plus élevé de 30 à 40 % sur la Chine. Cela devrait freiner la croissance américaine et augmenter l’inflation, sans toutefois provoquer de récession.
Sur le plan budgétaire, le Sénat devrait adopter la loi One Big Beautiful Bill Act , prolongeant les baisses d’impôts de 2017, augmentant les déductions fiscales locales, les dépenses de défense et réduisant certaines dépenses de santé. Nous prévoyons un déficit fédéral américain autour de 6 % du PIB en 2025, 5,5 % en 2026 et 5 % en 2027. Ces déficits persistants pourraient inquiéter les marchés, mais ne devraient pas déclencher de vente massive sur les obligations, compte tenu de la crédibilité de la Fed, du statut de réserve du dollar et de la profondeur du marché obligataire américain.
Persistance du risque géopolitique. Les chocs géopolitiques sont devenus la norme. Le rôle international des États-Unis évolue, et les avancées technologiques favorisent l’entrée dans les conflits. Les conflits en cours (Israël-Iran, Russie-Ukraine) restent imprévisibles. Notre scénario central n’anticipe pas d’escalade majeure, mais il est essentiel de rester vigilant et de couvrir les risques extrêmes.
Poursuite de la baisse des rendements obligataires et des taux d’intérêt.
Les banques centrales baissent leurs taux, mais la Fed reste prudente pour l’instant. La Banque centrale européenne (BCE), la Banque nationale suisse (BNS) et la Banque d’Angleterre (BoE) ont déjà abaissé leurs taux en 2025. Nous attendons au moins une nouvelle baisse de la BCE et de la BoE. Aux États-Unis, nous prévoyons une baisse cumulative de 100 points de base des taux directeurs sur les douze prochains mois, probablement à partir de septembre, dans un contexte de ralentissement de la croissance économique. Nous anticipons une baisse des rendements à 10 ans à l’échelle mondiale d’ici la fin de l’année, portée par le ralentissement de la croissance, la baisse de l’inflation et l’assouplissement monétaire.
Prolongation de la faiblesse du dollar. Le dollar américain s’est déprécié d’environ 5 % en termes effectifs au premier semestre 2025. Nous anticipons une baisse supplémentaire limitée d’ici la fin de l’année, avec un objectif EURUSD à 1,16. Sur 12 mois et au-delà, la faiblesse du dollar devrait persister, en raison d’une croissance américaine plus lente, de taux plus bas et d’une remise en cause de son rôle central dans les portefeuilles mondiaux.
Confirmation des tendances de croissance à long terme. Malgré un environnement marqué par la volatilité et l’incertitude, les grandes tendances structurelles — intelligence artificielle (IA), énergie et ressources, longévité — ont démontré une résilience remarquable et ont continué de surperformer les indices boursiers traditionnels au premier semestre. Nous anticipons que ces thématiques resteront des moteurs majeurs de performance pour les marchés mondiaux au second semestre 2025 et au-delà.
Quelles sont donc les stratégies d’investissement à privilégier ?
À la suite d’une progression marquée des marchés, nous anticipons des gains limités sur les principaux indices actions mondiaux d’ici la fin de l’année. En revanche, nous estimons que le potentiel de performance sera significativement plus élevé à partir de 2026 et au-delà. Les actions américaines et émergentes devraient surperformer l’Europe. Il faut privilégier la technologie et la santé aux États-Unis ; et en Europe, privilégier les valeurs de qualité et les dividendes distribués par les sociétés suisses. Nous continuons de surpondérer les thèmes de l’IA, l’énergie et les ressources, et la longévité.
Dans un contexte de baisse des taux monétaires, il convient de privilégier les obligations de qualité investment grade. Il est également recommandé de couvrir le risque de change, de diversifier l’exposition vers d’autres grandes devises, et d’envisager des investissements en obligations libellées en euros ou via des parts couvertes.
L’or demeure une couverture pertinente face aux risques de marché. Il convient de maintenir une exposition aux stratégies de préservation du capital ainsi qu’aux solutions d’investissement alternatives. Par ailleurs, il est recommandé d’accroître l’allocation aux hedge funds, au crédit privé, aux opérations de capital-investissement axées sur la création de valeur, ainsi qu’à l’immobilier global de qualité, afin de renforcer la résilience et la diversification du portefeuille.