Stellantis acte la fin des moteurs thermiques à Douvrin… et ferme une usine

À Douvrin, une page se tourne. Stellantis prépare un bouleversement industriel majeur, laissant derrière lui un demi-siècle d’histoire mécanique.

Ade Costume Droit
By Adélaïde Motte Published on 25 juillet 2025 15h18
Stellantis Fin Moteurs Thermiques Douvrin
Stellantis acte la fin des moteurs thermiques à Douvrin… et ferme une usine - © Economie Matin
700700 salariés sont concernés par la cessation de constriction des moteurs thermiques à Douvrin

Une décision annoncée : la fin des moteurs thermiques

Le 24 juillet 2025, lors d’un comité social et économique extraordinaire, le constructeur automobile Stellantis a confirmé qu’il allait cesser la production de moteurs thermiques dans son usine historique de Douvrin (Pas-de-Calais). L’arrêt du moteur DV diesel est prévu pour le 1er novembre 2025, tandis que le moteur EB essence cessera également d’être fabriqué dans un second temps, sans date annoncée.

Fondée en 1969 sous le nom de Française de Mécanique par Peugeot et Renault, cette usine a produit plus de 40 millions de moteurs. Elle a notamment assemblé le célèbre V6 PRV (Peugeot-Renault-Volvo) dans les années 1970 et 1980. Le site symbolise à lui seul une époque aujourd’hui révolue, celle du moteur à combustion interne, que Stellantis s’apprête à abandonner.

Pourquoi Stellantis abandonne-t-il la production à Douvrin ?

L’arrêt de la production thermique à Douvrin s’inscrit dans une stratégie globale de transition vers l’électrification. Stellantis est actionnaire principal d’ACC (Automotive Cells Company), entreprise spécialisée dans la fabrication de batteries. Cette dernière a construit sa première gigafactory à proximité immédiate du site historique de Douvrin.

« La production locale de moteurs thermiques va progressivement s’arrêter pour favoriser les transferts vers d’autres activités », a déclaré un porte-parole de Stellantis à l’AFP. Le constructeur affirme vouloir « offrir un poste à tout le monde dans le groupe », en assurant des reclassements internes notamment vers Valenciennes et Hordain.

Les conséquences sociales : inquiétudes et reclassements partiels

Sur les environ 700 salariés initialement concernés par le changement de stratégie, 330 employés ont déjà été transférés vers la gigafactory d’ACC. Il reste toutefois environ 350 personnes à reclasser. La direction assure que « des postes seront proposés à tous », mais les syndicats jugent le dispositif insuffisant.

Les représentants syndicaux estiment que l'entreprise doit aller plus loin. La CFE-CGC réclame un "accompagnement exemplaire et renforcé", dénonçant un manque d’anticipation et de garanties pour les salariés les plus fragiles.

La CGT, de son côté, redoute que ce redéploiement ne dissimule en réalité un plan de suppression d’emplois déguisé. Aucun plan social officiel n’a encore été annoncé, mais la fermeture du site de Douvrin est prévue courant 2026.

Le pari industriel de Stellantis : l’électrique sinon rien

Avec l’arrêt de la production thermique, Stellantis confirme un virage stratégique majeur. L’investissement dans l’électrification n’est pas anodin : la gigafactory ACC représente une alternative directe pour absorber une partie de l’effectif. Le constructeur affirme vouloir miser sur la relocalisation de la production de batteries en France, dans un contexte de concurrence mondiale croissante.

Mais cette transition n’est pas sans obstacle. La montée en puissance d’ACC est encore lente. Les embauches ne compensent pas encore les suppressions indirectes liées à l’arrêt des moteurs thermiques. De plus, certains profils techniques ne sont pas facilement transférables d’un univers industriel à un autre.

Une région marquée par la désindustrialisation

La fermeture de Douvrin pose une nouvelle fois la question de l’avenir industriel du Pas-de-Calais. Dans cette région déjà fragilisée par plusieurs restructurations (secteurs de l’énergie, de la sidérurgie ou de l’automobile), le choc est symbolique.

L’usine de Douvrin n’était pas seulement un site de production : c’était un pilier économique régional. Sa disparition annoncée soulève des préoccupations sur l’emploi indirect, notamment dans la sous-traitance locale. Une cellule de reclassement externe pourrait être mise en place, mais aucun dispositif officiel n’a encore été acté par l’État.

Un modèle de transition sociale encore incertain

Stellantis joue une carte délicate : convaincre qu’il est possible de reconstruire un modèle industriel viable tout en respectant ses engagements sociaux. La promesse de reconversions internes suffit-elle à éteindre les inquiétudes des salariés ?

À Douvrin, l’histoire industrielle se termine, mais l’avenir reste en suspens. Le passage du thermique à l’électrique sera jugé à l’aune de sa capacité à maintenir un tissu industriel solide, durable et humainement acceptable.

Ade Costume Droit

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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