Un nom connu de tous, une dette colossale, et un scénario qui se joue en coulisses : SFR n’est plus seulement un opérateur télécom, mais le pion central d’une restructuration financière à haut risque.
Que va-t-il arriver à SFR ? Découvrez la stratégie de son patron
SFR, le célèbre opérateur mobile et fournisseur d’accès à Internet, traverse une zone de turbulence inédite. Sa maison mère, le groupe Altice, fondé par Patrick Drahi, est embourbée dans une restructuration complexe de sa dette. En toile de fond, des milliards d’euros en jeu, des procédures judiciaires, et un quotidien incertain pour des millions de clients français.
Que pourrait-il se passer pour les clients SFR ?
Derrière les chiffres et les opérations financières se cachent des réalités bien concrètes pour le grand public. Car si SFR est impactée par les décisions du groupe Altice, ses 19 millions de clients en France pourraient l’être aussi. Pour l’heure, aucun changement n’est visible : les forfaits, les box et les services continuent de fonctionner normalement. Mais plusieurs scénarios inquiétants émergent.
D'abord, en cas d’échec du plan de restructuration, une revente de SFR pourrait redevenir d’actualité. Une cession ou un démantèlement poserait alors la question de la continuité des services et des prix pratiqués. Ensuite, une réduction des investissements réseau est à craindre. Or, SFR a récemment perdu des parts de marché face à Orange et Free : toute stagnation dans la couverture 5G ou la fibre serait synonyme de désavantage concurrentiel pour ses abonnés.
Enfin, le pire scénario – un plan social massif – n’est plus exclu. Plusieurs syndicats redoutent la suppression de milliers de postes. Une réduction d’effectifs pourrait nuire au service client, déjà mis à mal ces dernières années.
Pourquoi SFR est au centre d’un chaos financier
Tout part d’un chiffre vertigineux : 60 milliards d’euros. C’est le montant de la dette accumulée par le groupe Altice. Dans cette équation, SFR représente l’actif le plus solide et le plus stratégique du groupe. Et donc l’ultime levier de négociation avec les créanciers.
Patrick Drahi a tenté, depuis février 2025, de renégocier une partie de cette dette colossale. Un compromis a été trouvé : 8,6 milliards d’euros de dette effacés contre 45 % du capital d’Altice France remis aux créanciers. Mais ce “deal” ne règle pas tout. Il reste soumis à l’approbation de la justice.
Autrement dit : si le plan échoue, Altice pourrait perdre le contrôle de SFR, voire devoir la céder dans l’urgence. Une procédure de sauvegarde accélérée a été lancée pour tenter d’endiguer l’effondrement du groupe. Dans ce dispositif, les actifs doivent être protégés, mais les créanciers veulent des garanties. Et ils ont mis SFR en haut de leur liste.
Une procédure judiciaire à haut risque : le verdict du 4 août
Le nerf de la guerre est désormais juridique. La justice française doit se prononcer le 4 août 2025 sur la validité du plan. En jeu : l'exclusion ou non de certaines entités du périmètre de restructuration, dont SFR.
Si le tribunal rejette l’exclusion de SFR, tout le montage financier imaginé par Drahi pourrait s’effondrer. Cela contraindrait Altice à négocier à nouveau avec des créanciers renforcés… ou à déclarer un défaut de paiement. SFR deviendrait alors une proie facile, et sa survie sous sa forme actuelle ne serait plus garantie.
Patrick Drahi, un contrôle sous tension
Depuis des mois, le fondateur d’Altice orchestre une restructuration inspirée des pratiques anglo-saxonnes. Ce “tour de force” vise à préserver son emprise sur l’opérateur tout en réduisant la dette. En apparence, Patrick Drahi garde le contrôle : les créanciers n’ont pas obtenu de sièges au conseil d’administration.
Mais le vernis craque. Des enquêtes judiciaires pour corruption aggravent la défiance à son égard. Et les salariés, eux, ne voient rien venir, si ce n’est la menace d’une dégradation brutale de leur quotidien.
Patrick Drahi mise sur le fait que les créanciers préféreront céder du terrain plutôt que précipiter une faillite. Mais le pari reste incertain. En attendant, les clients SFR, les salariés et les investisseurs restent dans l’expectative. La survie du groupe Altice dépend désormais d’un verdict de justice. Et avec elle, l’avenir de l’un des piliers des télécoms français.