La Russie voit la France comme son principal adversaire en Europe, alerte le chef d’état-major des armées

Il n’a pas cherché à dramatiser. Mais il n’a pas non plus cherché à rassurer. À deux jours d’un discours annoncé comme important d’Emmanuel Macron sur la défense, le général Burkhard a dressé un tableau clair des menaces qui pèsent sur le pays. Et dans ce tableau, la Russie occupe une place centrale.

La France, premier adversaire européen désigné par la Russie

C’est l’une des phrases fortes de cette prise de parole : « La Russie a désigné la France comme son premier adversaire en Europe », a déclaré Thierry Burkhard. Il explique que cette affirmation vient directement de Vladimir Poutine.
Le chef d’état-major précise toutefois que cela ne signifie pas une attaque imminente. Mais il met en garde contre une Russie « puissance nucléaire et conventionnelle » dotée d’un pouvoir très centralisé, avec « un conditionnement de la population » dès le plus jeune âge. Selon lui, la Russie représente une menace « durable, proche et dimensionnante » pour l’Europe.

La Russie ne mène pas une guerre frontale, mais agit sur plusieurs fronts invisibles à l'apparence. Le général Burkhard parle de guerre « hybride » : campagnes de désinformation, attaques informatiques, brouillages de satellites, intrusions sous-marines.
Des sous-marins russes ont en effet été repérés en Atlantique Nord et parfois en Méditerranée, à proximité de zones sensibles. Dans les airs aussi, les confrontations se multiplient avec des avions russes, y compris « au-dessus de la Syrie » ou « en mer Noire ».
La désinformation est aussi citée comme un outil clé pour déstabiliser l’opinion publique. Le général évoque des actions visant à semer la confusion et à affaiblir la cohésion nationale, sans pouvoir toujours en identifier précisément les auteurs.

Terrorisme, climat, économie : une France sous pression

Au-delà de la Russie, le général a rappelé que la France fait face à d’autres menaces. Le terrorisme n’a pas disparu, même si les services de renseignement ont progressé : « Il y a une vraie menace et elle est traitée », dit-il.
L’espionnage économique est également une réalité, notamment de la part de pays comme la Chine ou l’Iran. Et le réchauffement climatique est vu comme un facteur aggravant, capable de provoquer des crises ou d’en amplifier d’autres : cyclones, incendies, inondations… autant d’événements qui mobilisent les ressources de l’État.
Même Internet est concerné. La grande majorité des communications passent par des câbles sous-marins, parfois ciblés par des actions de sabotage.

Cette conférence de presse est aussi un message politique. Thierry Burkhard veut alerter, sans alarmer. Il parle d’« accoutumance à la violence » et de la nécessité de rester lucide. Pour lui, il faut « se préparer à gérer le monde tel qu’il est aujourd’hui », sans attendre un retour à la normale qui pourrait ne jamais arriver.
La France a déjà renforcé ses moyens militaires depuis 2017 avec deux lois de programmation. Mais le général prévient : même avec une armée dite « complète », les moyens restent limités face à la multiplication des crises.
Il le dit clairement : « La guerre est déjà là en Europe ». Et même si la France n’est pas menacée d’une attaque directe, elle n’est pas épargnée pour autant.