Un avertissement inattendu secoue les marchés : la Russie, longtemps portée par ses dépenses militaires, frôle la récession économie.
La Russie va-t-elle entrer en récession et perdre la guerre ?
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Last modified on 20 juin 2025 17h12
10 %En Russie, l’inflation est proche de 10 %
Le 19 juin 2025, lors du Forum économique international de Saint‑Pétersbourg, le ministre russe du Développement économique, Maxim Reshetnikov, déclare que la Russie est « sur le point de tomber en récession » du point de vue des indicateurs et du climat entrepreneurial. Ce constat inattendu ouvre une série d’interrogations sur les causes, les conséquences et le comparatif avec des économies européennes comme la France.
La récession économie expliquée : mécanismes et seuils
Le terme récession se caractérise par deux trimestres consécutifs de contraction du PIB. En France, le pays n’affiche pas de tels épisodes depuis plusieurs années, bénéficiant d’une croissance modérée et d’un environnement à taux bas. En revanche, la Russie, avec son modèle économique centralisé autour des hydrocarbures, se trouve exposée à des chocs externes et internes plus brusques.
En effet, l’économie de la Russie est très dépendante du gaz et du pétrole. Quand les prix de l’énergie baissent ou que les exportations sont bloquées, cela frappe directement les finances du pays. Contrairement à des pays comme la France, l’économie russe est peu diversifiée : elle produit peu de biens ou services en dehors de l’énergie.
Cette dépendance rend le pays fragile face aux crises. Enfin, comme l’État contrôle une grande partie de l’économie, il est plus difficile pour les entreprises de s’adapter rapidement. Depuis la guerre en Ukraine, beaucoup d’investisseurs étrangers sont partis, ce qui aggrave encore la situation.
Pourquoi la Russie risque-t-elle la récession ?
La Banque centrale russe vient d’abaisser son taux directeur de 21 % à 20 %, la première réduction depuis 2022. Malgré cela, l’inflation reste proche de 10 %, bien au‑dessus de l’objectif officiel de 4 %. Le ministre Reshetnikov évoque un « refroidissement » de l’activité, non seulement visible dans les données historiques, mais également ressenti dans le secteur privé.
Les sanctions généralisées depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022 pèsent lourdement. Les investissements directs étrangers (IDE) ont chuté de 62,8 % en 2024, pour s’établir à 3,35 milliards USD, et la valeur totale des IDE a presque été réduite de moitié. Les entreprises étrangères se retirent ou réduisent leurs activités à l’instar de PepsiCo, Nestlé et Mondelez.
Quelles conséquences pour la Russie et la France ?
Pour les consommateurs français, les répercussions potentielles de la situation russe sont multiples. D’une part, les tensions sur les prix de l’énergie pourraient se raviver. La Russie étant un acteur central sur les marchés mondiaux du pétrole et du gaz, tout ralentissement de sa production ou de ses exportations risque de provoquer une flambée des cours, impactant directement les factures des ménages européens.
D’autre part, des perturbations pourraient affecter les chaînes d’approvisionnement dans des secteurs clés comme l’automobile, l’agroalimentaire ou la chimie, en raison d'une baisse des exportations russes ou de l’instabilité des relations commerciales. Enfin, une dégradation économique majeure du côté russe pourrait nourrir un climat géopolitique encore plus tendu, avec des conséquences sur la stabilité stratégique du continent et des répercussions commerciales supplémentaires.
Pour la Russie, l’entrée en récession signifierait une baisse durable des investissements, une détérioration des capacités industrielles, un chômage structurel aggravé et une pression croissante sur les finances publiques, déjà fortement sollicitées par les dépenses militaires. La perspective d’un recul économique durable pourrait fragiliser davantage les équilibres internes du pays, accentuant les divergences sociales et territoriales. Du côté français, les conséquences se traduisent d’abord par une incertitude accrue sur les marchés de l’énergie, pouvant se répercuter sur les prix à la consommation. À cela s’ajoutent des pressions inflationnistes indirectes alimentées par la hausse des coûts logistiques et des matières premières, ainsi qu’un environnement géopolitique instable susceptible d’influer sur les décisions d’investissement et de politique économique.
Le constat est clair : la Russie se trouve au bord de la récession économique, un phénomène inédit depuis plusieurs années. Le gouvernement de Moscou doit agir, avec des mécanismes de soutien et un plan de désescalade, pour éviter un effondrement.