Jour du dépassement : 2025, record de vitesse d’épuisement de ressources

L’année 2025 marque une nouvelle détérioration de notre rapport aux ressources planétaires. Le jour du dépassement mondial tombe désormais le 24 juillet, une date jamais atteinte depuis 2012. Ce seuil symbolique, fixé par le Global Footprint Network, signale le moment de l’année à partir duquel l’humanité a consommé plus de ressources naturelles que la Terre ne peut en régénérer en douze mois. En d’autres termes, nous vivons à crédit écologique dès le 25 juillet.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 22 juillet 2025 10h04
Réchauffement climatique : l’année 2024 marque le début de la fin de la Terre
Réchauffement climatique : l’année 2024 marque le début de la fin de la Terre - © Economie Matin
5%Il faudrait réduire les émissions de CO2 de 5% par an pour atteindre les objectifs climatiques.

Jour du dépassement : un indicateur de notre dérive écologique et de notre surconsommation

Le jour du dépassement est calculé selon un rapport entre deux paramètres fondamentaux : l’empreinte écologique (la consommation mondiale en ressources renouvelables) et la biocapacité de la planète (la capacité des écosystèmes à se régénérer). Plus ce jour arrive tôt dans l’année, plus la pression sur les écosystèmes est élevée. À titre de comparaison, en 1970, ce seuil tombait encore le 29 décembre. Aujourd’hui, il a reculé de plus de cinq mois.

Les années 2020 avaient laissé entrevoir un léger répit. La crise sanitaire mondiale de la Covid-19 avait drastiquement réduit l’activité économique, provoquant un recul inédit du jour du dépassement : le 22 août 2020. Mais cette parenthèse fut de courte durée. Depuis, la trajectoire a repris sa courbe.

Comparatif des cinq dernières années : un jour du dépassement qui tombe toujours plus tôt

L’évolution récente du jour du dépassement mondial est sans équivoque :

  • 2019 : 29 juillet
  • 2020 : 22 août (contexte de confinement mondial)
  • 2021 : 29 juillet
  • 2022 : 28 juillet
  • 2023 : 2 août
  • 2024 : 1er août
  • 2025 : 24 juillet

L’année 2025 fait avancer cette limite d’une semaine par rapport à 2024, et de cinq jours par rapport à 2019, avant même que les effets de la pandémie n’interrompent temporairement le rythme de la surconsommation mondiale.

Épuisement des ressources naturelles : des causes systémiques connues mais non corrigées

Selon les analyses conjointes de l’ADEME et du Global Footprint Network, la cause principale reste une consommation soutenue de ressources naturelles, énergétiques et alimentaires, combinée à des modes de production toujours trop extractifs. Le modèle économique dominant demeure linéaire : produire, consommer, jeter. Pourtant, l’urgence impose une transition vers une économie circulaire, une gestion raisonnée des flux de matières et une sobriété énergétique systémique. La France, comme d’autres pays industrialisés, a un rôle disproportionné : si toute l’humanité vivait comme les Français, le jour du dépassement surviendrait chaque année dès le 5 mai.

Au rythme actuel, il faudrait 1,7 planète pour satisfaire durablement les besoins de l’humanité. Cette dette écologique chronique s’accompagne de pressions de plus en plus visibles : perte de biodiversité, déforestation, épuisement des sols, stress hydrique, instabilité climatique. Ces signes convergents traduisent une réalité physique incontournable : les limites planétaires sont dépassées. Comme le souligne l’ADEME : « Limiter l’exploitation des ressources naturelles dépendra en grande partie de notre consommation et des modes de production. »

Le 24 juillet 2025 doit être perçu comme une date d’alerte globale. Plus précoce que les années précédentes, plus grave encore que la situation pré-COVID, elle indique que rien ne s’améliore et qu’au contraire, la situation continue d’empirer malgré les alertes récurrentes.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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