Alors que les rappels de véhicules explosent et que l’inquiétude enfle chez les automobilistes, l’UFC-Que Choisir a décidé de frapper fort. L’association de défense des consommateurs engage une action de groupe inédite contre Stellantis et Citroën. En cause : une gestion chaotique des rappels liés aux airbags Takata, qui expose des millions de conducteurs à de lourds désagréments, voire à des risques mortels.
L’UFC-Que Choisir attaque Stellantis dans le scandale des airbags Takata
Le 22 juillet 2025 marque un tournant décisif dans le bras de fer opposant l’UFC-Que Choisir à Stellantis. L'association française de défense des consommateurs a engagé une action de groupe contre le géant automobile, mettant en cause sa gestion des rappels liés aux airbags Takata. Ce scandale mondial, aux conséquences potentiellement fatales, secoue le secteur depuis plus d’une décennie. En France, les rappels massifs et les injonctions de « stop drive » imposées depuis 2023 ont plongé des milliers d’automobilistes dans l’impasse.
Des airbags défectueux, des véhicules immobilisés... et des solutions insatisfaisantes
Depuis 2023, plus de 1,7 million de véhicules Citroën sont concernés en France par les campagnes de « stop drive » – ces injonctions strictes à ne plus utiliser son véhicule, en raison de l’extrême dangerosité des airbags Takata, susceptibles d’exploser violemment. Un chiffre stupéfiant, et un traumatisme pour de nombreux automobilistes.
Ces rappels, effectués de manière qualifiée de « totalement anarchique » par l'UFC-Que Choisir, ont souvent débouché sur l’immobilisation prolongée des véhicules, parfois pendant plusieurs mois, sans solution de remplacement, ni compensation. Les conducteurs se retrouvent à payer leurs assurances, garer leurs voitures inutilisables, et improviser pour se déplacer.
Une action de groupe inédite contre Stellantis et Citroën
Dans ce contexte, l’UFC-Que Choisir a déposé une assignation auprès du Tribunal judiciaire de Paris, avec une première audience programmée au 15 octobre 2025. L’association demande réparation pour les consommateurs, en s’appuyant sur la nouvelle loi du 30 avril 2025 sur les actions de groupe, renforcée par un décret du 18 juillet 2025.
Voici ce que réclame précisément l’UFC :
-
Une indemnité journalière pour chaque jour d’immobilisation liée aux injonctions de « stop drive ».
-
Le remboursement des cotisations d’assurance durant la période où le véhicule était inutilisable.
-
Le dédommagement des frais de transport alternatif, de remorquage, ou encore de remise en service.
-
Une compensation pour les annulations de séjours touristiques et préjudices moraux liés à l’angoisse de rouler dans un véhicule potentiellement mortel.
Selon l’association, ces mesures de blocage sont la conséquence directe de la négligence de Stellantis dans l’exécution de son devoir de sécurité, ce qui constitue une faute du constructeur, engageant sa responsabilité pécuniaire.
Stellantis silencieux face aux accusations de l'UFC-Que Choisir
Face à cette attaque juridique frontale, Stellantis reste pour l’instant muet. L’entreprise n’a, à ce jour, formulé aucune réponse publique aux exigences de l’UFC-Que Choisir. Ce mutisme est dénoncé par l'association, qui affirme que le constructeur « fait l’autruche », alors qu’il ne peut ignorer les indemnisations qu’il doit verser aux usagers lésés.
Dans son communiqué du 22 juillet 2025, l’UFC-Que Choisir déclare : « Stellantis fait littéralement l’autruche s’agissant des indemnisations qu’elle n’ignore pourtant pas devoir verser à tous les consommateurs lésés. »
Un scandale mondial, une mobilisation française
Le scandale des airbags Takata ne date pas d’hier. Il s’agit d’une affaire mondiale, impliquant plus de 100 millions de véhicules rappelés, avec au moins 60 décès documentés dans 11 pays. En France, 18 morts seraient liés à ces défaillances, selon les données mentionnées par Le Parisien. Aux États-Unis, plusieurs constructeurs ont déjà été contraints à verser 1,5 milliard de dollars d’indemnisations.
En France, l’UFC-Que Choisir réclame depuis longtemps une commission d’enquête parlementaire, en plus de ses actions juridiques. En parallèle, une enquête judiciaire est ouverte pour tromperie aggravée et mise en danger de la vie d’autrui.
Une audience décisive le 15 octobre 2025
L’assignation vise Stellantis, mais aussi Citroën, marque du groupe concernée directement par les véhicules défectueux. La procédure, en cours de signification en France et aux Pays-Bas, pourrait faire date dans l’histoire des recours collectifs en France.
L’association entend aller jusqu’au bout. « L’UFC-Que Choisir se mobilisera jusqu’au bout, avec conviction et détermination », écrit-elle dans son communiqué officiel. L’affaire Takata prend donc une tournure judiciaire majeure en France. Pour Stellantis, l’heure de rendre des comptes semble avoir sonné.