La Chine va construire (de nouveau) le plus gros barrage hydroélectrique du monde

Au cœur de l’Himalaya, un projet titanesque se dessine. Avec une ambition hors norme et des moyens colossaux, Pékin engage la construction d’un barrage hors d’échelle.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 22 juillet 2025 14h27
Le 21 juillet 2025, la Chine a officiellement lancé la construction du barrage de Motuo, en plein plateau tibétain.
Le 21 juillet 2025, la Chine a officiellement lancé la construction du barrage de Motuo, en plein plateau tibétain. - © Economie Matin
165 MILLIARDS $Le projet du barrag Motuo est estimé à 165 milliards de dollars.

Le 21 juillet 2025, la Chine a officiellement lancé la construction du barrage de Motuo, en plein plateau tibétain. Ce chantier, d’un coût vertigineux estimé à 165 milliards de dollars américains (soit environ 151 milliards d’euros), s’inscrit dans une stratégie énergétique d'une ampleur sans précédent.

Un barrage chinois plus puissant que tout le parc nucléaire français

C’est sur les rives du Yarlung Tsangpo, l’un des plus puissants fleuves du plateau himalayen, que la Chine a décidé d’implanter son nouveau mastodonte hydraulique. Baptisé Motuo Hydropower Station, le projet cumule tous les superlatifs : le plus cher jamais lancé par Pékin dans le domaine de l’énergie, le plus vaste en matière d’impact géographique, et surtout, le plus ambitieux en termes de production d’électricité.

Avec une puissance installée annoncée de 60 000 mégawatts soit à peu près la puissance du parc nucléaire français, ce barrage devrait dépasser de très loin le précédent record mondial, détenu jusqu’ici par le barrage des Trois-Gorges (22,5 GW) qui se trouve également en Chine, à Yichang. À terme, l'infrastructure pourra alimenter des dizaines de millions de foyers chinois, consolidant la transition énergétique du pays sans recourir à de nouvelles centrales à charbon, explique BFMTV.

Un chantier au service de la souveraineté énergétique de la Chine

La construction s’inscrit dans une politique d’autonomie énergétique affirmée. Officiellement porté par l'État, le projet est confié à la China Three Gorges Corporation, entreprise publique déjà à l'origine du barrage éponyme sur le Yangtsé. Ce choix confirme la volonté du gouvernement chinois de centraliser le contrôle des infrastructures hydrauliques les plus stratégiques du territoire.

Selon les précisions du quotidien Le Monde, le chantier s’étendra sur quinze années, mobilisant des milliers de travailleurs et un dispositif logistique exceptionnel, en raison de l’altitude et des conditions climatiques extrêmes de la région. « Le barrage de Motuo, sur le fleuve Yarlung Tsangpo, dans la région autonome du Tibet, aura une capacité totale de 60 gigawatts et coûtera environ 165 milliards de dollars ».

Barrage Motuo : un projet sous haute tension géopolitique

Le fleuve Yarlung Tsangpo, qui traverse le Tibet, franchit la frontière avec l’Inde pour devenir le Brahmapoutre, avant de rejoindre le Bangladesh. L’implantation d’un barrage aussi massif sur cette artère fluviale soulève donc de vives inquiétudes en aval.

Dans un article daté du 27 décembre 2024, la BBC soulignait les potentielles répercussions transfrontalières de ce projet hydraulique. L’Inde craint notamment des perturbations majeures du débit fluvial, une gestion unilatérale des crues, et une déstabilisation environnementale dans sa région nord-est, déjà fragile. « Le gouvernement indien n’a pas encore réagi officiellement, mais plusieurs experts évoquent une source potentielle de conflit hydrique à moyen terme ». Si la Chine affirme que le barrage Motuo sera utilisé exclusivement à des fins énergétiques, aucun mécanisme de concertation ou de régulation tripartite n’a été mis en place à ce stade avec ses voisins riverains.

Ce projet illustre la stratégie à long terme de la Chine, qui entend désormais dominer les technologies hydroélectriques comme elle l’a fait avec le solaire et l’éolien. Le barrage Motuo pourrait devenir une vitrine mondiale, à la fois technologique et politique, dans un contexte où la rivalité énergétique s’intensifie à l’échelle globale.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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