Tensions commerciales : la France pousse l’Union européenne à riposter face aux États-Unis

L’Union européenne est de nouveau secouée par les États-Unis. Après l’annonce par l’administration Trump de nouveaux droits de douane massifs visant les exportations européennes, la tension est montée d’un cran. La France, en première ligne, exhorte Bruxelles à riposter sans ménagement en déclenchant l’Instrument anti-coercition, une procédure inédite qui bouleverserait l’équilibre du commerce transatlantique.

Stephanie Haerts
By Stéphanie Haerts Published on 18 juillet 2025 12h30
Tensions commerciales : la France pousse l’Union européenne à riposter face aux États-Unis
Tensions commerciales : la France pousse l’Union européenne à riposter face aux États-Unis - © Economie Matin

L’Union européenne sous pression : entre retenue diplomatique et coup de force

L’annonce de Donald Trump le week-end précédent a été brutale. Dès le 1er août 2025, tous les produits importés d’Europe seront frappés de droits de douane de 30 %. L’Union européenne, prise de court, tente encore de préserver une fenêtre de négociation mais prépare déjà sa contre-attaque. Parmi les mesures envisagées, une taxation ciblée sur les produits américains emblématiques, des avions aux voitures en passant par le bourbon.

Mais Bruxelles ne s’arrête pas là. Selon des diplomates européens interrogés par l’AFP, l’UE envisage de s’attaquer à un domaine bien plus sensible, les services américains, en particulier les géants de la tech et les secteurs financiers. Un diplomate a confié, dans des propos partagés par BFMTV, que l’UE « pourrait riposter par étapes, en commençant par des taxes douanières, puis en s’attaquant aux services », tandis qu’un autre considère qu’« une réponse ferme est inévitable ».

La France en fer de lance : un plaidoyer pour le « bazooka »

À Paris, on a cessé de faire dans la dentelle. Benjamin Haddad, ministre français des Affaires européennes, a été clair dans des propos rapportés par BFMTV : « Dans cette négociation, vous devez faire preuve de force, de force, d’unité et de détermination ». Il n’en faut pas plus pour deviner la stratégie française, pousser à l’usage du plus puissant levier réglementaire européen jamais activé jusqu’ici, le redouté Instrument anti-coercition.

Ce dispositif, surnommé le « bazooka commercial », a été conçu en 2024 pour contrer les pressions politiques ou économiques exercées par des puissances tierces. S’il est activé, il autoriserait Bruxelles à geler l’accès aux marchés publics européens, à bloquer des investissements étrangers ou encore à restreindre l’activité de certaines entreprises étrangères. Mais ce mécanisme, bien que redoutable, demande plusieurs mois avant d’être pleinement opérationnel. La France le sait, et veut en précipiter le déclenchement afin de mettre Washington sous pression.

Cibler la tech américaine, une riposte symbolique et stratégique

Pourquoi viser les services ? Parce que c’est là que les États-Unis enregistrent leur excédent le plus solide avec l’Europe, plus de 100 milliards d’euros. Et parce que c’est un secteur où la vulnérabilité américaine à la régulation européenne est la plus criante. En s’attaquant à la tech, Bruxelles toucherait une corde sensible. Alphabet, Meta, Amazon ou encore Microsoft réalisent une part croissante de leurs revenus en Europe, souvent via des dispositifs fiscaux optimisés.

L’Instrument anti-coercition permettrait à l’Union de suspendre leurs licences, de limiter l’accès aux appels d’offres publics, voire de restreindre les transferts de données. Des mesures susceptibles de provoquer une onde de choc immédiate sur la valorisation boursière des entreprises ciblées.

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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