Le monde de l’entreprise n’a jamais autant valorisé l’efficacité. Certaines firmes parviennent à générer des profits vertigineux avec des effectifs resserrés. Mais qui sont réellement ces géants silencieux qui gagnent plus avec moins ?
Le top 10 des entreprises qui gagnent le plus par salarié

Dans un contexte économique toujours plus orienté vers l'efficience, le critère du bénéfice net par employé (Net Income Per Employee, ou NIPE) s'impose comme un nouveau mètre étalon. Le 9 juillet 2024, BestBrokers.com a publié une étude inédite sur les performances de 235 grandes entreprises mondiales, analysées à partir de leurs rapports financiers annuels 2024 et des valorisations boursières arrêtées au 7 avril 2025. Le verdict est sans appel : certaines sociétés enregistrent des gains nets dépassant deux millions de dollars par salarié.
NVIDIA gagne près de deux millions de dollars par salarié
En tête du classement ? Sans surprise, NVIDIA. Avec un bénéfice net par employé de 2 024 444 dollars (soit environ 1 880 000 euros), le géant des semi-conducteurs creuse l'écart. La firme de Jensen Huang profite d’une demande historique pour ses puces d’intelligence artificielle, dopant à la fois ses marges et sa rentabilité humaine.
Derrière, Altria Group (tabac) affiche 1 812 258 dollars par salarié, suivi de Saudi Aramco (énergie), avec 1 614 401 dollars. Ces trois mastodontes capitalisent sur des modèles très différents – innovation technologique, rente industrielle, monopole énergétique – mais partagent une même recette : un nombre limité d’employés, des marges confortables, et une rationalisation féroce des effectifs.
L'employé roi... ou sacrifié ? Quand l'efficacité masque la tension sociale
Peut-on vraiment parler de performance humaine quand chaque employé génère à lui seul ce qu’une PME réalise en chiffre d’affaires annuel ? La question mérite d’être posée. Car derrière l’apparente efficacité se cache un déséquilibre saisissant.
Le 24 avril 2025, une étude d’ISS-Corporate, citée par Reuters, révélait que la rémunération médiane des PDG américains a bondi de 7,5 % en 2024, atteignant 16,8 millions de dollars, « alors que les actions de leurs entreprises ont surperformé les salaires des travailleurs ». Roy Saliba, directeur de l’étude, expliquait : « Ces chiffres ne correspondent pas à la performance actuelle des entreprises. Les décisions de rémunération ont été prises un an plus tôt, dans un autre climat économique. » Ce contraste entre productivité individuelle et redistribution des richesses souligne un malaise profond : dans nombre de ces entreprises, l’employé contribue plus que jamais aux profits, mais sa part du gâteau reste marginale.
Le top 10 des géants mondiaux par bénéfice par employé
Le top 10 mondial selon l’étude de BestBrokers est dominé par des acteurs de secteurs distincts : technologie, tabac, énergie, mais aussi luxe et banque. Voici les entreprises les plus rentables par salarié :
- NVIDIA – 2 024 444 dollars par employé
- Altria Group – 1 812 258 dollars
- Saudi Aramco – 1 614 401 dollars
- Hermès – 845 955 dollars
- Investor AB (Suède) – 778 406 dollars
- TotalEnergies – 677 738 dollars
- Rio Tinto (Royaume-Uni) – 649 751 dollars
- Ferrari – 644 157 dollars
- Shell – 596 787 dollars
- UniCredit – 586 375 dollars
Notons la présence de trois entreprises françaises (Hermès, TotalEnergies, L’Oréal hors top 10) et d’autant d’européennes (Investor AB, Ferrari, UniCredit). Le Royaume-Uni, pourtant en retrait sur d'autres classements industriels, affiche deux représentants de poids.
L’Europe n’a pas dit son dernier mot : les champions continentaux par salarié
Contrairement aux clichés, l'Europe n’est pas absente du débat sur la rentabilité par employé. Elle y joue même un rôle pivot, notamment grâce à ses fleurons du luxe, de l’énergie et de l’investissement.
Hermès est l’exemple le plus éloquent. Le sellier parisien, avec seulement 19 000 salariés, dépasse bon nombre de groupes dix fois plus peuplés en termes de profitabilité. Une stratégie d’exclusivité, un contrôle de la distribution et une intégration verticale rigoureuse font de chaque salarié un multiplicateur de valeur.
Autre cas d’école : Investor AB, société d’investissement suédoise. Elle affiche une rentabilité par salarié exceptionnelle, notamment grâce à la nature de ses activités – capital-investissement, faible effectif, rendement élevé.
Du côté italien, Ferrari combine volume limité et marges astronomiques. En France, TotalEnergies s’impose comme le poids lourd énergétique le plus performant par salarié, dans un contexte de prix élevés du brut et de désengagement progressif d'actifs complexes.
Enfin, le Royaume-Uni aligne deux géants miniers et pétroliers (Shell et Rio Tinto) où la productivité par tête atteint des sommets, reflet d’une automatisation croissante.