Un bras de fer commercial s’amorce de nouveau entre Bruxelles et Washington. Menaces tarifaires, milliards en jeu, et stratégie de riposte concertée : l’Union européenne affûte ses armes face à une l’offensive américaine sur les droits de douane.
Droits de douane : l’Europe contre-attaque
Le 12 juillet 2025, Donald Trump a confirmé une mesure aussi redoutée qu’attendue : l’imposition de droits de douane de 30 % sur l’ensemble des importations en provenance de l’Union européenne, à compter du 1er août 2025. Dans ce contexte tendu, Bruxelles prépare une réponse offensive.
Donald Trump relance la guerre commerciale avec l’Europe
Le 12 juillet 2025, Donald Trump a adressé une lettre comminatoire à la Commission européenne, selon ZoomInvest, exigeant la suppression d’un ensemble de réglementations environnementales qu’il juge discriminatoires envers les entreprises américaines qui polluent largement plus que les Européennes. À défaut, les États-Unis appliqueront des droits de douane massifs : 30 % sur la quasi-totalité des exportations européennes vers les USA.
Ces mesures, qualifiées de « non négociables » par l’ancien président dans ses récentes allocutions, concernent principalement les automobiles (25 %), les produits sidérurgiques (50 %), ainsi que certains biens de consommation courante (10 %), notamment les cosmétiques et les spiritueux européens.
La Commission européenne, surprise par l’ampleur de cette offensive, a qualifié cette annonce d’« acte unilatéral », rompant l’équilibre fragile issu des compromis passés. La date-limite fixée par le Président américain, le 1er août 2025, ne laisse guère de place aux discussions longues et nécessite, selon Bruxelles, une réponse adaptée.
L’Union européenne prépare une riposte à 93 milliards d’euros
Bruxelles ne compte pas rester passive. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a activé les mécanismes prévus dans le règlement anti-coercition, entré en vigueur lors de la législature précédente. Ce texte, rarement mobilisé, autorise l’Union à prendre des mesures de rétorsion proportionnées, sans attendre un verdict de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
D’après une source interne citée par ZoomInvest, deux volets de riposte sont désormais sur la table :
- Un premier lot de sanctions équivalant à 21 milliards d’euros,
- Suivi d’un second ensemble portant le total à 72 milliards.
Si bien que, selon les dernières estimations consolidées par les services de la Commission, l’ensemble des mesures envisagées représenterait en réalité jusqu’à 93 milliards d’euros de sanctions douanières à l’encontre des Etats-Unis, si tous les secteurs évoqués étaient activés.
Les secteurs visés par cette contre-attaque européenne incluraient, selon 20 Minutes, les produits technologiques américains, le bourbon du Kentucky, les voitures électriques Tesla, ainsi que plusieurs dispositifs médicaux. Les entreprises Google, Amazon, Ford et Johnson & Johnson pourraient ainsi voir leurs exportations vers le marché européen lourdement pénalisées.
Dialogue ou confrontation ? Les divergences entre États membres
Reste que l’unité européenne est mise à rude épreuve. Si la France, le Portugal, le Luxembourg et la Suède s’opposent à toute négociation sectorielle, l’Allemagne et l’Italie plaident pour une stratégie dite « asymétrique » : traiter produit par produit, secteur par secteur, afin d’éviter un effondrement du commerce automobile transatlantique, vital pour leurs économies.
Mais selon Public Sénat, Paris aurait récemment modéré sa position, acceptant de discuter d’un compromis ciblé si cela permettait de préserver les exportations de vin, champagne et cosmétiques, particulièrement exposées aux représailles américaines. De son côté, l’économiste Olivier Blanchard, cité dans ZoomInvest, conseille à l’Union de coordonner sa réponse avec d’autres puissances commerciales comme le Japon, le Brésil ou le Canada, afin de minimiser l’effet de ricochet sur leurs propres économies tout en maximisant l’impact sur les États-Unis.
Le conflit naissant entre les États-Unis et l’Union européenne autour des droits de douane pourrait redessiner les équilibres du commerce mondial. Avec 93 milliards d’euros de représailles possibles, Bruxelles montre les muscles, sans exclure le dialogue. Mais à moins d’un revirement de dernière minute, les consommateurs comme les entreprises des deux rives de l’Atlantique pourraient en subir les premières conséquences dès le mois prochain. Car les droits de douane sont toujours payés par les consommateurs : les entreprises ne feront qu’augmenter leurs prix pour compenser la hausse des taxes.