L’UE sanctionne deux banques chinoises pour leur soutien à la Russie

L’Union européenne a déclenché, le 18 juillet, une salve de sanctions économiques contre la Russie, dans le cadre de son 18e paquet restrictif. Particularité de cette nouvelle vague, pour la première fois, deux banques chinoises figurent sur la liste noire de Bruxelles, accusées d’avoir fourni à Moscou des services de cryptoactifs qui « contrecarrent de manière significative » les dispositifs existants. Ce geste marque un tournant géopolitique majeur dans la stratégie européenne de pression économique contre la Russie.

Stephanie Haerts
By Stéphanie Haerts Published on 23 juillet 2025 20h00
L’UE sanctionne deux banques chinoises pour leur soutien à la Russie
L’UE sanctionne deux banques chinoises pour leur soutien à la Russie - © Economie Matin

La réaction de Pékin n’a pas tardé. Le 23 juillet, le ministre chinois du Commerce Wang Wentao a dénoncé cette mesure lors d’un entretien avec le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic. Selon un communiqué officiel relayé par BFMTV le même jour, Wang a exprimé « des représentations solennelles concernant l’inclusion de deux institutions financières chinoises » dans les sanctions européennes.

Une protestation officielle, un avertissement implicite

Dans son communiqué, le ministère chinois du Commerce estime que ces sanctions « portent gravement atteinte aux liens commerciaux, économiques et financiers » entre la Chine et l’Union européenne. Il promet des contre-mesures visant à « protéger les droits et intérêts légitimes des entreprises et des institutions financières chinoises ».

Ce langage, lourd de conséquences, traduit l’agacement croissant de Pékin face à ce qu’elle considère comme une extension illégitime de la juridiction européenne. En s’attaquant aux banques chinoises, l’Union européenne franchit une ligne rouge diplomatique que Pékin n’entend pas ignorer.

Cryptoactifs : le nouvel échappatoire financier de Moscou

Le recours aux cryptoactifs pour contourner les sanctions est au cœur des préoccupations de l’UE. Les autorités de Bruxelles suspectent plusieurs acteurs financiers, notamment chinois, de permettre aux entités russes d’accéder aux marchés numériques mondiaux, échappant ainsi aux interdictions traditionnelles. Ce mode opératoire s’appuie souvent sur des systèmes alternatifs de messagerie financière, comme le SPFS, le pendant russe de SWIFT, développé par la Banque centrale de Russie.

Dans un communiqué officiel publié le 18 juillet 2025, le Conseil de l’Union européenne explique que ce nouveau train de mesures « abaisse le seuil de sanction pour les prestataires de services cryptoactifs de pays tiers qui mettent en échec les sanctions de l’UE ou soutiennent l’agression militaire russe ».

Vers une fracture commerciale sino-européenne ?

Cette crise intervient dans un contexte de détérioration continue des relations UE-Chine. Le président chinois Xi Jinping a récemment décliné une invitation à Bruxelles, alors que les présidents Antonio Costa et Ursula von der Leyen s’apprêtent à se rendre à Pékin pour une rencontre annoncée mais sans espoir de percée diplomatique. Le différend va bien au-delà du soutien de la Chine à la Russie.

Bruxelles observe avec inquiétude la montée des importations chinoises en Europe. En 2024, le déficit commercial de l’UE vis-à-vis de la Chine a atteint 300 milliards d’euros, selon les chiffres de la Commission européenne. Une dépendance stratégique qui fragilise la capacité de l’Union à durcir son ton sans s’exposer à des mesures de rétorsion.

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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