Le président du Medef, Patrick Martin, a haussé le ton. Dans un entretien accordé au Figaro, il a dénoncé un « immobilisme » dangereux pour la France, pointant la remise en cause d’une politique de l’offre qu’Emmanuel Macron prétend pourtant défendre depuis sept ans. Derrière cette déclaration, un constat inquiétant, la croissance française frôle le néant, pendant que ses voisins européens engrangent les points de PIB. Patrick Martin n’en démord pas, continuer ainsi jusqu’en 2027 serait suicidaire.
Le président du Medef dénonce l’immobilisme économique

Patrick Martin alerte sur les dangers d’une croissance anémiée
Lors de sa prise de parole, Patrick Martin a tenu à préciser qu’il n’adhérait pas à la posture de ceux qui « accablent le président et oublient ce qu’il a fait pour l’économie ». Mais derrière ce préambule diplomatique, le patron du Mouvement des entreprises de France (Medef) a envoyé un signal fort. Il dénonce dans Le Figaro une économie en « état de léthargie », révélant qu’« 84 % de nos adhérents sont inquiets ou pessimistes pour l’avenir, ce qui n’était pas arrivé depuis le Covid ».
Comment un tissu entrepreneurial peut-il fonctionner quand une majorité écrasante de ses acteurs a perdu confiance dans l’avenir ? Pire encore, la croissance du pays s’élève à un famélique 0,1 % au premier trimestre 2025. Pour Martin, c’est une farce tragique : « Comment se satisfaire, comme certains, d’une croissance de 0,1 % au premier trimestre ? ».
Politique de l’offre : un pilier économique fragilisé par l’inaction
Alors qu’Emmanuel Macron continue de défendre la politique de l’offre initiée en 2017, Patrick Martin affirme que cette stratégie est désormais « remise en cause » dans les faits. Son mot d’ordre est limpide dans des propos rapportés par Le Figaro : « Nous demandons, instamment, qu’elle soit relancée ». Mais relancer quoi exactement ? Les baisses de charges ? Les simplifications administratives ? Les incitations fiscales à l’investissement ?
Toutes ces dynamiques, jadis au cœur du quinquennat Macron, semblent aujourd’hui diluées dans une gestion plus électoraliste que structurelle. Le patron du Medef, visiblement à bout de patience, observe que « nous ne sommes malheureusement pas en train de réindustrialiser le pays ». La comparaison européenne qu’il dresse dans le quotidien est frappante. L’Italie et l’Espagne, longtemps reléguées au rang de lanternes rouges économiques, « font mieux que nous en termes de croissance et, comme par hasard, de finances publiques ».
Emmanuel Macron, entre satisfaction présidentielle et colère patronale
La fracture est là. Alors que le chef de l’État défend publiquement ses choix économiques, les représentants des entreprises dénoncent une déconnexion croissante entre les discours et la réalité. Le décalage est d’autant plus criant que le gouvernement continue de vanter la progression des aides aux entreprises, comme le rappelait un communiqué de Matignon fin 2024 affirmant que « le soutien à l’activité économique progressera en 2025 ».
Mais Patrick Martin ne se laisse pas convaincre par cette communication de façade. Pour lui, le pays s’installe dangereusement dans un entre-deux politique, paralysé jusqu’à la prochaine présidentielle de 2027. Dans ce contexte, le Medef tente de reprendre la main. Il multiplie les appels à la responsabilité budgétaire, s’inquiète du creusement de la dette, et fustige les programmes politiques qui remettent en cause les équilibres économiques fondamentaux. « Si le programme de LFI était appliqué, ce serait insupportable pour le pays » déclarait-il déjà en août 2024.