Le 3 juin 2025, la Commission européenne a placé la totalité des 35 compagnies aériennes tanzaniennes sur sa liste noire de sécurité. Motif ? Des « graves lacunes dans la surveillance nationale de l’aviation », selon le rapport officiel de la direction générale des transports de l’Union européenne. Les griefs sont accablants : absence de contrôles suffisants, processus de certification déficients, personnel aéronautique sous-formé… tout y passe.
Toutes les compagnies aériennes de Tanzanie placées sur liste noire par l’Europe

Le commissaire européen aux Transports, Apostolos Tzitzikostas, l’a affirmé dans des propos rapportés par BFMTV : « La sécurité des passagers demeure notre priorité absolue. Suite à une évaluation technique détaillée, la Commission européenne a ajouté tous les transporteurs aériens certifiés en Tanzanie à la liste des transporteurs aériens de sécurité de l’UE en raison de graves lacunes dans la surveillance nationale de l’aviation ».
Aucune de ces compagnies aériennes n’opère de vol à destination de l’Europe. Et pourtant, elles sont indispensables pour rallier les joyaux naturels du pays : Serengeti, Kilimandjaro, Zanzibar, Ngorongoro. Pour des touristes venus du Vieux Continent, ces liaisons intérieures sont incontournables. L’interdiction européenne, bien que géographiquement restreinte, a des répercussions immédiates sur l’ensemble de la chaîne touristique.
La bombe à retardement des assurances et forfaits touristiques
Cette mise sur liste noire n’est pas une simple mesure technique. Elle engendre une véritable insécurité juridique et assurantielle pour les voyageurs européens. Car les contrats d’assurance de voyage, souvent méconnus, comportent des clauses d’exclusion spécifiques. Si un accident survient à bord d’un vol tanzanien désormais inscrit sur la liste noire, aucune couverture ne sera activée. Ni pour les soins, ni pour les retards, ni pour les évacuations. L’enjeu n’est pas théorique : 100 000 Français sont attendus cette année en Tanzanie, selon les données croisées de TourMag et du SETO.
TourMag le résume : « Si la responsabilité de plein droit du professionnel est engagée, l’assureur peut refuser d’intervenir, exposant ainsi l’opérateur à un risque financier important ». Les agences de voyage ont donc l’obligation de réagir vite. Le SETO (Syndicat des entreprises du tour-operating) a déjà alerté ses membres. Son directeur général, Hervé Tilmont, a précisé, dans des propos partagés par L'Écho Touristique : « Les agences de voyages qui ont vendu des forfaits incluant des vols intérieurs doivent informer leurs clients du fait que les compagnies aériennes sont blacklistées ». Même son de cloche du côté des Entreprises du Voyage (EDV), bien que plus silencieuses médiatiquement.
L’Europe ferme les ailes, le gouvernement tanzanien improvise
Pour le gouvernement tanzanien, cette décision est une hécatombe touristique. Car ces sanctions frappent au cœur de la haute saison des safaris. Face au péril économique, des solutions de contournement sont étudiées. Selon AeroTime et FlightGlobal, le régulateur local, la Tanzania Civil Aviation Authority (TCAA), a engagé une procédure de réforme d’urgence. Parmi les pistes évoquées : autoriser des compagnies étrangères à opérer des liaisons domestiques. Les noms de Qatar Airways et Ethiopian Airlines circulent.
Mais au 23 juin 2025, aucune autorisation n’a encore été accordée. Ce bricolage temporaire masque mal une réalité. La Tanzanie a ignoré les avertissements répétés de l’Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) depuis 2023. Elle paie aujourd’hui des années de laxisme et d’opacité administrative.