Le palmarès 2025 des plus grosses fortunes françaises, dévoilé le 10 juillet, redistribue les cartes au sommet du luxe. Un basculement inédit y fait son apparition.
Palmarès 2025 des fortunes : qui domine vraiment le capital français ?
Le magazine Challenges a révélé la trentième édition de son classement des 500 plus grandes fortunes professionnelles de France. Ce palmarès très attendu, devenu un baromètre économique en soi, offre cette année une photographie saisissante des dynamiques du capital français.
Hermès, la nouvelle tête d’affiche des fortunes françaises
La famille Hermès s’impose cette année au sommet du palmarès, reléguant Bernard Arnault à la deuxième place après une domination ininterrompue depuis 2017. Cette montée en puissance est soutenue par la santé exceptionnelle du groupe éponyme, devenu en janvier 2025 la première capitalisation boursière française, atteignant 245 milliards d’euros.
Selon Challenges, les héritiers de Thierry Hermès, qui détiennent encore 66,7 % du capital de l’entreprise, affichent désormais une fortune estimée à 163,4 milliards d’euros, en hausse de 5 % sur un an. « C’est la première fois que les héritiers de Thierry Hermès accèdent à la première marche de notre classement », notent les journalistes Pierre Havez et Damien Pelé (Fortunes professionnelles 2025, Challenges, 10 juillet 2025).
Cette ascension s’explique par la capacité de l’entreprise à conserver un fort pricing power, c’est-à-dire à augmenter ses prix sans perte de clientèle, même dans un climat économique incertain. En 2024, Hermès a enregistré une hausse de 15 % de son chiffre d’affaires, atteignant 15,2 milliards d’euros, et une progression de son résultat net de 6,8 %, selon le Journal du Luxe.
L’effondrement relatif de Bernard Arnault et de LVMH
Bernard Arnault, président de LVMH, subit quant à lui un revers spectaculaire. Sa fortune recule de 38,6 % pour s’établir à 116,7 milliards d’euros, son plus bas niveau depuis 2020. Ce repli est lié à une perte de 30 % de la valeur boursière de LVMH depuis le retour de Donald Trump à la présidence américaine, combinée à une baisse de 17 % du résultat net du groupe, d'après Challenges.
La dépendance au marché international, en particulier aux États-Unis et à la Chine, rend les empires du luxe vulnérables aux nouvelles politiques douanières et à la contraction des marchés asiatiques. Le contexte fiscal français n’arrange rien : « C’est vrai que c’est facile de taper sur 2 000 personnes, ça ne fait pas un grand poids électoral, mais ça m’inquiète car ils risquent de partir et de ne pas revenir », confie à Challenges un banquier privé spécialiste des grandes fortunes.
Le palmarès s’érode : des fortunes sous tension
Au-delà du luxe, le classement 2025 révèle une contraction globale des patrimoines. Pour la première fois depuis dix ans, le montant cumulé des 500 fortunes recensées recule. Les PME et ETI (entreprises de taille intermédiaire) françaises cotées en Bourse ont vu leur valorisation chuter, parfois de moitié, tandis que les start-up naguère en plein essor marquent le pas. Mistral AI, Qonto ou encore Doctolib ne parviennent plus à lever des fonds au même rythme.
Un seul nouveau milliardaire fait son apparition dans ce palmarès : Hassanein Hiridjee, qui dirige la multinationale malgache Axian (immobilier, énergie, télécoms...), à la 124e position. Loin des flambées spéculatives du passé, le palmarès 2025 apparaît plus stable, mais aussi plus fermé.
Un climat sécuritaire et fiscal préoccupant
La publication du classement se fait aussi dans un contexte de méfiance. Challenges rapporte une augmentation significative des demandes de non-publication, notamment à cause de menaces d’enlèvement et de chantage liées aux cryptomonnaies. « Je ne souhaite pas m’exposer dans un contexte insécuritaire », explique un des nouveaux entrants ayant demandé l’anonymat à Challenges.
Le climat fiscal ajoute à la tension. Le rejet au Sénat, en juin, d’un impôt plancher de 2 % sur les patrimoines de plus de 100 millions d’euros, après son adoption en février à l’Assemblée nationale, n’a pas rassuré. « J’aimerais bien savoir combien se sont exilées à l’étranger dans les 100 premières familles industrielles », s’interroge, toujours sur Challenges, un dirigeant d’ETI du nord de la France.