L’étude de l’École de Guerre Économique dévoile les mécanismes d’influence qui ont mené à la loi française interdisant les PFAS et soulève des questions sur l’autonomie des décisions industrielles.
PFAS : l’industrie française menacée par des acteurs extérieurs ?

En février 2025, la France a adopté une loi interdisant les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), une catégorie de produits chimiques largement utilisés dans l'industrie, mais soupçonnés de risques pour la santé et l’environnement. Bien que cette législation soit présentée comme un progrès dans la lutte contre la pollution, une étude publiée fin juin 2025 par l’École de Guerre Économique (EGE) dévoile les dérives informationnelles qui ont facilité son adoption. Selon cette étude, la mise en place de cette loi a été fortement influencée par des acteurs extérieurs, au travers d’une guerre cognitive qui a bouleversé l’agenda législatif français.
Loi anti-PFAS : Une guerre informationnelle pour orienter la décision publique
Le rapport de l’EGE explique en détail les méthodes d'influence utilisées pour imposer cette législation. L'enquête dévoile que la décision législative a été façonnée non pas par des arguments scientifiques, mais par des narratifs militants et des campagnes d’information puissantes qui ont structuré l’opinion publique et modifié le discours public.
L’un des points clés du rapport est l’utilisation de narrations émotionnelles visant à simplifier un problème complexe, comme l’utilisation de l’expression « polluants éternels », qui a contribué à diaboliser les PFAS. Ces démarches ont renforcé la peur sociale autour de ces substances, créant une urgence perçue qui a facilité l’adoption rapide de la loi.
Le rôle du Forever Pollution Project dans la stratégie médiatique
Dans son rapport, l’École de Guerre Économique met en évidence l’implication centrale du Forever Pollution Project, un collectif européen de journalistes qui a joué un rôle important dans la diffusion de l’information sur les PFAS. Ce collectif a produit une carte recensant 23 000 sites contaminés, largement relayée dans les médias français et européens. Le rapport de l’EGE souligne que ce projet a eu un impact direct sur la décision législative, agissant comme une source d’autorité dans le débat public.
Cependant, un aspect fondamental de cette initiative est le financement de cette campagne. Selon l’étude, 47 % du budget du Forever Pollution Project provient du fonds britannique Arcadia, tandis que d’autres financements ont été fournis par la Commission européenne et le gouvernement flamand via la plateforme journalismfund.eu. Cette dimension extérieure a été soulignée par Le Point, qui rapporte la découverte et explique que « le Forever Pollution Project bénéficie donc d’un financement totalement étranger, par la Commission européenne et le gouvernement flamand ».
La question des financements étrangers et de la souveraineté réglementaire
Ainsi, selon l’EGE, a France a adopté sa loi sans attendre les conclusions de l’ECHA (Agence européenne des produits chimiques), ce qui a accentué la précipitation du processus législatif. L’étude pointe l’impact des financements externes et de l’influence médiatique dans cette adoption rapide d’une loi, qui a été prise avant même que les travaux européens ne se stabilisent.
En exposant ces mécanismes, l’étude soulève des questions sur la souveraineté réglementaire de la France, particulièrement dans un contexte où des décisions législatives peuvent être guidées par des campagnes d’influence extérieures, financées par des acteurs qui n’ont pas d’intérêts directs dans la régulation industrielle française. L'EGE dénonce ainsi une dérive de la décision publique, où des décisions majeures sont prises sous pression, et ce, sans une évaluation contradictoire suffisante.
Des conséquences pour l’industrie française
Les conclusions de l’EGE ont des implications directes pour l’industrie. L’étude alerte sur le fait que des politiques publiques peuvent être modifiées par des narratifs externes, ce qui pose la question de la protection des secteurs industriels face à des pressions d’acteurs non nationaux. Si l’adoption de cette loi a été motivée par des préoccupations environnementales, la méthode utilisée pour parvenir à cette décision laisse un précédent inquiétant pour l'avenir de la politique industrielle française.
L’un des défis majeurs pour les industries françaises sera de renforcer leur capacité à résister à ce type de guerre informationnelle, en développant des stratégies de communication plus efficaces et en créant des mécanismes de protection contre l’influence extérieure.