Automobile : les sous-traitants veulent un Nutri-score européen

Dans le secteur automobile, les délocalisations sont courantes chez les géants européens du secteur. Pour lutter contre cette pratique et ramener de la compétitivité, certains sous-traitants militent pour la création d’un Nutri-score automobile, calqué sur celui en vigueur dans l’alimentaire.

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By Cédric Bonnefoy Published on 7 juillet 2025 17h30
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Automobile : les sous-traitants veulent un Nutri-score européen - © Economie Matin
80%Dans le secteur automobile, un nutri-score pourrait bientôt entrer en vigueur.

Bientôt un Nutri-score dans le secteur automobile ?

Il y a quelques jours, lors des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence, l’industrie automobile a vu émerger une proposition inédite : instaurer un Nutri score automobile pour évaluer et imposer un taux minimal de contenu local dans les véhicules vendus en Europe. Dans un contexte de désindustrialisation accélérée et de dépendance accrue aux chaînes d’approvisionnement asiatiques, cette idée, soutenue par le ministre de l’Industrie Marc Ferracci, entend remettre la souveraineté industrielle au cœur des priorités économiques.

L’analogie a de quoi surprendre. Inspirée de l’étiquetage nutritionnel apposé sur les produits alimentaires, cette mesure viserait à quantifier la part de production européenne dans chaque véhicule, avec à la clé des incitations, voire des obligations réglementaires. Christophe Périllat, directeur général de l’équipementier français Valeo, est à l’origine de cette proposition. Selon lui, elle permettrait de protéger l’industrie européenne. Il évoque un écart de compétitivité de 30 % entre les usines chinoises et françaises depuis la crise du Covid.

Ce Nutri score industriel aurait donc un double objectif : informer les consommateurs et conditionner les soutiens publics à un niveau minimal de production locale. L'entourage du ministre précise : « Des soutiens financiers de l’État seraient conditionnés aux usines de batteries qui ont un minimum d’approvisionnement en Europe dans leurs achats. » Une mécanique d’incitation donc, mais sans cadre légal encore défini.

L’industrie automobile face à la Chine : réveil stratégique ou aveu d’impuissance ?

Le constat est implacable. Selon une étude du centre de recherche Gerpisa, la Chine est devenue le premier exportateur mondial de voitures, mais aussi le principal fournisseur de pièces détachées. Les faibles droits de douane sur les composants facilitent les délocalisations, accentuant la désintégration des filières locales.

Le Nutri score apparaît alors comme une tentative de rééquilibrage : « Techniquement, on sait mesurer le pourcentage de contenu local dans une voiture. La nouveauté serait d’en imposer un minimum dans les véhicules vendus en Europe », souligne Christophe Périllat. La Fédération des équipementiers automobiles (FIEV) et l’Allemand Bosch se sont ralliés à cette proposition. Certains fournisseurs, plasturgie, fonderie, carrosserie, plaident même pour un minimum de 80 % de contenu local hors batteries pour les voitures vendues en France. L’objectif est clair : sécuriser l’amont de la chaîne de valeur et relocaliser ce qui peut encore l’être.

Mais derrière la façade consensuelle, la fracture est réelle. Tous les industriels ne sont pas alignés sur cette stratégie volontariste. Michelin, notamment, s’est abstenu de signer l’appel à un Nutri score obligatoire. S’il reconnaît son utilité pour certains appels d’offres, le fabricant de pneumatiques craint que la généralisation de ce dispositif n’entrave l’esprit de la concurrence.

Cedric.bonnefoy

Cédric Bonnefoy est journaliste en local à la radio. À côté, il collabore depuis 2022 avec Économie Matin.

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