Et si la prochaine révolution de l’intelligence artificielle venait de Memphis ? Elon Musk, qui a cofondé OpenAI avant de s’en éloigner, relance la bataille en injectant des moyens colossaux dans xAI, sa propre structure. Une levée de fonds gigantesque, un supercalculateur titanesque, un chatbot au discours décomplexé… L’objectif est clair : reprendre la main face aux géants du secteur. Mais cette ambition suffira-t-elle à convaincre les entreprises ?
IA : Elon Musk relance xAI avec 10 milliards pour doubler OpenAI
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Published on 7 juillet 2025 17h00
2,6 %Avant février 2025, seuls 2,6 % des entreprises utilisaient l’assistant Grok.
Lancé en catimini, xAI tente désormais une percée fracassante dans l’univers de l’IA générative. En levant 10 milliards de dollars, Elon Musk joue son va-tout industriel. Mais Grok, son assistant conversationnel, peine encore à trouver sa place sur les écrans d’entreprise.
Une levée record pour faire exister xAI face à OpenAI
Elon Musk ne veut plus observer de loin. Selon Morgan Stanley, xAI a levé 10 milliards de dollars (environ 9,3 milliards d’euros), répartis à parts égales entre investisseurs privés et financements garantis (prêts et obligations). Une levée colossale, six mois après un premier tour de 6 milliards, qui porte le total à 17 milliards de dollars engagés depuis la création de xAI.
Ce capital va permettre à l’entreprise de renforcer deux chantiers : le développement du supercalculateur Colossus, basé à Memphis, et l’accélération de Grok, son modèle d’intelligence artificielle. Objectif affiché : rattraper, voire surpasser OpenAI (valorisé à 300 milliards de dollars), mais aussi Anthropic (61,5 milliards) et Google DeepMind.
Le cœur stratégique du projet xAI, c’est Colossus, un centre de calcul hébergé dans une ancienne usine Electrolux à Memphis. Déjà équipé de 200 000 GPU (processeurs graphiques) fournis par Nvidia et AMD, il vise désormais le million d’unités, une montée en puissance sans précédent.
Cette infrastructure est destinée à entraîner les futurs modèles Grok. xAI y voit l’un des seuls moyens de rivaliser avec les puissances de calcul d’OpenAI ou Google. « Ce n’est que le début », précise l’entreprise sur son site. Mais cette ambition aura un prix, et xAI devra maintenir des investissements massifs pour rester compétitif.
Des entreprises encore frileuses face à l’image Musk
xAI a sorti en février 2025 la version 3 de Grok, son assistant conversationnel. Intégré au réseau social X (anciennement Twitter), lui-même absorbé par xAI en mars, 2025 Grok V3 se veut radicalement différent. Elon Musk le décrit comme « sans filtre », « capable d’humour » et « à la recherche maximale de vérité ».
Mais cette liberté de ton se retourne parfois contre son créateur. Entre réponses erronées et propos jugés douteux, Grok a suscité de nombreuses polémiques, notamment sur le « génocide blanc » en Afrique du Sud ou la guerre Israël-Iran en juin 2025. Selon Dina Saada, analyste en cybersécurité, « xAI doit prouver sa transparence et sa résilience face aux risques ».
Malgré l’intégration dans Azure de Microsoft et une promotion agressive sur X, Grok ne convainc pas encore les professionnels. Avant février 2025, seuls 2,6 % des entreprises utilisaient l’assistant Grok. Pire, 30 % d’entre elles ont bloqué son accès, selon l’étude menée par Netskope.
En comparaison, ChatGPT domine (79 % d’utilisation) dans les entreprises européennes, suivi par Google Gemini (54 %), GitHub Copilot (41 %) et Claude (31 %). Selon Ray Canzanese, directeur du laboratoire de Netskope, « dans un marché ultra-compétitif, les entreprises vont chercher de la confiance. L’image d’Elon Musk fait un peu peur ».