En Guadeloupe, le spectre des airbags Takata continue de planer, aggravé par l’inertie des automobilistes et la lenteur des remplacements. Mercredi 4 juin 2025, la préfecture a lancé une nouvelle campagne de rappel, dénonçant un chiffre sidérant : « On avait identifié 40.000 voitures qui circulaient encore avec ces airbags sur le territoire, (…) c’est énorme », a déclaré le préfet Xavier Lefort dans des propos rapportés par Le Figaro. Et malgré les rappels successifs, 20.000 véhicules roulent encore aujourd’hui avec ces dispositifs de sécurité défectueux.
Guadeloupe : 20.000 voitures roulent avec des airbags Takata à haut risque
Le problème ? Un gaz propulseur qui vieillit mal, ronge les cartouches d’activation, et transforme les coussins censés sauver des vies en projectiles potentiellement mortels. Sous les tropiques, cette alchimie tourne au drame plus vite qu’ailleurs. Les autorités ont recensé 29 accidents en France, dont 12 décès, le dernier en date survenu fin mars 2025 en Guadeloupe, impliquant un Toyota Hilux. L’airbag n’a pas protégé, il a tué.
Takata en Guadeloupe : une voiture sur dix est dangereuse
Ce n’est plus un rappel, c’est un cri. Un véhicule sur dix sur les routes de Guadeloupe est « potentiellement dangereux », selon la préfecture. L’équipementier japonais Takata, responsable du plus grand scandale industriel de l’histoire automobile récente, continue de faire des victimes longtemps après sa faillite. Le ministère chargé des Transports a indiqué dans un communiqué officiel, daté du 9 janvier 2025 : « De nombreux véhicules construits entre 1998 et 2019 sont équipés d’airbags de la marque Takata pouvant occasionner des blessures graves voire mortelles au conducteur et au passager avant. [...] Les véhicules circulant dans les départements et régions d’outre-mer sont plus exposés à ce risque ».
Les chiffres font frémir, 30 marques concernées, plus de 200 modèles identifiés dans l’archipel. BMW cumule à elle seule 26 modèles à risque, Volkswagen en compte 21. La liste complète, élaborée avec le concours des concessionnaires locaux, a été rendue publique pour faciliter la vérification par les usagers. Un numéro vert a également été mis en place : 0800 700 800.
Pourquoi si peu d’automobilistes réagissent-ils ?
Voilà l’angle mort du scandale. Malgré l’ampleur des dangers, l’appel à l’action reste lettre morte pour une large partie des automobilistes. Manque d’information ? Méfiance ? Habitude ? Le préfet, lui, reste pragmatique : « Il faut faciliter la vérification ainsi que la prise de rendez-vous pour le remplacement », explique la préfecture dans les médias.
Mais certains ne franchissent même pas le pas du garage. Le coût ? Zéro euro. L’opération est rapide, moins d’une demi-journée d’immobilisation, et gratuite. Tous les garagistes de marque sont mobilisés. Pourtant, les voitures à risque continuent de rouler, comme si le risque était hypothétique. Il ne l’est pas.
Une relance judiciaire à Paris pour un scandale mondial
En parallèle, les autorités judiciaires cherchent à regrouper les actions. La Chancellerie a demandé en avril 2025 que toutes les enquêtes sur les accidents liés aux airbags Takata soient transférées à la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Paris. Des enquêtes pour « homicide involontaire » sont en cours, visant les constructeurs et les responsabilités croisées. Takata, démantelée, n’est plus là pour répondre. Mais les véhicules, eux, sont toujours en circulation. Et le danger, toujours au coin de la route.
La campagne en cours, relancée par les autorités, est un dernier rappel à la réalité. Le ministère de la Transition écologique met à disposition un portail dédié (ecologie.gouv.fr/rappel-airbag-takata) permettant à tout propriétaire de vérifier si son véhicule est concerné. En Guadeloupe, les routes serpentent entre plages et montagnes, mais c’est dans l’habitacle que se cache parfois le plus grand danger. Laisser passer un simple contrôle, c’est peut-être signer sa fin. L’histoire de Takata est celle d’un défaut industriel devenu tueur invisible. Il est temps d’en finir.