Gemini sur Android : Google étend l’accès aux données personnelles dès le 7 juillet

L’annonce de l’extension massive de Gemini, l’intelligence artificielle de Google, au sein de l’écosystème Android ne passe pas inaperçue. En ligne de mire, l’accès direct aux SMS, aux emails, aux journaux d’appels et même aux échanges WhatsApp, à partir du 7 juillet 2025. Officiellement, l’argument de Mountain View est limpide, rendre Gemini plus « utile ». Mais à quel prix ? Et surtout, pour qui ?

Stephanie Haerts
By Stéphanie Haerts Published on 1 juillet 2025 16h30
Gemini sur Android : Google étend l’accès à vos données personnelles dès le 7 juillet
Gemini sur Android : Google étend l’accès aux données personnelles dès le 7 juillet - © Economie Matin

Gemini réclame vos données… même si vous dites non

Il fallait s’y attendre. Dans une logique aussi implacable que prévisible, Google a informé ses utilisateurs Android que Gemini sollicitera prochainement l’accès à leurs données de communication personnelles, afin de fournir des réponses « plus pertinentes » et des suggestions « plus directes ». Plus inquiétant encore, cette fonctionnalité sera activée même si l'historique des activités a été désactivé.

Le géant californien ne précise d’ailleurs pas clairement comment refuser cette exploitation. Cette collecte de données débutera le 7 juillet, avec un fonctionnement apparemment autonome de l’état d’activation de l’option « Gemini Apps Activity ». Désactiver une option ne vous protège pas. Une contradiction qui illustre le paradoxe de la « transparence by design » vantée par Google.

Google, derrière l’assistant, la machine à collecter ?

Sous couvert de rendre l’assistant « plus personnel », Google entend transformer Gemini en véritable majordome numérique, capable d’exécuter des tâches, proposer des actions contextuelles ou synthétiser des contenus privés. Mais à aucun moment la firme ne s’engage sur une exécution en local de ces traitements. Les utilisateurs sont priés de faire confiance… les yeux fermés.

Dans les colonnes de Futurism, on peut lire que « ces outils fonctionneront même si l’utilisateur a désactivé l'historique des activités de Gemini », sans qu’aucun mécanisme clair ne soit proposé pour s’y opposer explicitement. Sur Reddit, des utilisateurs ont repéré une option de désactivation dans la section « Apps » de Gemini, mais celle-ci demeure obscure, mal expliquée et enfouie dans les paramètres avancés. Une situation qui évoque davantage un écran de fumée qu’un véritable consentement éclairé.

Le RGPD, dernière ligne de défense ?

Avec un tel dispositif, Gemini s’éloigne dangereusement des exigences du RGPD (Règlement général sur la protection des données) et du Digital Markets Act, deux piliers juridiques de l’Union européenne. Google le sait. C’est pourquoi, pour l’instant, aucun déploiement de cette fonction n’est annoncé sur le Vieux Continent.

Clubic précise : « au regard du RGPD et du Digital Markets Act en vigueur au sein de l'Union européenne, pas sûr en tout cas, que Google tente sa chance sur le Vieux Continent avec cette approche ». Ce qui revient à reconnaître que la manœuvre serait illégale sous nos latitudes. Dans le doute, Google s’en tiendra au marché américain. Pour l’instant.

Un précédent qui en dit long : DeepMind et la collecte sauvage

Le passif de Google n’aide pas à apaiser les craintes. En juin 2025, Futurism révélait que la société avait utilisé son laboratoire DeepMind pour récupérer illégalement des données personnelles sur des sites ayant explicitement refusé le suivi. Plus grave encore, un nouveau procès s’ouvrira en août 2025 aux États-Unis. Motif, collecte de données depuis des téléphones Android et non-Android, y compris lorsque le suivi avait été désactivé. Ce type de contournement délibéré des préférences utilisateurs jette une ombre sur les récentes promesses de « transparence » de Gemini. Et interroge : jusqu’où ira Google dans sa quête de données comportementales pour nourrir son IA ?

Google n’est pas seul dans cette ruée vers les données privées. Du côté de Meta, l’assistant Meta AI est désormais capable de résumer les conversations privées sur Messenger et WhatsApp… mais uniquement pour les utilisateurs américains. Et chez Apple, la prochaine version de Siri s’appuiera également sur les échanges personnels. À une différence près : le traitement serait effectué en local sur l’iPhone. Là où Google multiplie les zones d’ombre, Apple promet l’inverse. Reste à savoir qui tiendra parole. La différence ? Une seule : Apple ne vend pas de publicité. Le modèle économique de Google repose au contraire sur la monétisation de l’attention… et des comportements.

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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