Bijoux fantaisie, vitrines colorées, oreilles percées en deux minutes chrono : derrière l’univers acidulé de Claire’s, une tempête économique couvait. Elle vient d’éclater au grand jour, secouant l’ensemble du secteur.
Claire’s : L’enseigne de bijoux pas chers sous le coup d’un redressement judiciaire

Le 25 juillet 2025, le tribunal de commerce de Paris a prononcé l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire contre Claire’s France, filiale hexagonale de l’enseigne américaine bien connue pour ses accessoires et bijoux à bas prix. Une alerte dans l’univers de la consommation, révélant un modèle fragilisé, une stratégie défaillante et une menace directe sur l’emploi dans la lignée des multiples faillites du monde du prêt-à-porter.
Redressement judiciaire de claire’s : que s’est-il passé ?
Le 25 juillet 2025, le tribunal a placé la société Claire’s France sous le régime du redressement judiciaire, avec six mois de période d’observation. L’objectif : déterminer si l’entreprise peut poursuivre ses activités sous un plan de continuation, ou si elle doit être liquidée. Cette décision découle directement d’une cessation de paiements enregistrée début juillet, selon Le Figaro.
Ce coup d’arrêt formel fait suite à plusieurs mois de difficultés logistiques, notamment des retards d’approvisionnement liés à la maison mère américaine. Selon Les Échos, le groupe états-unien, déjà passé sous le régime du chapitre 11 en 2018, fait face à une dette résiduelle importante. Elle ne parvient plus à soutenir sa filiale française, ni financièrement, ni opérationnellement.
Dans les 253 magasins français, l’effet est immédiat. Les rayons clairsemés, les ruptures de stock répétées et l’érosion du trafic en point de vente ont fait plonger les ventes. D’après TF1 Info, le chiffre d’affaires aurait chuté de plus de 25 % au premier semestre 2025, accentuant la perte de compétitivité.
Claire’s : Une enseigne rentable… mais abandonnée par sa maison mère
Paradoxalement, les comptes 2024 de Claire’s France montraient encore un résultat net positif de 1,3 million d’euros, pour un chiffre d’affaires en recul, mais stable (132 millions d’euros contre 142 l’année précédente). C’est ce qu’a rappelé Véronique Revillod, secrétaire générale de la fédération des services CFDT, citée par Ouest-France : « Claire’s était encore bénéficiaire l’an dernier. »
Une rentabilité qui interroge face à une mise sous protection judiciaire. Pour les syndicats, la défaillance est claire : l’insuffisance de soutien du siège américain aurait provoqué cette descente aux enfers. Claire’s France, bien que rentable, ne disposait plus de l’autonomie nécessaire pour passer la tempête concurrentielle, plombée par des décisions stratégiques centralisées à Chicago.
Emploi : 800 salariés menacés, aucun plan de sauvegarde encore annoncé
Avec 800 postes concernés et 250 points de vente actifs, l’avenir social de l’entreprise est incertain. Selon l’avocat des représentants du personnel, Maître Khaled Meziani, cité par France Info : « Ils disent chercher un repreneur. Mais j’ai bien peur qu’il y ait beaucoup de licenciements. » À ce jour, aucun plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) n’a été officialisé. La direction indique être en quête d’un repreneur, tandis que le tribunal a fixé une échéance à fin décembre 2025 pour valider un plan de continuation viable.
Certaines régions s’alarment : dans plusieurs villes moyennes – en Bretagne, en Provence-Alpes-Côte d’Azur –, Claire’s représente l’un des rares employeurs de centre-ville dans le segment bijoux/prêt-à-porter féminin pour jeunes clientes. Des cellules de crise ont été mises en place localement, selon Le Figaro.
Claire’s piégée par les géants du discount en ligne et un marché saturé
La chaîne, née dans les années 1960 aux États-Unis, avait bâti sa réputation sur le créneau mode rapide et festive pour adolescentes : boucles d’oreilles fluo, sacs licornes, extensions colorées. Pourtant, ce modèle est aujourd’hui mis à mal par la montée en puissance de plateformes comme Shein ou Temu, capables d’aligner des prix inférieurs, une variété infinie et une livraison à domicile. L’enseigne n’a pas su adapter ses collections ni sa stratégie digitale pour contrer cette lame de fond. Claire’s s’est repliée sur son format historique de boutique en galerie commerciale, peu adapté aux nouveaux usages de consommation.
Par ailleurs, selon Les Échos, deux distributeurs français du prêt-à-porter enfant et adolescent se sont rapprochés des administrateurs judiciaires. Aucun n’a cependant officialisé une offre ferme de reprise.
Un futur incertain pour l’enseigne Claire’s : redémarrage ou démantèlement ?
L’avenir de la marque Claire’s dépend désormais de la capacité de l’administrateur judiciaire à trouver une solution de reprise partielle ou totale dans un délai court. Si l’activité ne redémarre pas avant fin 2025, le risque de liquidation judiciaire est réel.
Dans le secteur, la faillite récente de Jennyfer et les restructurations de Pimkie et Camaïeu dessinent un paysage inquiétant. Le segment de la consommation jeune et féminine est fragilisé par l’hypercompétition internationale, les arbitrages budgétaires des ménages et les effets d’une inflation encore perceptible.