C’est le chant du cygne pour l’un des projets les plus ambitieux en matière d’infrastructures aux États-Unis : la ligne de train à grande vitesse à travers la Californie, entre Los Angeles et San Francisco. Donald Trump a annoncé l’annulation de 4 milliards de dollars de financement fédéral, mettant à mal un projet qui, depuis son lancement en 2008, accumule les retards et les surcoûts.
Le chantier du train de Californie accumule les retards, Trump lui coupe les vivres

Le train à grande vitesse californien devait être un modèle de modernité. Initialement estimé à 33 milliards de dollars, le projet a vu son budget exploser, atteignant aujourd’hui plus de 100 milliards de dollars. En 2025, alors que les premières sections de la ligne commencent à voir le jour, les prévisions d’achèvement sont encore lointaines. Le tronçon central, entre Merced et Bakersfield, ne sera probablement opérationnel qu’en 2033, soit bien plus tard que le calendrier initialement prévu pour relier Los Angeles à San Francisco. Ce retard accumulé, couplé à une explosion des coûts, nourrit les critiques et met le projet sous une pression considérable.
La décision de Trump : un coup dur pour la Californie
L’annonce de Donald Trump a été un véritable coup de massue pour les responsables californiens. Le président a annoncé sur son réseau Truth Social qu'« aucun centime supplémentaire des fonds fédéraux ne serait consacré à cette arnaque ». Il a qualifié le projet de « mal conçu, inutile » et de « gaspillage total de l’argent des contribuables ». Selon lui, il n’existait plus de « chemin viable » pour terminer la ligne avant 2033, comme le soulignait récemment un rapport de l’Autorité fédérale du transport ferroviaire (FRA).
Pour Donald Trump, le train à grande vitesse californien incarne un échec flagrant. Il n’est pas le seul à critiquer ce projet. Sean Duffy, le secrétaire aux Transports, a rejoint le président en qualifiant le projet de « promesse non tenue » et en insistant sur l’absence de plan viable pour achever la section centrale de la ligne.
Une réaction vigoureuse de la Californie
La réponse des autorités californiennes ne s’est pas fait attendre. Gavin Newsom, le gouverneur démocrate de l’État, a dénoncé ce qu’il considère comme une « action illégale ». Le gouvernement californien assure que toutes les exigences fédérales ont été respectées et que des audits ont validé la bonne marche du projet. Pour Gavin Newsom, l’annulation des financements représente un abandon inacceptable de la vallée centrale de la Californie, une région cruciale pour l’équilibre économique et le développement du projet.
« Donald Trump veut donner l’avenir à la Chine et abandonner la Central Valley. Nous ne le laisserons pas faire », a-t-il déclaré. La Californie envisage donc de recourir à toutes les options juridiques possibles pour lutter contre cette annulation. Mais même en cas de succès judiciaire, la perte du financement fédéral va considérablement compliquer la suite du projet.
Une alternative par les financements privés
Face à la réduction des financements fédéraux, la Californie a prévu de se tourner vers des sources de financement alternatives. Le programme de plafonnement et d’échange californien, qui génère près d’un milliard de dollars par an pour les infrastructures, pourrait ainsi être prolongé au-delà de 2030. Cette somme permettrait de continuer à soutenir le projet, même si la part fédérale disparait.
Cependant, ces ajustements ne suffiront peut-être pas à combler le déficit de financement. Les responsables californiens espèrent toujours attirer des investissements privés pour maintenir le projet à flots. Mais pour l’instant, l’ambition initiale d’un train à grande vitesse reliant les deux métropoles de la côte ouest en un temps record semble de plus en plus incertaine.
Le contexte politique et l’avenir du projet
L’annulation des financements par Donald Trump fait partie d’une politique plus large de rejet des projets d’infrastructure majeurs soutenus par l’administration Biden. En mai 2025, la Californie avait déjà dû affronter des menaces similaires après que Trump et son administration avaient indiqué leur intention d’annuler les fonds fédéraux. Ces attaques contre le projet sont une répercussion directe de la stratégie de Trump, qui préfère investir dans des projets d’infrastructures plus localisés et jugés plus rentables, tout en abandonnant des initiatives jugées trop coûteuses ou « irréalisables ».
Si le projet n’avance plus au rythme espéré, il est clair que, sans un soutien fédéral stable, les délais se multiplieront encore, et les coûts risquent d’augmenter de manière incontrôlable. Le train à grande vitesse californien est désormais au bord de la dérive. L’annulation des financements fédéraux par Donald Trump, justifiée par un manque de viabilité, pourrait bien être le dernier clou dans le cercueil de ce projet ambitieux. Mais la bataille juridique que se prépare à mener la Californie pourrait encore offrir une lueur d’espoir pour sauver ce qui reste du rêve californien.