Objets du quotidien : ces nids à bactéries bien plus sales que vos toilettes

Certains objets du quotidien contiennent jusqu’à 40 000 fois plus de bactéries qu’un siège de toilettes. C’est notamment le cas des bouteilles d’eau réutilisables, véritables nids microbiens portables. Ce chiffre vertigineux, issu de recherches publiées dans WaterFilterGuru et reprises par plusieurs médias internationaux, pose une question brutale mais essentielle : vivons-nous dans des maisons propres… ou dans des incubateurs de pathogènes ?

Stephanie Haerts
By Stéphanie Haerts Published on 17 juillet 2025 19h00
Objets du quotidien : ces nids à bactéries bien plus sales que vos toilettes
Objets du quotidien : ces nids à bactéries bien plus sales que vos toilettes - © Economie Matin
10 millionsLa brosse à dents héberge jusqu’à 10 millions de bactéries.

Quand les robinets deviennent des épicentres de contamination dans la maison

La salle de bains, censée être le bastion de l’hygiène, cache en réalité un paradoxe. « Si vous n’avez pas ces [longs leviers] comme dans les hôpitaux, vos robinets vont devenir vraiment crasseux, avec un risque de contamination croisée », avertit Jason Tetro, microbiologiste et auteur de The Germ Code, dans The Guardian. Car avant de vous laver les mains, vous touchez les poignées… avec des mains sales. Cercle vicieux garanti. En cuisine, l’affaire se corse après manipulation de viande crue. Solution ? « Laisser couler un filet d’eau sans toucher les poignées, puis désinfecter les robinets. »

Autre traître dans la maison, la brosse à dents. Bien qu’on l’associe à l’hygiène bucco-dentaire, elle héberge jusqu’à 10 millions de bactéries. « Mais si vous consommez beaucoup d’aliments sucrés ou gras, votre microbiome buccal se modifie et favorise les souches nuisibles », explique encore Jason Tetro. Il recommande de passer la brosse sous de l’eau très chaude pendant cinq secondes chaque jour et de la remplacer chaque mois. Le socle de la brosse, rarement nettoyé, se transforme rapidement en laboratoire infectieux miniature.

Objets du quotidien, armes bactériologiques déguisées dans nos maisons

« Je suis surpris que des formes de vie nouvelles n’aient pas encore émergé dans les éponges de cuisine », ironise Chuck Gerba, virologue à l’Université d’Arizona. Ce n’est pas une plaisanterie. Selon Markus Egert, professeur de microbiologie à la Hochschule Furtwangen, ces éponges, toujours humides, regorgent de nutriments et abritent « des milliards de microbes», dans des proportions comparables à un échantillon de selles humaines. On y retrouve notamment Salmonella et Campylobacter, redoutables agents de gastro-entérites.

Vous pensez être à l’abri avec votre planche à découper ? Erreur. « Les gens se contentent souvent de la rincer après avoir coupé de la viande, puis préparent une salade dessus. Résultat : des germes coincés dans les crevasses », alerte Chuck Gerba. L’unique issue, un lavage vigoureux ou passage au lave-vaisselle. Les gourdes sportives, quant à elles, battent tous les records. Une étude a relevé jusqu’à 20,8 millions d’unités formant colonie (CFU) dans certaines bouteilles, soit 40 000 fois plus qu’une lunette de WC. Et pour cause, chaleur, humidité, résidus alimentaires et bactéries buccales y créent un écosystème idéal pour proliférer. « Si vous buvez dans une piscine, attendez-vous à boire des matières fécales. Mais dans votre propre gourde, ce n’est pas censé arriver », raille Jason Tetro.

Un cocktail de microbes sous vos yeux, dans vos oreilles, sur vos poignets

Montres connectées, écouteurs sans fil, lunettes, tous ces objets touchant la peau ou les muqueuses sont de véritables aubaines pour les bactéries. Une étude de 2023 révèle que 60 % des bracelets de montre analysés présentaient des bactéries intestinales, dont E. coli. Les sangles en caoutchouc et en tissu sont les plus contaminées. Le métal noble (or, argent) semble mieux résister.

Les écouteurs, eux, transportent champignons, bactéries… et excréments. Oui, littéralement. Une étude a identifié la présence d’E. coli dans 50 paires d’écouteurs testées. Quant aux lunettes, elles concentrent leurs charges bactériennes sur les plaquettes nasales et les branches, zones en contact prolongé avec l’épiderme. Les porteurs immunodéprimés sont les plus exposés.

Dans la maison, même les rideaux de douche et les télécommandes sont suspects

Vous sortez de la douche en pensant être propre ? Mauvaise nouvelle. Le rideau de douche, milieu chaud, humide et rarement lavé, concentre parfois jusqu’à 60 fois plus de bactéries qu’un abattant de toilettes. Tout votre corps entre en contact avec ce tissu, pas uniquement vos mains ou votre visage.

Le bouquet final revient à deux objets insoupçonnés : les télécommandes et les interrupteurs. Selon une enquête pour la compagnie Churchill, la télécommande familiale est 15 fois plus sale que les toilettes. Et les interrupteurs, testés dans une étude de l’Université de Houston, sont de véritables plaques tournantes pour virus du rhume et bactéries fécales. Le simple fait de les toucher une heure après une personne enrhumée suffit à contaminer.

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

No comment on «Objets du quotidien : ces nids à bactéries bien plus sales que vos toilettes»

Leave a comment

* Required fields