Mardi 15 juillet après-midi, le Premier ministre Bayrou a présenté son plan pour le budget 2026. La principale mesure consiste en une année blanche : un gel des dépenses publiques et des barèmes fiscaux au niveau de 2025. Avec les autres mesures, cela représente, sur le papier, un effort de consolidation budgétaire de 44 milliards d’euros.
Budget 2026 : le moment de vérité

Nous pensons que la proposition initiale de Bayrou pourrait rencontrer des oppositions au Parlement. Selon nous, le gel des dépenses de l’État offrirait moins de prise à l’opposition, tandis que le gel des barèmes fiscaux et des prestations sociales pourrait être abandonné en temps voulu pour permettre des concessions. Une mesure marquante est la suppression de deux jours fériés, qui pourrait rapporter environ 3,7 milliards d’euros selon l’INSEE.
Le gel des tranches d’imposition ne constitue pas la seule source d’augmentation des recettes. Un nouvel impôt sur les ménages aisés est envisagé, mais il ne générerait que des recettes limitées et viendrait simplement remplacer une taxe supposée temporaire déjà en place cette année. Une part significative des recettes supplémentaires est attendue de la réduction de plusieurs niches fiscales ou subventions (tant pour les ménages que pour les entreprises). Le Premier ministre Bayrou a indiqué que cela constituerait la contrepartie de certaines mesures de déréglementation. Au total, environ 10 milliards d’euros (soit 0,3 point de PIB) sont attendus de ces mesures, mais cela inclut des estimations de lutte contre la fraude fiscale qui restent très incertaines.
Le plan présenté par le Premier ministre devrait ramener le déficit budgétaire de 5,4 % cette année à 4,6 % en 2026, 4,1 % en 2027, 3,4 % en 2028 et 2,8 % en 2029. Compte tenu de la hausse des dépenses liées aux intérêts, à la défense et aux contributions à l’Union européenne, ainsi que du risque d’un éventuel affaiblissement du plan lors de son examen parlementaire, nous restons sceptiques quant à une amélioration significative du déficit. De plus, un ralentissement économique consécutif à la baisse des dépenses pourrait remettre en cause l’efficacité des restrictions budgétaires.
Le processus budgétaire de l’an dernier a montré qu’avec une Assemblée fragmentée, la proposition de budget du gouvernement n’est qu’une offre de départ. Nous nous attendons à ce que le budget final diffère sensiblement de ce que Bayrou vient de présenter.
Comment se positionner sur la dette française ? La prime de risque des obligations françaises par rapport aux Bunds allemands est restée élevée, alors même que les spreads de la plupart des autres pays de la zone euro se sont resserrés ces derniers mois. L’écart de rendement entre les obligations italiennes (notées Baa3/BBB+) et françaises (notées Aa3/AA-) à 10 ans a été divisé par deux cette année, pour atteindre 16 points de base (pb), contre plus de 100 pb encore début 2024, ce qui s’est traduit par une nette sous-performance des obligations françaises . Cette tendance reflète la dégradation du profil de crédit de la France, avec de probables nouvelles rétrogradations dans la catégorie A au cours des prochaines années. À l’inverse, l’Italie a été relevée à BBB+ par S&P en avril, et nous anticipons une stabilité de ses notes dans les prochaines années.
Compte tenu des défis persistants sur la qualité de crédit souverain dans plusieurs pays, nous privilégions actuellement certaines obligations d’entreprises investment grade par rapport aux obligations d’État. Selon nous, les maturités intermédiaires autour de 5 ans offrent des rendements de portage attractifs en obligations en euros, tandis que les maturités plus longues resteront sensibles aux inquiétudes sur la soutenabilité de la dette souveraine.