Les patrons allemands, réunis, le 21 juillet, dans l’initiative « Made for Germany », ont promis 631 milliards d’euros d’investissements sur trois ans. Ce pacte de confiance, signé devant le chancelier Friedrich Merz, marque le début d’une offensive privée d’une ampleur inédite.
L’Allemagne relancée : 631 milliards d’euros promis par les géants de l’industrie
Un signal politique et économique de grande envergure
Réunis à la chancellerie, les dirigeants de Deutsche Bank, Siemens, Axel Springer, BASF, Volkswagen, BMW, Airbus, et d’autres acteurs majeurs de l’industrie ont formellement annoncé leur ralliement à une stratégie nationale baptisée « Made for Germany ». Ce front économique vise à répondre au plan gouvernemental de relance, tout juste lancé par le chancelier Merz.
Ce ralliement massif marque une rupture stratégique avec les années précédentes, durant lesquelles de nombreux groupes allemands avaient privilégié les investissements à l’étranger, notamment aux États-Unis ou en Asie. En s’engageant collectivement à soutenir le tissu industriel national, ces entreprises envoient un signal fort aux marchés et à la population. La réindustrialisation de l’Allemagne n’est plus un vœu pieux, mais une ambition partagée entre l’État et le secteur privé. Cette mobilisation suggère également un rééquilibrage entre logique de rendement global et souveraineté économique, au moment où l’Allemagne cherche à reconquérir sa compétitivité.
Vers une stratégie à la française ?
Inspirée des sommets « Choose France » organisés par Emmanuel Macron, cette mobilisation allemande entend réaffirmer l’attractivité du pays après des années d’investissement à l’étranger, notamment aux États-Unis. Christian Sewing, directeur général de Deutsche Bank, a résumé cette nouvelle doctrine : « Il est désormais important que la politique et les entreprises fassent front commun. »
Roland Busch, PDG de Siemens, a souligné l’urgence d’un virage stratégique pour restaurer la compétitivité industrielle du pays. Son message, relayé par plusieurs groupes présents à la chancellerie, converge avec celui du gouvernement. Il est temps de moderniser le socle productif allemand. Le chancelier mise clairement sur cette alliance inédite entre grands groupes et exécutif fédéral pour impulser une nouvelle dynamique industrielle.
631 milliards d’euros : quels secteurs ? quels objectifs ?
Les fonds annoncés incluent 100 milliards d’euros de nouveaux engagements. Ils visent notamment les infrastructures, les technologies numériques, la transition énergétique, la défense et la relocalisation industrielle. Les groupes signataires couvrent l’essentiel du tissu économique national : industrie lourde, automobile, chimie, énergie, logistique, télécommunications.
Côté international, les géants Blackstone, KKR, EQT ou encore Nvidia apportent leur concours. Ce coup d’accélérateur est renforcé par une politique publique inédite. Le gouvernement Merz a récemment annoncé la création d’un fonds spécial de 500 milliards d’euros pour les infrastructures, financé par une réforme du frein à la dette. Un changement radical dans la culture budgétaire allemande, marquant la fin d’une décennie d’austérité.
Une croissance attendue dès 2026
Les effets ne devraient pas se faire attendre. Selon l’institut Ifo, la croissance allemande pourrait atteindre 1,5 % en 2026, contre 0,3 % prévu cette année. Le DAX, principal indice boursier allemand, a déjà bondi de 20 % depuis janvier, porté par l’anticipation de ce virage économique.
« L’Allemagne est la première économie européenne, et ce financement, cette croissance qui va sans nul doute pouvoir être accrue, est évidemment une bonne nouvelle pour l’Europe », déclarait dans Les Échos Éric Lombard, ministre français des Finances, en visite à Berlin la semaine dernière.