Alain Marty : le vin, le réseau et la vision

Alain Marty : L’intuition d’un précurseur

La France vit encore au rythme des téléphones à cadran et des réunions en cravate stricte. Dans ce monde-là, Alain Marty fait figure d’ovni. À 25 ans à peine, il lance à Paris une soirée mêlant économie, grands vins et gastronomie, avec un objectif simple : faire se rencontrer les patrons, autour de ce que la France produit de meilleur. La première édition, dans les salons de Maxim’s, est un échec retentissant malgré la dégustation du Château d’Yquem et l’intervention de Serge Dassault : 15 personnes. Trente-quatre ans plus tard, le Cercle Wine Business (CWB) en accueille jusqu’à 800 chaque mois, dans les plus beaux hôtels de la capitale et autant dans les villes de province . Son ambition ? « Créer un lieu de confiance et d’échange, où les dirigeants se parlent vraiment », explique-t-il.

Du luxe chinois à la galaxie Cercle Wine Business

L’histoire d'Alain Marty commence en Chine, à la fin des années 1980. Le jeune diplômé de l’IPAG Business School exporte alors des parfums Van Cleef, des champagnes Charles Laffitte ou encore des cigares Playade. Il y découvre le pouvoir du réseautage informel, qu’il perfectionnera ensuite en France. « C’est là-bas que j’ai compris que tout repose sur la relation. » C’est aussi là qu’il pose les premiers jalons de ce qui deviendra sa spécialité : créer des passerelles entre les gens qui comptent.

Aujourd’hui, le Cercle Wine Business, c’est un réseau de 1 100 entreprises membres, dont 72 % sont des ETI, réparties sur 13 villes en France et 6 à l’international (de Barcelone à Genève, en passant par New York). Chaque événement suit un rituel précis : conférence économique, dégustation, dîner signé par des chefs étoilés comme Tony Xu ou Arnaud Faye, puis soirée privée. Les noms défilent : Christine Lagarde, Patrick Pouyanné, Maurice Levy , Clara Gaymard, Luc Ferry, Christel Heydemann, Rodolphe Saade... Tous sont passés par les salons du Cercle.

Barcelone, l’international et le “Davos du vin”

2024 marque une nouvelle étape : fidèle à ses racines et à sa promesse de « repartir de Barcelone à 55 ans », Alain Marty fonde une société catalane pour piloter le développement international du CWB. Objectif annoncé : atteindre 100 implantations dans le monde d’ici 2027, et organiser un “Davos du vin”, grand sommet mondial des acheteurs et distributeurs. Barcelone devient la rampe de lancement stratégique vers l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne et au-delà. Le projet est clair : transformer le club en plateforme d’influence économique européenne autour du vin, de la culture, et du pouvoir de la table.

Mais le CWB n’est que l’arbre visible d’une forêt entrepreneuriale bien plus dense. Alain Marty a fondé Stratégie Club, une structure qui conçoit et a animé des clubs privés pour des géants comme SAP, Bouygues Télécom, Microsoft ou Givenchy. Il a lancé Networking Premium Group, un dispositif unique en Europe d’accompagnement de dirigeants en transition, avec un tarif volontairement élevé – 18 000 euros – mais une promesse redoutablement efficace : rebondir par le réseau.

À cela s’ajoutent PME Radio et ETI Radio, des podcasts spécialisés pour les patrons, et surtout un événement attendu : l’ETI Summit, prévu à Paris le 2 avril 2026, réunissant les 700 dirigeants d’ETI recensés en France autour de grandes thématiques (transmission, cybersécurité, ESG…) et d’un dîner de gala international. « Ce sera le moment de vérité du tissu entrepreneurial européen », promet-il.

Alain Marty ou l’obsession pour le lien humain

Chez Alain Marty, tout gravite autour d’un mot : connexion. « Le plus grand actif d’une entreprise, ce ne sont ni ses produits ni ses résultats, c’est son réseau vivant », affirme-t-il. Son prochain livre – le seizième – s’intitulera « De Cro-Magnon à LinkedIn – l’Art du Networking », à paraître en octobre 2025 aux éditions Hemingway. Un titre aussi ironique que révélateur : pour lui, le réseautage est un code social ancestral, adapté aux enjeux d’aujourd’hui.