Une étude publiée par The Lancet, le 16 juillet, a jeté un pavé dans la mare en alertant sur l’entrée de la santé mondiale dans une ère d’austérité sans précédent. Alors que les discours officiels s’enlacent de promesses d’universalité et de résilience, les flux financiers s’assèchent, remettant en cause des décennies d’efforts internationaux. Derrière les chiffres, un bouleversement structurel se prépare, et il pourrait bien coûter des millions de vies.
La santé mondiale menacée par une chute historique de l’aide internationale

Une santé mondiale étranglée par les restrictions budgétaires
L’avertissement est sans ambiguïté. Selon The Lancet, l’aide internationale destinée à la santé pourrait tomber en 2025 à moins de 40 milliards de dollars, soit près de moitié moins qu’en 2021, année pandémique où les investissements avaient atteint des sommets historiques. Une chute vertigineuse qui renvoie les niveaux de financement au plus bas depuis 2009.
Ce recul brutal s’inscrit dans une dynamique plus large de restrictions budgétaires globales. « Nous entrons dans une ère d’austérité pour la santé mondiale », résument sans détour les auteurs de l’étude. Et de préciser que cette tendance ne relève ni d’un incident isolé, ni d’un simple ajustement temporaire.
Des bailleurs qui désertent, des systèmes qui vacillent
Pourquoi une telle débâcle ? En premier lieu, le désengagement spectaculaire des États-Unis, initié sous la présidence de Donald Trump et poursuivi sans grand revirement, a entraîné une réduction brutale des fonds alloués à l’USAID, au PEPFAR (le plan d’urgence contre le VIH/sida) ou encore à l’Initiative présidentielle contre le paludisme. Conséquence immédiate, 83 % des projets de santé ont été gelés dès mars 2025 selon The Guardian. Mais le continent américain n’est pas seul en cause.
L’Allemagne, la France et le Royaume-Uni ont également taillé dans leurs budgets, alimentant une spirale descendante. Selon l’étude relayée par Sud Ouest, les chercheurs estiment que « les effets concrets devraient être conséquents en matière de santé publique ». Un euphémisme, quand on considère que les systèmes de santé de pays comme la Somalie, le Malawi ou la République démocratique du Congo sont presque entièrement financés par l’aide au développement.
Plus d’austérité, moins de soins
Ce n’est pas simplement une question de chiffres. La réduction des aides a déjà des impacts mesurables. Selon l’OMS, les cas de paludisme ont bondi de 13 millions sur le continent africain depuis début 2025. Dans le même temps, les ruptures de stocks de médicaments essentiels, les pénuries de personnels et l’arrêt de campagnes de prévention se multiplient.
Et ce n’est qu’un début. Des projections issues du Center for Global Development évoquent des conséquences dramatiques si cette tendance se poursuit. Jusqu’à 14 millions de morts évitables d’ici 2030, en particulier dans les zones à haute vulnérabilité.