Le gouvernement refuse le terme, mais ne cache pas le fonds : le Budget 2026 sera un budget d’austérité, avec des économies prévues de 45 milliards d’euros. Entre autres pistes, l’exécutif envisage une mesure radicale pour 2026 : une « année blanche ». Derrière cette expression technique se cache un dispositif potentiellement explosif pour le pouvoir d’achat des Français.
Gel des prestations et retraites : l’année blanche en 2026 fera très mal au pouvoir d’achat

Une étude dévoilée le 30 juin 2025 par l’Institut des politiques publiques (IPP) remet en lumière une piste budgétaire que le gouvernement examine avec insistance : l’instauration d’une "année blanche" dans le budget 2026. Concrètement, cette mesure consisterait à geler les pensions de retraite, les prestations sociales ainsi que le barème de l’impôt sur le revenu, en renonçant à leur revalorisation annuelle selon l’inflation. L’objectif affiché ? Réduire le déficit public, tout en s’épargnant une hausse de la fiscalité directe.
5,7 milliards d’euros d’économies… sur le dos des ménages
Selon les calculs de l’IPP, cette absence d’indexation entraînerait une économie budgétaire nette de 5,7 milliards d’euros pour l’État. Ce gain est estimé en prenant pour référence une inflation de 1,3 %, bien que l’Insee prévoie une inflation moyenne légèrement inférieure de 1 % pour 2025.
L’étude précise la ventilation de ce montant :
- 3 milliards d’euros proviendraient du gel des pensions de retraite ;
- 1,4 milliard d’euros du gel des paramètres de l’impôt sur le revenu ;
- et 1,3 milliard d’euros du gel des prestations sociales.
Mais derrière ces chiffres se cachent des conséquences directes pour les Français. D’après les auteurs du rapport, 3,2 % des ménages verraient leur niveau de vie diminuer d’au moins 1 %. Cette perte de pouvoir d’achat ne serait pas uniforme : elle affecterait particulièrement les retraités et les foyers modestes, peu ou pas exposés aux hausses salariales.
Cette année blanche serait donc une forme de rigueur budgétaire invisible mais redoutablement efficace : comme l’expliquent les analystes de l’IPP, le barème de l’impôt sur le revenu ne bougeant pas, toute augmentation de revenus - même modeste - conduirait à une imposition plus lourde. Le phénomène s’apparente à une fiscalité rampante, où l’inflation accroît mécaniquement les recettes fiscales, sans réforme législative.
TVA, abattement retraite… vers une austérité ciblée dans le Budget 2026 ?
Dans son rapport, l’IPP compare l’"année blanche" à d’autres pistes fiscales explorées par l’exécutif. Ainsi, la suppression de l’abattement fiscal de 10 % sur les pensions de retraite permettrait une hausse des recettes fiscales de 4,6 milliards d’euros. En cascade, cette réforme réduirait aussi les aides au logement de 400 millions d’euros.
Une autre option, souvent citée mais politiquement risquée, serait d’augmenter d’un point le taux de TVA. D’après l’IPP, cette mesure générerait un gain budgétaire net de 8,2 milliards d’euros, en dépit de compensations nécessaires. En effet, l’augmentation des taux de TVA – qui varient actuellement entre 2,1 % et 20 % – engendrerait automatiquement une hausse des dépenses publiques de 2 milliards d’euros pour les administrations, et de 2,8 milliards d’euros via l’indexation des prestations sociales.
Ce levier fiscal est jugé peu équitable. « Avec les règles d’indexation, une hausse de la TVA met davantage à contribution les ménages d’actifs en emploi que les autres types de ménages », souligne l’étude relayée par Le Figaro. Le recul moyen du niveau de vie serait de 0,44 %, mais atteindrait 0,78 % pour les 10 % les plus modestes. L’effet redistributif d’une telle mesure serait donc négatif.
Entre austérité et arbitrages : quelles perspectives pour le budget 2026 ?
L’État cherche à réaliser 40 milliards d’euros d’économies dans le cadre du budget 2026, un objectif colossal réparti entre l’État, la Sécurité sociale et les collectivités locales. L’"année blanche" ne serait qu’une brique dans un édifice d’austérité plus vaste. Pour rappel, la dernière cure budgétaire comparable remonte à 2014, avec un gel similaire des prestations sociales.
Toutefois, l’exécutif ne s’est pas encore prononcé publiquement sur la mise en œuvre définitive d’une telle mesure, bien qu’il prépare les esprits. Aurore Bergé, ministre déléguée à l’Egalité, a réitéré ce 1er juillet 2025 sur Sud Radio que selon elle ce serait la bonne décision à prendre. Le tout en réfutant que le pouvoir d’achat baisserait et que les ménages s’appauvriraient.