Violences contre les soignants : pourquoi votre médecin ne travaille pas aujourd’hui ?

Les cabinets médicaux et les centres de soins risquent d’être désertés ce mercredi 12 mars. Une situation inhabituelle qui s’explique par une grève et une colère grandissante des soignants.

Jade Blachier
By Jade Blachier Published on 12 mars 2025 12h29
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violences-soignants-medecin-ne-travaille-pas - © Economie Matin
1520L’Ordre des médecins recense 1520 agressions envers les soignants en 2023.

Le 12 mars 2025, une mobilisation nationale inédite des soignants s’organise en France. Médecins, infirmiers, kinésithérapeutes, pharmaciens et autres professionnels de santé ferment leurs cabinets et manifestent contre la montée des agressions qu’ils subissent au quotidien. Selon les chiffres de l’Ordre des médecins, les violences envers les soignants ont augmenté de 27 % en 2023, un chiffre alarmant qui pousse la profession à exiger des mesures de protection immédiates.

Certains cabinets médicaux seront fermés, des consultations seront annulées et les délais pour obtenir un rendez-vous risquent de s’allonger. Mais cette mobilisation ne vise pas à pénaliser les malades, elle alerte sur une réalité dramatique.

Une colère qui monte : la violence en milieu médical explose

Depuis plusieurs années, les agressions verbales et physiques contre les soignants se multiplient. Dans les hôpitaux, les cabinets privés, et même à domicile, de nombreux professionnels sont injuriés, menacés et frappés. L’Ordre des médecins recense une augmentation constante des violences : 1 000 agressions en 2021, 1 200 en 2022 et 1 520 en 2023, soit une progression de 27 % en un an.

Les professionnels dénoncent également des sanctions judiciaires trop faibles contre leurs agresseurs. Un médecin marseillais, Saïd Ouïchou, témoigne à propos d’un confrère violemment attaqué : « L’agresseur a écopé de trois semaines de travaux d’intérêt général et de 2 000 euros d’amende. C’est une insulte à notre dignité. » Face à ces décisions de justice jugées laxistes, les syndicats réclament un durcissement des peines et une prise en compte systématique des violences envers les soignants comme des circonstances aggravantes.

Une grève pour alerter : quelles revendications des soignants ?

Les syndicats et collectifs de soignants ont adressé une liste de demandes claires au gouvernement. Ils exigent notamment un renforcement des sanctions judiciaires, avec l’application stricte du délit d’outrage et des peines plus sévères pour les agressions. Ils réclament également des dispositifs de sécurité renforcés, comme l’installation de boutons d’alerte dans les cabinets et une meilleure protection dans les hôpitaux.

Une autre revendication porte sur la loi Pradal, votée en mars 2024 à l’Assemblée nationale, mais toujours bloquée au Sénat. Ce texte vise à élargir le cadre légal des agressions envers les soignants et à imposer des peines plus lourdes. Le Collectif du 12 Mars, qui regroupe une quinzaine de syndicats et d’organisations médicales, appelle à fermer les cabinets et à manifester massivement dans plusieurs grandes villes françaises. Des rassemblements sont prévus à Paris, Marseille, Lille et Montpellier. « On a banalisé ces violences pendant des années, mais maintenant, ce n’est plus possible. Les soignants doivent être protégés », insiste Élodie Le Buzullier, vice-présidente de Médecins pour demain.

Quel impact pour les patients ?

Cette grève du 12 mars risque de perturber l’accès aux soins. Les patients dont les consultations sont annulées sont invités à contacter le secrétariat médical de leur praticien pour reporter leur rendez-vous. Pour les urgences légères, il est conseillé de se tourner vers SOS Médecins ou un centre de soins d’urgence. En cas d’urgence vitale, le numéro à composer reste le 15 pour contacter le Samu, ou bien de se rendre directement aux urgences hospitalières.

Les syndicats assurent que la permanence des soins sera maintenue pour les cas graves. Cependant, ils recommandent aux patients d’anticiper leurs besoins médicaux en raison des perturbations possibles.

Une mobilisation qui ne doit pas être ignorée

Cette grève des soignants n’est pas une simple revendication salariale, mais un cri d’alarme face à un climat de violence banalisé. La colère des professionnels de santé est légitime, et leurs demandes de protection doivent être prises au sérieux. Si cette mobilisation ne débouche pas sur des mesures concrètes, le risque est clair : une désertification médicale accélérée, des médecins qui renoncent à s’installer en libéral, et une insécurité grandissante pour les soignants restants. Le gouvernement est désormais face à ses responsabilités.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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