Vacances : ramenez des souvenirs mais laissez les plantes chez elles

Un fruit, une fleur, un brin de verdure ? Derrière l’innocence du ramassage d’une simple branche aux formes amusantes se cache parfois une menace invisible. L’Union européenne redouble de vigilance cet été pour protéger la biosécurité et relance la campagne #PlantHealth4Life pour la troisième année.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 1 juillet 2025 11h17
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63%63% des Français pensent partir en vacances à l'été 2025.

Voyager à l’autre bout du monde sans compromettre la biodiversité européenne

Depuis le 15 mai 2025, la campagne #PlantHealth4Life portée par L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), la Commission européenne (CE) et des partenaires de 26 États membres de l’UE, de 5 pays en phase de préadhésion et de la Suisse, dont le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, est relancée à l’échelle européenne. Objectif : protéger la santé des végétaux dans l’Union européenne, notamment en sensibilisant les voyageurs qui rentrent de vacances à l’étranger. Car les plantes, les fruits, les fleurs ou les graines rapportés d’un pays hors UE peuvent introduire des organismes nuisibles, invisibles mais dévastateurs.

Malheureusement, ce qui ressemble fortement à du zèle est de plus en plus une nécessité. En octobre 2013, la bactérie Xylella fastidiosa a été détectée en Italie. Elle a probablement traversé l’Atlantique dissimulée dans un végétal. Résultat : un tiers des 60 millions d’oliviers des Pouilles détruits, plus d’un milliard d’euros de pertes pour les agriculteurs. Depuis, la bactérie a aussi été repérée en France, Espagne et Portugal. Et ce n’est que l’exemple récent le plus parlant d’un risque souvent méconnu.

Biodiversité : Les nuisibles se cachent partout

L’Union européenne a identifié 20 organismes de quarantaine prioritaires, comme le scarabée japonais, le capricorne asiatique ou la mouche orientale des fruits. Ces espèces peuvent détruire des cultures entières, envahir des forêts ou menacer les jardins urbains. À leur insu, les vacanciers transportent parfois leurs larves ou spores en ramenant un bouquet tropical, une tige de bambou, un fruit du marché local ou même un objet artisanal décoré de plantes séchées.

Dans son dossier « Plantes en danger : tous concernés », l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire) souligne d’ailleurs que même un fruit dans un bagage à main peut héberger des agents pathogènes. Et les conséquences peuvent être irréversibles.

Le saviez-vous ? Il existe un passeport pour les plantes

Dans l’Union européenne, tout végétal destiné à la vente (arbres, semences, plantes ornementales) circule avec un passeport phytosanitaire, délivré par les entreprises enregistrées ou les autorités nationales. Ce document garantit que la plante est exempte de nuisibles et traçable. Car, dans les faits, il ne faut pas non plus importer des plantes d’autres pays membres de l’Union européenne.

Mais pour les végétaux importés depuis un pays hors UE, un certificat phytosanitaire international est indispensable. Il est délivré par les autorités du pays exportateur et vérifié à la frontière de l’Union. Aucun particulier n’est autorisé à importer des plantes sans ce certificat, même un simple brin de menthe ou une couronne de fleurs artisanale.

Souvenirs de vacances : que peut-on rapporter (ou pas) ?

La règle est claire : n’apportez jamais dans l’UE de végétaux, fleurs, graines, fruits, légumes, terre, bois non traité ou tout produit végétal sans certificat phytosanitaire officiel. Cela inclut aussi les souvenirs qui contiennent des éléments végétaux (bijoux en graines, objets en bambou, compositions florales…). Tous peuvent contenir des nuisibles à votre insu… et surtout à l’insu de la personne qui vous les vend et qui va sans doute vous garantir qu’il n’y a pas de risques. Le risque est bien réel. Pour les voyages au sein de l’Union européenne, la vigilance reste de mise et il convient toujours d’éviter de transporter des végétaux dont l’origine n’est pas certifiée.

Biodiversité européenne : la vigilance est un réflexe solidaire

Préserver la biodiversité européenne, c’est aussi éviter que les souvenirs d’un voyage deviennent les vecteurs d’une crise écologique. En respectant les règles douanières, en s’abstenant de transporter des plantes ou graines depuis l’extérieur de l’UE, chacun peut agir concrètement. « La préservation de la santé des végétaux relève de notre responsabilité collective », rappelle l’EFSA.

« Un végétal n’est pas seulement un végétal, il peut aussi transporter d’autres organismes vivants », rappelle Giuseppe Stancanelli, chef d’équipe pour l’évaluation des risques pour la santé des plantes au sein de l’EFSA. « Dans notre monde interconnecté, les végétaux voyagent plus que jamais. C’est pourquoi l’UE s’appuie sur une évaluation des risques fondée sur des données scientifiques en vue de comprendre et gérer les menaces potentielles pour la santé des végétaux, contribuant ainsi à protéger notre environnement, notre agriculture et notre biodiversité. À travers la campagne #PlantHealth4Life, nous sensibilisons les citoyens dans l’Europe toute entière ».

Bons conseils : ce qu’il faut vérifier avant de rentrer d’un voyage hors UE

Vous êtes sur le point de reprendre l’avion pour rentrer en Europe ? Prenez quelques minutes pour faire le tour de vos affaires. Voici les bons réflexes à adopter pour éviter de transporter, sans le vouloir, un invité indésirable dans vos valises.

1. Inspectez vos bagages, même les plus petits compartiments

  • Jetez un œil dans vos sacs à dos, poches de veste, trousses, sacs de plage…
  • Éliminez toute présence de feuilles, graines, écorces, brindilles, terre ou sable.

2. Pas de souvenirs végétaux ou artisanaux à base de plantes

  • Ne ramenez ni fleurs séchées, plantes en pot, boutures, graines, ni compositions végétales (couronnes, bouquets exotiques, herbiers…).
  • Méfiez-vous des objets décoratifs contenant du bois non traité, des fibres naturelles, ou des graines séchées.

3. Vérifiez vos achats alimentaires

  • Oubliez les fruits frais, légumes, racines, ou herbes locales, même en petites quantités.
  • Un fruit tropical dans un bagage à main peut contenir un insecte ravageur invisible à l’œil nu.

4. Pas de plantes ou semences achetées sur un marché sans certificat

  • Toute plante importée dans l’UE depuis un pays tiers doit être accompagnée d’un certificat phytosanitaire officiel, délivré par les autorités du pays d’origine.

5. Respectez les consignes douanières

En cas de doute, ne déclarez pas "rien à signaler". Signalez toute présence de produit végétal. Cette déclaration permet tout simplement de faciliter les travaux des équipes de surveillance de la biodiversité en Europe, et évite de recevoir une amende. Car si lors des contrôles des produits à risque sont identifiés sans être déclarés, c’est la sanction assurée. Alors que les agents ne vous tiendront pas rigueur de vous être trompés si vous leur signalez un doute.

Ces précautions sont simples, mais elles protègent des milliers d’espèces européennes, des forêts, des cultures agricoles et des jardins que nous aimons tous. Un petit geste pour vous, un grand geste pour la biodiversité.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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