Annoncée avec fracas, la coupe historique dans le budget de l’USAID révèle aujourd’hui ses effets les plus dramatiques. À travers le monde, des millions de vies sont directement menacées.
L’USAID coupe les vivres à plusieurs pays, ils ne peuvent plus soigner leurs habitants

Le 1er juillet 2025, l’attention se porte sur une décision budgétaire prise par l’administration Trump dès 2020, dont les effets à retardement pourraient s’avérer dévastateurs. Selon une étude publiée par The Lancet Global Health, la réduction brutale du financement de l’USAID (Agence des États-Unis pour le développement international) pourrait causer plus de 14 millions de morts dans les pays en voie de développement, d’ici à 2030. Une projection glaçante, à replacer dans le contexte d’une politique de désengagement progressif amorcée par Donald Trump.
Coupes de l’USAID : des millions de morts en perspective
Les chiffres avancés par The Lancet sont sans appel : plus de 14 millions de décès supplémentaires d’ici 2030, notamment en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. L’étude précise que cette hécatombe serait causée par l’interruption de services de base en santé publique, en particulier la vaccination, le traitement du VIH, la lutte contre la tuberculose et les soins maternels.
« Une réduction de 40 % du financement de l’USAID aurait un effet immédiat sur l'accès aux soins primaires dans plus de 60 pays », indique le rapport. Cette diminution massive du soutien américain prive de ressources essentielles les programmes de santé publique les plus critiques, dans des régions où chaque dollar conditionne des milliers de vies.
Pourquoi Donald Trump a-t-il coupé les aides internationales ?
L’origine de cette décision remonte à 2020, quand l’administration Trump a drastiquement réduit les crédits alloués à l’aide internationale. Cette mesure s’inscrivait dans une logique d’« America First », qui visait à recentrer les dépenses sur le territoire national. Dans le budget fédéral 2020, la Maison-Blanche réduisait de 32 % le budget du Département d'État et de l’USAID, comme en témoignait le document officiel Fiscal Year 2021 Budget of the U.S. Government.
Les programmes de santé jugés « non prioritaires » furent ciblés par les coupes de l'USAID, notamment ceux visant les populations marginalisées (LGBT+, travailleurs du sexe, usagers de drogues). Le président Trump justifiait ces coupes par la nécessité de réduire le déficit budgétaire américain, affirmant : « Il n’incombe pas au contribuable américain de financer les programmes de santé des pays étrangers. »
Des systèmes de santé dépendants et vulnérables
Mais la dépendance des pays en développement à ces fonds s’avère aujourd’hui dramatique. L’USAID représentait jusqu’à 70 % des budgets de certains programmes nationaux de santé, selon les chiffres de la Banque mondiale. Cette aide devait permettre à ces pays de développer à terme des systèmes de santé autonomes. Mais faute d’investissement local suffisant, la plupart de ces structures restent sous perfusion étrangère.
« La suspension des financements du PEPFAR, le Plan d’urgence du président pour la lutte contre le sida, a entraîné l’arrêt immédiat des traitements, dépistages et services de prévention du VIH dans 50 pays. » a alerté le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d’un point presse le 12 février 2025.
Des dizaines de cliniques ont fermé, des campagnes de vaccination ont été annulées, et les personnels soignants se retrouvent sans ressources. Les conséquences ne se font pas attendre : recrudescence de la rougeole, flambées de choléra, retour de la poliomyélite. Et une rupture de traitements pour des millions de séropositifs.
Vers une crise sanitaire mondiale ?
Les effets ne se cantonnent pas aux frontières des pays aidés. La circulation des maladies infectieuses, dans un monde globalisé, est un danger pour tous. L’arrêt de financements compromet les efforts internationaux de surveillance, de prévention et d’éradication de certaines pandémies.
L’OMS a d’ailleurs débloqué d’urgence 3 millions de dollars pour tenter de combler partiellement le vide laissé par l’USAID, mais le directeur de l’organisation a prévenu : « des millions de vies sont en péril si aucun mécanisme alternatif n’est mis en place ».
Derrière ces chiffres, c’est une vision du monde solidaire et multilatérale qui vacille. Car l’aide au développement ne peut être qu’un appui temporaire. Si elle est comprise comme une rente par les pays bénéficiaires, ces derniers sont moins enclins à en profiter pour investir dans des structures locales et indépendantes. Ainsi, lorsque la politique du pays change, leurs habitants se trouvent en danger.