Le 28 mai 2025, une nouvelle étude du Centre for Research on Energy and Clean Air (CREA) est venue rappeler que le dieselgate n’est pas un simple épisode judiciaire clos. Ses conséquences sur la santé des Européens sont déjà visibles, et elles ne feront qu’augmenter.
Pollution : le Dieselgate pourrait tuer plus de 200.000 personnes en Europe

En France, depuis 2009, ce scandale sanitaire a déjà coûté la vie à 16 000 personnes, selon les données issues de l’analyse croisée des impacts de la pollution par les oxydes d’azote (NOx) émis par des millions de véhicules diesel équipés de logiciels de fraude aux tests antipollution.
Un désastre sanitaire lié au dieselgate : la pollution qui tue
Selon l’étude du CREA, publiée mercredi 28 mai 2025, les émissions excédentaires de gaz toxiques provenant des véhicules diesel équipés de dispositifs d’invalidation interdits auraient provoqué 16 000 décès prématurés en France entre 2009 et 2024. Et l’hécatombe pourrait ne pas s’arrêter là. L’organisme estime que 8 000 morts supplémentaires pourraient être évitées d’ici à 2040 si les véhicules concernés — environ trois millions encore en circulation — sont enfin retirés ou mis aux normes.
À l’échelle européenne, le bilan est tout aussi alarmant : 205 000 décès prématurés attendus entre 2009 et 2040 dans l’Union européenne et au Royaume-Uni, pour un coût économique évalué à 1 200 milliards d’euros.
Dieselgate : comment la fraude s’est-elle enracinée dans l’industrie automobile ?
Le scandale éclate en 2015 lorsqu’on découvre que plusieurs constructeurs — au premier rang desquels Volkswagen — ont installé dans leurs véhicules diesel un logiciel truqueur, conçu pour faire apparaître les voitures comme peu polluantes lors des tests en laboratoire. En réalité, ces moteurs émettaient jusqu’à 40 fois plus d’oxydes d’azote que la limite autorisée sur route.
Ce que révèle l’étude, c’est que cette fraude industrielle n’a pas seulement trompé les consommateurs et les régulateurs. Elle a directement nui à la santé publique, causant des décès, des maladies respiratoires, et une aggravation massive de la pollution atmosphérique. Plus de 200 modèles de voitures sont concernés, selon le CREA.
Fraude, inaction, conséquences : une décennie de renoncements face au dieselgate
Malgré les révélations, les véhicules incriminés continuent de circuler. Une aberration sanitaire qui scandalise les associations écologistes. Anne Lassman-Trappier, responsable de la qualité de l’air chez France Nature Environnement, s’insurge dans les colonnes de Midi Libre : « Il faut que l’État impose aux constructeurs automobiles la remise aux normes de ces véhicules. C’est ce qui a été fait aux États-Unis dès que le scandale a éclaté, pour sauver des milliers de vies ».
Et de rappeler que ces émissions ne causent pas que des morts : 98 000 enfants auraient développé de l’asthme à cause de ces particules toxiques, selon les projections pour l’Europe . En parallèle, des centaines de milliers de journées de travail perdues alourdissent encore la facture économique.
Combien de morts faudra-t-il encore ?
La question se pose avec d’autant plus d’urgence que la fin des moteurs thermiques est prévue pour 2040. Mais à ce rythme, les décès évitables d’ici là pourraient se compter par milliers si aucune mesure coercitive n’est imposée. Contrairement aux États-Unis, l’Europe peine à imposer des rappels massifs ou des sanctions proportionnées.
Il ne s’agit plus d’un simple contentieux commercial. Le dieselgate est devenu une tragédie sanitaire d’ampleur nationale, dénoncée par la communauté scientifique, les ONG, mais aussi les médecins et pneumologues.