Le groupe américain United Parcel Service (UPS), spécialisé dans la messagerie et la livraison de colis, a annoncé, le 29 avril, une coupe drastique dans ses effectifs : 20 000 postes supprimés dans le monde. En toile de fond, un contrat révisé avec Amazon et une volonté affirmée de changer de cap stratégique.
UPS va se séparer de 20 000 salariés suite à une révision de contrat avec Amazon
UPS redéfinit ses priorités contractuelles avec Amazon
Amazon représentait près de 12 % des revenus d’UPS, une dépendance jugée excessive par la direction. L’accord revu entre les deux géants prévoit une chute de plus de 50 % du volume de colis traité par UPS pour le compte du géant de Seattle, d’ici juin 2026. Une orientation volontaire.
Lors de l’annonce des résultats trimestriels, la PDG Carol Tomé a précisé dans des propos rapportés par ABC News : « Amazon est notre plus grand client, mais pas le plus rentable. ». Cette décision stratégique s’accompagne d’une réallocation des ressources vers des segments plus lucratifs, comme la logistique de produits médicaux sensibles ou de marchandises sous température contrôlée. UPS n’entend plus être un simple rouage dans les livraisons massives d’e-commerce à faibles marges.
UPS va fermer 73 installations et supprimer 20 000 emplois
Le coût social est immédiat et massif : 20 000 postes opérationnels supprimés en 2025, soit 4 % de ses effectifs globaux, qui s’élèvent à environ 490 000 salariés. Ces suppressions concernent principalement les chauffeurs livreurs et les manutentionnaires. Et ce n’est qu’un début. UPS prévoit la fermeture de 73 installations dans le monde d’ici fin juin 2025, tout en laissant entendre que d’autres sites pourraient suivre. Cette restructuration s’inscrit dans le programme "Network of the Future", une refonte complète du réseau logistique du groupe : réduction de la taille des flottes, automatisation des centres, consolidation des hubs. Objectif affiché : 3,5 milliards de dollars d’économies en 2025.
Amazon n’est pas le seul facteur. La pression économique mondiale s’intensifie. La guerre commerciale relancée par les États-Unis, avec une hausse de 145 % des droits de douane sur certains produits chinois, affecte lourdement les chaînes logistiques. UPS, qui traite environ 400 000 colis importés par jour, est en première ligne. Carol Tomé a averti sur Fox Business : « Le monde n’a pas été confronté à de tels impacts potentiels sur le commerce depuis plus de 100 ans. ». Les incertitudes macroéconomiques ont d’ailleurs poussé UPS à renoncer à publier des prévisions financières pour le reste de l’année, ce qui n’augure rien de bon.
Une rentabilité encore solide, mais un avenir incertain
La réaction syndicale ne s’est pas fait attendre. Le puissant syndicat américain Teamsters, qui représente une large part des employés de terrain, s’oppose farouchement à cette restructuration. Sean M. O'Brien, président général du syndicat, a prévenu dans des propos rapportés par CBS News : « Si UPS envisage de violer notre contrat ou de s’en prendre à des emplois syndiqués durement acquis, elle se heurtera à une forte opposition. ». La tension sociale monte, d’autant que cette annonce survient moins d’un an après la signature d’un accord de travail de cinq ans entre UPS et les Teamsters, censé garantir une certaine stabilité.
Dans ce tumulte, UPS reste bénéficiaire avec 1,19 milliard de dollars de profits au premier trimestre 2025, soit une hausse de 6,6 % malgré un chiffre d’affaires en léger recul de 0,7 % à 21,5 milliards de dollars. Mais cette rentabilité ne suffit plus à masquer la transformation en profondeur du modèle économique du groupe. UPS ne veut plus livrer n’importe quoi, n’importe où, pour n’importe quel prix. Désormais, place aux "colis à plus haut rendement". C’est dans cette logique que s’inscrit l’acquisition récente du groupe Andlauer, spécialisé dans la logistique de santé, pour 1,6 milliard de dollars. L’objectif ? Atteindre 20 milliards de dollars de revenus dans ce secteur d’ici 2026.