Un géant japonais de l’automobile et un pionnier américain de l’intelligence artificielle embarquée se prennent la main pour tracer une trajectoire commune. Mais à quoi faut-il vraiment s’attendre ? Entre déclarations d’intentions et ambitions technologiques, la route est encore longue.
Toyota x Waymo : la voiture autonome à la conquête des particuliers

Le 29 avril 2025, un accord stratégique préliminaire a été annoncé entre Waymo, la division véhicules autonomes du groupe Alphabet (maison-mère de Google), et Toyota, premier constructeur mondial. Le but ? Co-développer une nouvelle plateforme dédiée à la voiture autonome, destinée à des usages partagés… mais aussi personnels. Un virage potentiel dans une industrie encore prudente, malgré les milliards déjà investis.
Waymo et Toyota s'allient : nouvelle étape dans l’essor de la voiture autonome
S’il fallait une preuve que les lignes bougent, elle tient dans cette annonce conjointe des deux groupes. L’objectif affiché ? Accélérer la conception de véhicules autonomes de nouvelle génération, en y intégrant le système Waymo Driver, aujourd’hui déployé exclusivement dans une flotte de robotaxis opérant aux États-Unis. Toyota, de son côté, met sur la table sa capacité industrielle colossale et sa plateforme technologique maison, via sa filiale Woven.
Dans un communiqué commun, Hiroki Nakajima, vice-président exécutif de Toyota relayé par Forbes, affirme : « Nous partageons un fort sens des responsabilités et une vision commune avec Waymo pour promouvoir la sécurité grâce à la conduite automatisée. » Le ton est donné : il s’agit de vendre un projet éthique, technologique, structurant. Mais au-delà des intentions, les faits restent modestes. Aucune date de commercialisation, aucun prototype dévoilé, et surtout, aucun engagement financier publié à ce jour.
Objectif personnel : la voiture autonome ne sera plus réservée aux flottes
La nouveauté de cette collaboration, c’est la volonté d’adresser le marché des véhicules particuliers, et pas seulement celui des services de transport urbain. Une rupture majeure dans la stratégie de Waymo, jusque-là focalisée sur les robotaxis déployés à San Francisco, Phoenix, Los Angeles, Austin et bientôt Miami et Atlanta. À ce jour, plus de 250 000 trajets payants par semaine sont enregistrés sur ces cinq zones.
Sundar Pichai, PDG d’Alphabet, a d’ailleurs déclaré lors des résultats trimestriels : « Il y a une option future autour de la propriété individuelle qui pourrait s’appliquer aux véhicules. ». De quoi faire rêver les fans de conduite zéro intervention, sans pour autant donner un échéancier crédible. Waymo avait par ailleurs déjà laissé entendre une telle ambition… en 2018. Depuis ? Silence radio. Le projet revient donc sur le devant de la scène, porté cette fois par un partenaire industriel de taille.
Entre robotaxis et abonnements, une stratégie encore floue
Dans les faits, Waymo mise sur un modèle à double entrée : maintenir son réseau de robotaxis tout en ouvrant la porte à une offre d’abonnement pour les particuliers. Un scénario opposé à celui de Tesla, dont le système de pilotage automatique nécessite encore une surveillance humaine permanente.
Le développement conjoint d’une plateforme pourrait permettre une réduction significative des coûts de production, condition sine qua non à une adoption de masse. Mais les incertitudes demeurent : aucun détail technique n’a filtré, aucun modèle Toyota spécifique n’est encore concerné. L’ombre du concept Woven City – projet de ville-laboratoire autonome au Japon – plane sans précision.
Vers une transformation en profondeur de l’industrie automobile
Cet accord illustre une mutation stratégique profonde du secteur automobile. D’un côté, les géants de la tech comme Waymo veulent monétiser leur savoir-faire logiciel en l’intégrant aux modèles grand public. De l’autre, les constructeurs comme Toyota cherchent à rattraper le retard accumulé face à Tesla sur le plan de la conduite autonome.
De son côté, Waymo n’en est pas à son premier partenariat : des projets sont en cours avec Hyundai (fournisseur d’Ioniq 5 pour la flotte robotaxi) et Jaguar (avec le modèle I-PACE testé à Tokyo). Le choix de Toyota, premier vendeur de voitures au monde, marque une montée en puissance claire dans ses ambitions.
Une annonce, beaucoup d’attentes, mais encore peu de concret
En somme, ce partenariat Waymo-Toyota pourrait bien changer la donne… à condition qu’il passe la seconde. Pour l’instant, il reste une déclaration de principe, sans livrable identifié, ni horizon calendaire ferme.
Et pourtant, la perspective de pouvoir acheter – ou s’abonner à – une voiture autonome équipée du système Waymo fait déjà fantasmer les investisseurs. C’est une promesse : celle d’un avenir sans accident, sans volant, sans effort. Une promesse que Toyota et Waymo devront désormais concrétiser, au-delà du marketing.