Titres-restaurant : le gouvernement sauve les courses en supermarché

Un dispositif élargi pendant la crise sanitaire, contesté par les restaurateurs, mais plébiscité par les salariés : les titres-restaurant vont rester utilisables dans les supermarchés. Et ce n’est pas la seule nouveauté.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 18 juin 2025 10h35
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titres-restaurant-usage-courses-consommation - © Economie Matin
81%81 % des salariés estiment que les titres-restaurant améliorent leur pouvoir d’achat

Le 17 juin 2025, la ministre déléguée au Commerce Véronique Louwagie a officialisé une décision très attendue. Les titres-restaurant, ces moyens de paiement partiellement pris en charge par l’employeur pour les repas des salariés, continueront d’être acceptés dans les supermarchés après le 1ᵉʳ janvier 2027, prolongeant ainsi une mesure initiée durant la pandémie de Covid-19. En toile de fond, une réforme d’ampleur se prépare.

Usage élargi des titres-restaurant : une décision entérinée pour les supermarchés

Instaurée en 2020 pour faire face à la fermeture des établissements de restauration, la possibilité d’utiliser les titres-restaurant pour des achats alimentaires en grande distribution devait prendre fin le 31 décembre 2026. Le gouvernement a finalement décidé de pérenniser cette mesure, permettant aux salariés de continuer à régler leurs courses avec ce dispositif.

Véronique Louwagie a confirmé dans Ouest-France : « Deux points sont décidés : la pérennisation du dispositif pour les produits non directement consommables et la dématérialisation. » L’objectif est de soutenir le pouvoir d’achat tout en offrant plus de flexibilité aux utilisateurs. Près de 6 millions de Français bénéficient aujourd’hui de ces titres pour financer une partie de leurs repas.

Un choc pour les restaurateurs, qui dénoncent un détournement de l’usage

La mesure ne fait pas l’unanimité. Les restaurateurs, déjà affaiblis par la crise sanitaire, y voient un manque à gagner. Selon l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), cette pérennisation est un « mauvais coup porté aux restaurateurs », relaye Le Monde.

Ils dénoncent un "détournement" du principe initial, qui réservait les titres-restaurant à la consommation immédiate de repas dans des établissements agréés. Pour tenter de calmer la colère du secteur, la ministre a évoqué une hypothèse de double plafond, qui permettrait un montant plus élevé en restauration qu’en grande distribution. « Cette solution est prise très au sérieux », a-t-elle déclaré à Ouest-France, tout en précisant la nécessité de « vérifier sa faisabilité juridique ».

Une réforme structurelle et une dématérialisation totale à venir pour les titres-restaurant

Autre volet important de la réforme : la fin du format papier. À compter du 1ᵉʳ janvier 2027, les titres-restaurant seront entièrement dématérialisés, une mesure motivée par la complexité de gestion du papier pour les professionnels.

Véronique Louwagie prévient : « Les émetteurs doivent anticiper pour ne plus avoir de stocks de papier au 1ᵉʳ janvier 2027. » Ce virage numérique s’inscrit dans les recommandations formulées fin 2023 par l’Autorité de la concurrence, qui préconisait déjà cette modernisation obligatoire du secteur.

La réforme des titres-restaurant pensée à l’origine pour accompagner les repas des salariés, ce dispositif s’adapte désormais à une réalité post-Covid, où flexibilité, numérisation et pouvoir d’achat guident les choix politiques. Reste à voir si les tensions entre distributeurs, restaurateurs et startups innovantes trouveront un terrain d’entente d’ici 2027.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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