Entre quête de bonnes affaires et conscience écologique, un marché longtemps perçu comme secondaire impose désormais ses codes. Dans ce nouveau paysage, le smartphone reconditionné n’est plus un simple plan B, mais une alternative assumée. Et la France joue les pionnières. Pourquoi ?
Smartphones reconditionnés : pourquoi les Français en sont friands ?

Le 22 avril 2025, le groupe Recommerce a publié la dernière édition de son Baromètre annuel, réalisé avec Kantar. Il révèle une tendance de fond qui se confirme : les smartphones reconditionnés séduisent de plus en plus de consommateurs, en particulier en France. Une évolution qui s’explique par un cocktail d’incitations économiques et écologiques, mais aussi par une structuration accrue du secteur.
En France, le smartphone d’occasion sort de l’ombre
Avec 22 % de smartphones utilisés provenant du marché de l’occasion, la France se hisse en tête des pays européens. En comparaison, la moyenne continentale plafonne à 15 %, avec des pays comme l’Allemagne (17 %), la Belgique (15 %) ou encore l’Italie (10 %) en retrait.
Selon le Baromètre Recommerce 2025, cette progression place l’Hexagone dans une position de leader sur un segment encore jeune mais en pleine structuration. En 2024, la part de smartphones d’occasion en circulation était déjà significative (20 %), mais elle a encore grimpé en un an, preuve d’un changement d’habitude bien ancré.
Ce virage n’est pas qu’un effet de conjoncture. Comme l’expliquent Les Échos (18 février 2025), « le smartphone n'échappe pas aux arbitrages budgétaires des ménages, il figure même en première ligne dans les équipements de la maison à en faire les frais ». La réalité économique pousse donc à des choix plus malins.
Recyclage et reconditionnement : les deux piliers d’un changement de paradigme
Derrière ce glissement vers l’occasion, deux forces motrices : le prix et l’environnement.
Le facteur économique domine largement : 72 % des Français ayant opté pour un mobile d’occasion évoquent le coût comme principal levier, contre 66 % en moyenne en Europe. Dans un contexte d’inflation persistante, ce critère devient un déclencheur massif.
Mais la conscience écologique progresse. En France, 36 % des répondants déclarent vouloir encourager le réemploi, un niveau supérieur à la moyenne européenne (35 %), même si l’Espagne (42 %) ou le Portugal (39 %) font légèrement mieux.
Il est important de rappeler ici la définition étendue du "mobile d’occasion" utilisée dans le baromètre : elle englobe à la fois les appareils achetés entre particuliers et ceux reconditionnés par des professionnels, ces derniers offrant un service complet (réinitialisation, nettoyage, garantie).
Et c’est précisément sur ce segment professionnel que s’exerce la poussée la plus spectaculaire. Comme le rappelle Recommerce Group, « une large majorité des consommateurs connaissent désormais l’existence d’alternatives au neuf et nous observons que cette tendance s’étend au-delà des marchés occidentaux historiques ».
Revendre son smartphone : une Europe à deux vitesses
Côté revente, la France affiche un léger retard : seulement 32 % des Français disent avoir revendu leur ancien mobile, en dessous de la moyenne européenne (33 %). L’Allemagne (43 %) et les Pays-Bas (44 %) prennent clairement l’avantage.
Mais cette dynamique pourrait évoluer rapidement. Le potentiel est là : 37 % des Français envisagent de revendre leur smartphone actuel, au même niveau que la Belgique et juste derrière l’Allemagne (41 %). La Suisse (53 %) et les Pays-Bas (51 %) devancent largement.
Un autre chiffre interroge : 13 % des Français préfèrent donner leur ancien téléphone à un proche, un comportement très marqué au Portugal (20 %), mais bien en dessous de la moyenne européenne. Le marché du reconditionnement pourrait en profiter, tant les habitudes de revente sont en train d’évoluer.