Un candidat à l’Élysée propose de revoir notre modèle de retraite. Le ministre de l’Économie Éric Lombard met son veto.
La retraite par capitalisation, c’est pour bientôt ?

Édouard Philippe relance le débat sur la retraite par capitalisation. Éric Lombard dit non. Mais derrière ce désaccord, ce sont nos futures pensions qui sont en jeu. Et peut-être bien plus.
C’est quoi, la retraite par capitalisation obligatoire ?
Ce n’est pas le bon moment. C’est, en substance, ce qu’a répondu Éric Lombard à Édouard Philippe. « En faire un élément obligatoire, je ne suis pas sûr que ce soit le bon moment. On a des priorités plus brûlantes sur la question des retraites ». Le ministre a été clair lors de son entretien à France Inter/France Info/Le Monde, le 8 juin 2025.
Première objection : l’inégalité. Dans le système actuel, seuls ceux qui peuvent mettre de côté, donc les plus aisés, peuvent profiter d’une retraite par capitalisation. « Ce sont ceux qui ont de l’argent […] qui peuvent le placer », a rappelé Lombard. Deuxième souci : qui paie ? L’État ? Les entreprises ? « Les marges sont serrées, il n’y a pas de quoi prélever. »
Dans notre système actuel, les actifs financent directement les pensions des retraités : c’est la répartition. La capitalisation, c’est autre chose. Chaque personne épargne pour elle-même, sur un compte individuel, via des placements. Le montant de sa pension dépend donc de ce qu’elle aura mis de côté au fil de sa carrière.
La version « obligatoire » que propose Édouard Philippe, c’est d’imposer à chacun de placer une partie de ses revenus dans un dispositif spécifique (par exemple, 15 % du salaire), en plus du régime actuel. L’idée ? Anticiper la baisse du ratio actifs/retraités dans les années à venir.
Budget 2026 : pas d’austérité, mais pas de chèque en blanc non plus
La proposition d’Édouard Philippe, annoncée le mercredi 5 juin, part d’un constat simple : notre société vieillit, les naissances chutent, il faut changer le modèle. Il propose donc une dose de capitalisation, à hauteur de 15 %, pour compléter le système actuel.
Mais dans un contexte de pouvoir d’achat sous pression, est-ce vraiment réaliste ? Imposer aux salariés, tous revenus confondus, de mettre 15 % de côté, ce n’est pas neutre. Surtout quand les prix restent élevés et que les marges des entreprises sont, elles aussi, à la peine.
Lombard, lui, pense à court terme. Et il a un autre sujet en tête : le budget 2026. Objectif affiché : 40 milliards d’euros d’économies, sans hausse d’impôts. « Nous n’augmenterons pas les impôts dans leur ensemble », a-t-il affirmé. Ce sera donc serré, mais sans cure d’austérité. En tout cas, officiellement.
Une hypothèse d’« année blanche » circule : un gel des budgets, secteur par secteur. Tout le monde devra faire sa part. Y compris les ministères, y compris les fonctionnaires. Le ministre l’a dit : « Il faut qu’on engage la baisse du nombre de fonctionnaires ». Une tendance que la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin veut, elle aussi, inverser : « revoir cette tendance » à la hausse des effectifs, expliquait-elle au Journal du dimanche le 7 juin 2025.