Le 27 mars 2025, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) a dévoilé son rapport annuel sur le marché de l’assurance-vie, confirmant les résultats de l’année 2024.
2,6 % pour les fonds euros : l’assurance-vie défie le Livret A

Dans un environnement financier toujours plus mouvant, les intérêts servis par les assureurs et les montants investis par les ménages ont esquissé une trajectoire que peu d’experts avaient anticipée. Si l'épargne a trouvé refuge dans ces produits, c’est que le contraste avec les placements concurrents est devenu difficile à ignorer.
Assurance-vie : des rendements en 2024 dopés par des arbitrages bien rodés
Qui aurait parié sur un tel retournement ? Après des années de décollecte partielle, l’assurance-vie a signé en 2024 une collecte nette spectaculaire de 22,8 milliards d’euros, selon l’ACPR. Un niveau jamais atteint depuis 2011. Le moteur ? Une augmentation de 10 % des primes, portée par des flux massifs d’argent dirigés vers des contrats plus rémunérateurs.
Le paradoxe ? Cette ruée vers l’assurance-vie s’est faite dans un contexte de déclin du rendement d’autres placements. Ainsi, pendant que le taux du Livret A chutait de 3 % à 2,4 % au 1er février 2025, les supports euros voyaient leur taux de revalorisation se maintenir à 2,6 %, selon une estimation préliminaire validée à la fois par l’ACPR et France Assureurs.
Assurance-vie : le soutien sans faille des unités de compte en 2024
Le maintien de taux compétitifs sur les fonds euros ne suffit pas à expliquer l’ampleur du rebond. En réalité, ce sont les supports en unités de compte (UC) qui continuent de tirer le marché. Avec une collecte nette de 25,5 milliards d’euros, ils ont dominé les flux.
Le rendement des UC ? Un solide 9 % en moyenne pour l’année 2024, contre 6,5 % l’année précédente. Les fonds actions ont affiché +14,2 %, tandis que les fonds à allocation d’actifs culminaient à +8,25 %. Même les fonds immobiliers, en recul, ont limité la casse.
Mais cette performance cache une réalité plus contrastée. « Les premières estimations du taux de revalorisation font ressortir des revalorisations hétérogènes parmi les assureurs », souligne l’ACPR dans son rapport. Et pour cause : si certains fonds euros ont dépassé les 4 %, d’autres ont peiné à atteindre les 2 %, souligne Capital.
Assurance-vie : les bancassureurs raflent la mise grâce à leur stratégie de volume
Autre révélateur, et non des moindres : la fracture entre organismes. En 2024, les bancassureurs ont capté l’essentiel de la collecte nette avec 24,6 milliards d’euros, quand les autres acteurs affichaient encore un solde négatif de -1,8 milliard.
Ce n’est pas un accident. En misant sur les unités de compte, les bancassureurs ont profité d’un effet volume et d’un accès privilégié aux canaux de distribution. Ils concentrent 66 % des primes UC en 2024, contre 54 % deux ans plus tôt.
Et même sur les supports euros, la dynamique s’est inversée. La décollecte a été contenue à -2,7 milliards d’euros, un redressement de plus de 30 milliards par rapport à 2023.
Assurance-vie : les contrats non rachetables s’imposent en épargne retraite
À ne pas négliger dans cette photographie : les contrats non rachetables, portés principalement par les Plans d’Épargne Retraite (PER), ont généré une collecte nette positive de 5,2 milliards d’euros. Une performance largement tirée par les 11,2 milliards d’euros injectés dans les PER, tandis que les autres contrats non rachetables accusaient une décollecte de 5,9 milliards.
Les organismes de retraite professionnelle supplémentaire (ORPS) et les assureurs traditionnels ont contribué à cette dynamique. À fin 2024, les provisions sur contrats non rachetables s’élevaient à 279 milliards d’euros, dont 119 milliards spécifiquement sur les PER.
Assurance-vie : des arbitrages stratégiques et des comportements plus matures
L’année 2024 a vu un net infléchissement des rachats. Ils ont chuté de 11,1 %, atteignant 75,7 milliards d’euros. Le taux de rachat est passé de 5,4 % à 4,8 % sur les supports en euros. Une tendance que l’on doit en partie à la baisse de la mortalité (-5,2 % en 2023 selon l’INSEE) et à la performance retrouvée des produits.
Mieux : les arbitrages nets, longtemps favorables aux UC, se sont inversés à hauteur de 1,5 milliard en faveur des fonds euros. Ce retour en grâce des supports garantis semble être le fruit d’une stratégie prudente, voire d’une désillusion partielle sur les risques des UC.
L'assurance-vie retrouve la confiance des ménages
Si les produits d’assurance-vie ont su retrouver les faveurs des ménages, c’est autant grâce aux rendements qu’aux signaux psychologiques envoyés par les organismes. L’utilisation de la provision pour participation aux bénéfices (PPB), réduite de 4,5 % à 3,9 % des réserves, confirme un volontarisme assumé pour maintenir l’attractivité des supports euros.