Quarante milliards d’euros. C’est le chiffre qui revient sans cesse dans les couloirs de Bercy. Le montant à trouver. Le montant à couper. Et pour y parvenir, le FMI met les points sur les i : il faudra trancher dans le dur.
Dette publique : le FMI met la pression sur le gouvernement français

Le FMI hausse le ton. Le message est clair, mais le chantier s’annonce explosif. Entre avertissements, pistes d’économies et réformes sensibles, l’institution internationale pose ses conditions. Et Bercy n’a plus vraiment le choix.
Un diagnostic sévère du FMI sur les finances françaises
Le ton est sec, sans détour. Dans son rapport annuel publié le 22 mai 2025, le FMI avertit : sans « mesures additionnelles significatives », la France restera scotchée à un déficit public autour de 6 % du PIB, avec une dette qui grimpera jusqu’en 2030. Traduction : l’objectif des 3 % de déficit en 2029, fixé par le gouvernement, reste hors de portée sans un virage clair. Le FMI ne conteste pas la trajectoire affichée par Paris, mais en exige la concrétisation. Et vite. « L’engagement des autorités françaises (…) doit être étayé par un ensemble de mesures bien défini et crédible », écrivent les experts dans leur rapport Article IV.
Le message est frontal. Hausser les impôts, non. Réduire la dépense publique, oui. Pour l’institution basée à Washington, la France n’a plus la marge pour jouer sur la fiscalité. Déjà parmi les champions d’Europe en matière de pression fiscale, le pays risquerait d’étouffer sa croissance s’il misait uniquement sur cet outil. « Un redressement continu (…) qui passerait uniquement par la fiscalité pèserait sur la confiance des entreprises, la consommation des ménages et le potentiel de croissance », précise le FMI. À la place ? Une rationalisation des dépenses, à tous les niveaux : État, sécurité sociale, collectivités.
Quarante milliards d’économies ou le crash budgétaire en 2026
L’objectif est posé : 40 milliards d’euros à économiser en 2026. Et ce n’est pas une option. Le ministre de l’Économie, Éric Lombard, a beau insister sur la « crédibilité » du plan gouvernemental, le compte n’y est pas encore. À l’heure actuelle, les pistes avancées restent floues. En avril 2025, on évoquait une répartition : 14 milliards pour l’État, 8 milliards pour les collectivités, 18 milliards pour les dépenses sociales. Mais les arbitrages concrets ? Toujours rien. Le référendum avancé par le Premier ministre François Bayrou ? Abandonné. Le seul point tangible pour l’instant, c’est la volonté de supprimer certaines niches fiscales et de fusionner des agences publiques.
C’est là que le dossier devient brûlant. Le FMI n’y va pas par quatre chemins : il recommande d’agir sur les retraites et l’assurance-chômage. Allonger la durée d’indemnisation, revoir l’éligibilité, harmoniser les régimes… Bref, continuer dans la logique de la réforme de 2023. Mais ces pistes semblent presque inaccessibles, tellement ces mesures sont impopulaires. L’institution elle-même le reconnaît : « La fragmentation politique et les tensions sociales pourraient retarder les efforts de consolidation budgétaire », peut-on lire dans le rapport. Traduction : sans majorité à l’Assemblée, l’exécutif risque de s’engluer.
Le FMI insiste sur une chose : l’effort de redressement doit être « équitable et juste ». Facile à dire. Car trancher dans les dépenses sociales, toucher aux régimes spéciaux ou aux abattements fiscaux, c’est ouvrir un baril de poudre. Le gouvernement le sait. D’autant plus que la croissance ne viendra pas jouer les sauveurs : l’institution table sur une hausse du PIB de 0,6 % cette année. Autant dire : peau de chagrin. Alors, que faire ? Attendre que la tempête passe ? Risqué.