Sous les glaciers qui fondent, la Terre gronde. Des signes se multiplient, discrets mais implacables. Un basculement pourrait se jouer dans les profondeurs et à la clé une potentielle multiplication d’éruptions volcaniques. Explications.
La fonte des glaces va réveiller des dizaines de volcans

Le 8 juillet 2025, une étude internationale publiée dans Nature Geoscience a mis en lumière un enchaînement de phénomènes d’une redoutable simplicité : la fonte accélérée des calottes glaciaires due au réchauffement climatique pourrait libérer des centaines de volcans aujourd’hui inactifs. Ce constat, étayé par des données relevées en Islande, au Chili, en Antarctique et en Alaska, interpelle la communauté scientifique : le risque d’éruption en chaîne devient une hypothèse crédible. Ces volcans, endormis sous la glace, pourraient retrouver toute leur capacité éruptive, avec des conséquences potentiellement graves.
Fonte des glaces : un détonateur sous-estimé d’éruptions de volcans oubliés
C’est un problème ignoré jusque-là, et qui vient se rajouter aux dizaines d’effets néfastes du réchauffement climatique comme les phénomènes météo extrêmes, l’augmentation du niveau de la mer ou encore la sécheresse : les éruptions volcaniques. Pourquoi ? Simple : la pression exercée par les glaciers agit comme un couvercle sur les chambres magmatiques profondes. Lorsque cette masse glacée fond, la croûte terrestre se détend et favorise la remontée du magma. Le volcan Öræfajökull, en Islande, en est l’un des cas les plus surveillés. Le 18 mars 2025, une étude publiée dans Nature a révélé « une recrudescence de l’activité sismique et des mouvements internes suggérant une reconfiguration active de la chambre magmatique ».
Les scientifiques redoutent que ce mécanisme ne soit à l’œuvre simultanément dans plusieurs régions. Selon le géophysicien Thomas Walter, cité par The Guardian, « chaque glacier qui disparaît représente un déblocage géologique potentiel, capable d’engendrer des phénomènes explosifs ».
Éruptions volcaniques à cause du réchauffement climatique : un signal d’alerte venu d’Alaska
L’Alaska offre un aperçu glaçant des risques à venir. Le Mont Spurr, stratovolcan recouvert de glace à 129 kilomètres d’Anchorage, montre des signes d’agitation préoccupants. Dans son bulletin hebdomadaire du 11 avril 2025, l’USGS (U.S. Geological Survey) indique que « l’activité sismique reste élevée avec 55 séismes localisés en une semaine ». Bien que le volcan soit placé au niveau d’alerte “advisory” (vigilance), des effondrements de glace dans le cratère ont été observés, accompagnés de petites avalanches de neige.
Les équipes de l’USGS précisent que « toute éruption serait précédée de signaux supplémentaires, mais les indices actuels suffisent à justifier une surveillance renforcée ». La dernière éruption majeure du Mont Spurr remonte à 1992. Depuis, les scientifiques ont observé une lente mais constante montée de l’activité géophysique, amplifiée depuis que les couches glaciaires s’amincissent.
120 volcans actifs de plus dans le monde ?
Le rapport publié par Phys.org le 7 juillet 2025 tire la sonnette d’alarme : « la fonte des glaciers dans les Andes et en Antarctique pourrait exposer près de 120 volcans à une perte de stabilité magmatique, avec un risque d’éruptions synchronisées ». Les chercheurs s’appuient sur des simulations satellites et des modélisations topographiques pour démontrer que les régions volcaniques recouvertes de glace forment des systèmes mécaniquement sensibles. Les volcans du sud du Chili et de la péninsule antarctique seraient particulièrement vulnérables. Le volcanologue Sebastian Watt précise : « nous ne parlons pas d’une théorie. Nous observons déjà les précurseurs d’une instabilité en cascade. »
Ce qui rend l’inquiétude si vive chez les chercheurs, c’est la convergence des données. À travers tous les continents, les signaux s’accumulent : micro-séismes, gonflements de terrain, variations thermiques. Live Science rapporte que ces indices sont « identifiés sur les calottes glaciaires du Groenland, sur le volcan Hudson au Chili, et dans plusieurs zones volcaniques du continent antarctique ». Le professeur Hugh Tuffen y déclare : « La pression sur le manteau diminue, ce qui libère des gaz dissous dans le magma. Cela accroît brutalement son potentiel explosif ».
2030 : la décennie des volcans ?
À ce stade, aucune éruption directe n’a encore été attribuée à la fonte des glaces. Mais selon Daily Mail, les scientifiques estiment que « le basculement peut survenir dans la décennie en cours si le rythme actuel de fonte se poursuit ». Ce n’est plus la seule activité tectonique qui dicte les éruptions. C’est désormais le climat, via la glace, qui agit en déclencheur.