À partir du 1er juillet, les pharmacies de garde déclenchent une grève illimitée. En cause : une réforme qui bouleverse leur équilibre financier.
Pharmacies de garde en grève à partir du 1er juillet 2025, des milliers d’emplois menacés
Dès le mardi 1er juillet 2025, les pharmacies de garde entament une grève sans limite de durée. Cette mobilisation nationale est provoquée par une réforme du gouvernement qui fragilise, selon les professionnels, la viabilité financière même des officines. Derrière le geste syndical, c’est une alerte économique massive que lancent les pharmaciens. Les prévisions sont alarmantes : pertes de revenus, licenciements, fermetures en cascade.
Une réforme qui taille dans les marges des pharmacies
Le cœur de la crise réside dans un plafonnement des remises commerciales accordées aux pharmaciens sur les médicaments génériques, hybrides et biosimilaires. Ces remises, qui constituaient une part significative de leurs revenus non régulés, seront désormais limitées à 20–25 % contre 40 % auparavant, et à 15 % pour les biosimilaires. Cette décision, inscrite dans un plan d’économies de 600 millions d’euros voulu par l’État, modifie en profondeur les mécanismes de marge commerciale des officines.
D’après les données de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), cela équivaut à une perte annuelle de 80 000 euros par pharmacie, soit environ un tiers du résultat net moyen des entreprises concernées. Ces montants ne sont pas compensés, ce qui alimente un risque systémique pour les plus petites structures.
Une filière en péril : 800 fermetures redoutées
L’économie officinale, déjà fragilisée par la hausse des charges salariales et logistiques, se trouve menacée d’effondrement partiel. “Nos ressources financières vont diminuer d’un tiers. Cela va directement impacter notre économie”, déclare Élise Palfray, pharmacienne au Havre, citée par France 3 Normandie.
Selon les estimations croisées des syndicats, 800 pharmacies pourraient fermer, mettant en péril 20 000 emplois qualifiés. Les zones rurales et périurbaines, dépendantes de quelques points de distribution, seront les plus touchées par cette potentielle désintégration du tissu officinal.
Le modèle économique des gardes à bout de souffle
Les gardes de nuit, longtemps assurées sans véritable contrepartie, sont devenues le terrain d’expression du malaise économique. En temps normal, ces gardes représentent un coût humain élevé pour un rendement financier faible, souvent amorti par les remises commerciales aujourd’hui attaquées.
Avec la réforme, l’équation économique devient intenable. “Chaque officine aura environ 80 000 € en moins de chiffre d’affaires”, expliquait le 30 juin Alex Maillerbaux, pharmacien gréviste à Belfort, dans une interview à la radio Ici Belfort-Montbéliard (ex-France Bleu).
Sans réforme de leur modèle économique, les officines ne peuvent plus absorber les contraintes d’un service continu sans dotation adaptée.
Les pharmaciens réclament une compensation structurelle
La grève illimitée n’est donc pas seulement une contestation syndicale : c’est une revendication économique. Les pharmaciens demandent à l’État soit le retrait pur et simple du plafonnement des remises, soit la mise en place d’une compensation structurelle. Faute de quoi, préviennent-ils, la continuité territoriale des soins sera compromise.
Une mobilisation est prévue le 1er juillet à Paris, sur l’esplanade des Invalides. Treize syndicats de professionnels de santé y participeront, dénonçant également les 1,7 milliard d’euros d’économies annoncés sur les dépenses de santé pour 2025.