Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a annoncé le 25 juillet « une bascule historique ». Le coût des énergies renouvelables est désormais inférieur à celui des combustibles fossiles.
L’ONU sonne la fin du pétrole : les renouvelables deviennent plus rentables

Le dernier rapport de l’IRENA (Agence internationale pour les énergies renouvelables) ne laisse place à aucun doute. En 2024, 91 % des nouveaux projets d’énergies renouvelables affichaient un coût inférieur à celui des équivalents fossiles. Le solaire photovoltaïque est désormais 41 % moins cher que l’alternative fossile la plus compétitive du marché. Quant à l’éolien terrestre, ses coûts sont divisés par deux. « Il n’y a pas de flambée des prix pour la lumière du soleil, pas d’embargo sur le vent », a ironisé António Guterres dans une déclaration relayée par The Guardian.
Un basculement financier majeur : le pétrole dépassé par le renouvelable
Derrière ce tournant se cache une réalité économique : en 2024, les investissements mondiaux dans les énergies renouvelables ont atteint 2 000 milliards de dollars, soit environ 1 840 milliards d’euros. Ce montant dépasse de 800 milliards de dollars les sommes injectées dans les filières fossiles, selon IRENA et Reuters. Trois facteurs principaux expliquent cette évolution spectaculaire :
- La montée en puissance de l’industrialisation bas carbone, portée par la Chine.
- La démocratisation des technologies compatibles avec le renouvelable.
- L'effet d’entraînement provoqué par des investissements massifs à l’échelle planétaire.
Le résultat ? Une croissance exponentielle des capacités. En 2024, les renouvelables ont représenté 92,5 % des nouvelles capacités installées et 74 % de la hausse de la production électrique mondiale, selon Associated Press.
Pression sur les géants de la Tech : 100 % d’électricité verte d’ici 2030
L’appel lancé par António Guterres vise aussi un autre acteur-clé : l’industrie technologique. Google, Microsoft, Amazon… tous sont sommés de s’engager à consommer 100 % d’électricité bas carbone d’ici à 2030. Un objectif ambitieux, justifié par l’explosion de la demande énergétique liée aux centres de données et aux systèmes d’intelligence artificielle.
Les géants du numérique ont déjà investi massivement dans les infrastructures renouvelables. Mais le secrétaire général de l’ONU prévient : sans amélioration des réseaux électriques et une montée en puissance de la régulation, ces efforts resteront vains. Aujourd’hui, seulement 60 centimes sont investis dans les réseaux pour chaque dollar injecté dans la production, une inadéquation dénoncée par IRENA.
L’hémisphère sud en retard, les tensions géopolitiques s’accentuent
Ce basculement mondial masque des fractures. En Afrique, les nouvelles capacités renouvelables installées en 2024 ne représentent que 2 % du total mondial, selon Reuters. Les raisons : un coût du financement prohibitif, des infrastructures vieillissantes, des risques géopolitiques et une faible couverture des réseaux.
António Guterres met en garde contre les « actifs échoués » (stranded assets) qui pourraient miner les économies dépendantes du pétrole, notamment au Moyen-Orient, en Asie centrale et en Afrique subsaharienne. L’inaction des États risque d’aggraver l’instabilité régionale et de compromettre la transition climatique mondiale.
Subventions fossiles : le scandale persiste
Alors que le renouvelable surpasse désormais le pétrole en coût et en rentabilité, les subventions accordées aux énergies fossiles demeurent colossales. En 2023, les États ont versé 620 milliards de dollars aux filières pétrolières, gazières et charbonnières, contre 70 milliards seulement pour les filières propres.
Un déséquilibre qui, selon IRENA, « freine la transition énergétique et désavantage les pays en développement ». Guterres exhorte à une suppression progressive mais ferme de ces soutiens financiers, en particulier dans les pays de l’OCDE.