Hausse modeste ou signal d’alarme ? Entre les tarifs révisés et les missions de service public sous tension, une décision sur le prix du timbre risque une nouvelle fois de faire grincer les dents des clients de La Poste.
La Poste : le prix des timbres augmentera 7 fois plus vite que l’inflation

Le 28 juillet 2025, La Poste a officialisé une nouvelle évolution de ses tarifs qui interviendra dès le 1er janvier 2026. Une annonce qui touche l’ensemble des usagers, particuliers comme entreprises, dans un contexte d’inflation persistante et de transformation rapide du marché postal.
La Poste ajuste ses tarifs : quels prix pour lettres et colis dès 2026 ?
À compter de janvier 2026, La Poste mettra en place une augmentation moyenne de 7,4 % sur l’ensemble de ses produits courrier et colis. Cette hausse s’inscrit dans une stratégie de soutien économique au service universel postal, régulièrement fragilisé par la baisse constante des volumes. Une augmentation bien supérieure à l’inflation qui, elle, est attendue aux alentours de 1 % en 2025 selon les premières estimations de la Banque de France de juin 2025.
Le prix de la Lettre verte de 20 grammes — mode d’envoi le plus courant — passera de 1,39 euro en 2025 à 1,50 euro en 2026. Une évolution qui marque un tournant symbolique, l’affranchissement standard franchissant pour la première fois le seuil psychologique d’un euro cinquante.
Les autres timbres suivront la même tendance :
- La Lettre services Plus, introduite pour combler la suppression du timbre rouge, atteindra 3,30 euros, contre 3,15 euros l’année précédente.
- La Lettre internationale (≤ 20 g), en forte demande malgré une légère décroissance, grimpera à 2,25 euros, après avoir été fixée à 2,10 euros en 2025.
- Le tarif de la Lettre recommandée (20 g) progressera également, passant de 5,74 euros à 6,10 euros.
- Côté colis, un Colissimo national ≤ 250 g coûtera 5,39 euros, contre 4,99 euros en 2025.
Selon La Poste, « cette évolution tarifaire permet de garantir le financement du service universel postal », explique Europe 1.
Les prix de La Poste font fi de l'inflation réelle
Les prix évoluent, mais à quel rythme par rapport à l’économie générale ? Pour 2025, selon les prévisions de la Banque de France, l’inflation annuelle moyenne devrait se situer sous la barre des 2%, loin des 7,4 % décidés par La Poste. En 2024 déjà, l’augmentation des tarifs postaux atteignait 6,8 %, dépassant l’inflation qui s’était établie à seulement 1,4 %. Ce décalage interroge sur l’équité de l’effort demandé aux usagers, notamment dans les foyers modestes ou les zones rurales à faible couverture numérique. L’ajustement dépasse donc une simple indexation sur les coûts et semble répondre à des contraintes structurelles plus profondes.
La baisse continue des volumes de courrier, estimée à environ 8 % par an depuis 2020 selon les estimations internes du groupe, pèse lourdement dans les arbitrages tarifaires. Pour La Poste, il s’agit d’une "nécessité économique", liée à la raréfaction des envois physiques dans un monde de plus en plus numérisé. L’enjeu devient alors celui de la survie d’un modèle : maintenir un service accessible et universel malgré une rentabilité en chute libre.
Timbres, colis, prix et arbitrages : à qui profite l’effort ?
Le courrier traditionnel continue de reculer, mais les colis, eux, restent au cœur d’un marché porteur, stimulé par le commerce électronique. Pourtant, la hausse annoncée pour 2026 ne fait pas exception de ce côté : Colissimo ≤ 250 g prend près de 8 %, atteignant 5,39 euros.
Alors, faut-il y voir un simple rattrapage ou une redéfinition complète de la grille tarifaire ? La question n’est pas anodine. Selon CNEWS, cette nouvelle politique devrait engendrer une dépense annuelle supplémentaire d’environ 5 euros par foyer, soit une ponction modeste à l’échelle individuelle, mais significative sur un plan macroéconomique.
Le mot-clé dans la stratégie de La Poste ? Soutenabilité. Le groupe ne cache pas que cette augmentation sert à absorber une partie des coûts liés aux obligations de distribution, notamment dans les zones peu densifiées, là où la mission de service public devient un fardeau économique.
Les arbitrages s’opèrent également sur le modèle de distribution : l’entreprise pousse les usagers vers des alternatives plus économiques comme l’e-lettre rouge, qui reste à 1,49 euro. Ce glissement progressif d’un service matériel vers une solution numérique répond aux injonctions du marché… mais aussi à un impératif budgétaire.
Timbres et colis : tous les nouveaux tarifs annoncés par La Poste pour 2026
L’annonce de La Poste du 28 juillet 2025 précise en détail les nouveaux montants qui s’appliqueront à partir du 1er janvier 2026. L’ensemble de la gamme courrier et colis est concerné, avec des hausses variables selon les formats. Chaque tarif est comparé ici à celui pratiqué en 2025, tel que publié par le site Service-Public.fr en décembre dernier.
La Lettre verte, format standard jusqu’à 20 grammes, passera de 1,39 euro à 1,50 euro, soit une augmentation de 11 centimes, ce qui représente +7,9 %. Cette hausse est l’une des plus visibles, car elle concerne le mode d’envoi le plus utilisé par les particuliers.
La Lettre services Plus, issue de la suppression du timbre rouge, grimpera de 3,15 euros à 3,30 euros. L’écart est de 15 centimes, soit une hausse de 4,8 %. C’est un ajustement plus modéré, mais qui confirme la montée progressive du coût des lettres suivies ou prioritaires.
La Lettre internationale, pour les envois vers l’étranger jusqu’à 20 grammes, connaîtra également une révision. Son prix sera porté à 2,25 euros, contre 2,10 euros en 2025. Le différentiel est de 15 centimes, équivalent à une hausse de 7,1 %.
La Lettre recommandée de 20 grammes, très utilisée pour les envois officiels ou contractuels, passera de 5,74 euros à 6,10 euros. L’augmentation est ici de 36 centimes, soit une progression de 6,3 %.
Fait notable : la e-lettre rouge, en version numérique, demeure inchangée à 1,49 euro. Elle est ainsi le seul produit à échapper à l’ajustement général, ce qui pourrait encourager La Poste à poursuivre la migration de ses usagers vers des formats entièrement numériques, moins coûteux en logistique.
Du côté des colis, la hausse est tout aussi tangible. Le Colissimo national de moins de 250 grammes, très utilisé pour les envois particuliers et professionnels, sera désormais facturé 5,39 euros, contre 4,99 euros en 2025. Cela représente 8 % d’augmentation, soit 40 centimes de plus par envoi.
Ainsi, en cumulant ces modifications, la dépense postale annuelle d’un foyer moyen pourrait croître d’environ 5 euros, selon les projections publiées par CNEWS. Même si cette somme peut paraître modeste à l’échelle individuelle, elle constitue un indicateur d’évolution structurelle dans la manière dont La Poste répartit désormais ses coûts de fonctionnement.