Les océans pourraient avoir franchi un seuil critique sous l’effet conjugué de vagues de chaleur extrêmes et prolongées. Depuis 2023, la température des mers explose, défiant les modèles climatiques actuels. Ce bouleversement pourrait instaurer une nouvelle norme thermique aux conséquences durables pour la planète entière.
Les océans basculent : alerte sur la montée durable des températures marines

Les océans frappés par une intensité thermique inédite
En 2023, la Terre a connu une poussée spectaculaire de vagues de chaleur marine : 96 % de la surface océanique mondiale a été touchée. L’Atlantique Nord et le Pacifique Sud-Ouest ont enregistré des températures record. Selon le climatologue Alex Sen Gupta, cité par Euronews : « nous savons que les vagues de chaleur marines sont devenues plus fréquentes et plus intenses à cause du réchauffement climatique. Nous savons aussi que l’El Niño qui a débuté en 2023 a permis à davantage de chaleur de pénétrer dans l’océan. Mais ces facteurs seuls ne suffisent pas à expliquer l’ampleur incroyable de la hausse de température amorcée en 2023 ».
Des chercheurs issus de Chine, des États-Unis et de Thaïlande ont identifié plusieurs mécanismes aggravants : une couverture nuageuse affaiblie, des vents moins puissants et une modification des courants marins. Ces éléments combinés auraient propulsé les océans dans une phase thermique totalement inédite.
Un emballement thermique exponentiel
Pour Zhenzhong Zeng, professeur à la Southern University of Science and Technology en Chine, les données indiquent que la chaleur stockée dans les océans augmente désormais de manière exponentielle. Ce phénomène remet en cause la fiabilité des projections issues des modèles climatiques existants.
Ce constat est partagé par The New York Times, qui précise que dès janvier 2024, plus de 40 % des océans étaient déjà dans un état de vague de chaleur marine. L’apparition de « super vagues de chaleur », épisodes de surchauffe prolongée et extrême, inquiète particulièrement les océanographes.
Des conséquences écologiques et humaines en cascade
Les océans jouent un rôle central dans la régulation du climat global en absorbant et en restituant progressivement l’énergie solaire. Lorsqu’ils se réchauffent trop, cette capacité tampon se dérègle, provoquant une chaîne d’effets à la fois marins et terrestres. Les écosystèmes marins sont en première ligne. Les vagues de chaleur prolongées entraînent des mortalités massives d’espèces, des migrations, et accélèrent le blanchissement des coraux.
Selon The New York Times, 84 % des récifs coralliens mondiaux ont subi un stress thermique entre janvier 2023 et mars 2025, avec pour conséquence une réduction de la capacité des océans à séquestrer le carbone. Sur les continents, la chaleur emmagasinée par les mers se propage via les brises marines, favorisant les incendies, les vagues de chaleur, les tempêtes et les sécheresses. La tempête Daniel, qui a frappé la Méditerranée en septembre 2023, en est une illustration frappante. Près de 6 000 victimes, et une intensité rendue « cinquante fois plus probable » par des températures de surface exceptionnellement élevées.
2025, la confirmation d’un tournant climatique
Les événements récents ne font que confirmer la tendance. Le 29 juin 2025, la Méditerranée a atteint 26,01 °C, un record historique pour ce mois, soit 3 à 4 °C au-dessus des moyennes saisonnières, d’après les relevés de Copernicus analysés par Météo-France. Ces anomalies thermiques bouleversent les cycles de reproduction, provoquent des proliférations d’algues toxiques, et favorisent l’apparition de méduses invasives.
Le Royaume-Uni, l’Irlande, l’Australie ou encore les côtes du Japon ont été touchés par des vagues de chaleur marines précoces et intenses. Les activités économiques maritimes, pêche, aquaculture, tourisme, sont directement menacées par cette nouvelle donne océanique.
Un avenir incertain, des mesures urgentes
Face à cette situation, certains scientifiques appellent à la prudence. Neil Holbrook, climatologue à l’Université de Tasmanie, déclare : « Nous ne savons pas ce qui se passera l’an prochain. Il est possible que les températures reviennent à une situation plus… disons, normale ».
Mais d’autres insistent sur l’urgence d’une action structurée. Jaci Brown, responsable climat au CSIRO en Australie, alerte, dans des propos rapportés par Euronews : « Alors que nous devons réduire d’urgence nos émissions de gaz à effet de serre, il est également crucial de continuer à mesurer, surveiller et modéliser ce que sera la Terre de demain. Sinon, nous avançons à l’aveugle, avec des conséquences désastreuses pour notre alimentation, notre santé et notre sécurité ».