Consommation : une moyenne de 175 vêtements par personne

Malgré des discours de plus en plus tournés vers la sobriété, les comportements d’achat vestimentaire des Français restent ancrés dans une logique d’accumulation. Une étude conjointe de l’ADEME et de l’ObSoCo, publiée en juillet 2025, dresse un constat précis : la surconsommation d’habillement est largement sous-estimée, tant dans sa fréquence que dans son impact environnemental.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 29 juillet 2025 14h00
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soldes-dhiver-2025-le-secteur-de-lhabillement - © Economie Matin
24% 24 % des personnes interrogées déclarent acheter sur des sites d’ultra-fast fashion

Une perception biaisée : le nombre de vêtements est bien plus élevé

Les personnes interrogées dans le cadre de l’enquête publiée fin juillet 2025 affirment acheter en moyenne 13 vêtements par an (hors accessoires, sous-vêtements et mode enfant). Pourtant, les visites effectuées à leur domicile révèlent une toute autre réalité : chaque individu possède en moyenne 175 vêtements, alors qu’il pense en détenir seulement 79. Cet écart montre à quel point la conscience des volumes accumulés est floue.

Par ailleurs, plus de 50 % des vêtements restent inutilisés dans les placards, parfois encore étiquetés. À l’échelle nationale, ce « stock dormant » représenterait 120 millions de pièces achetées depuis plus de trois mois, mais jamais portées ou portées moins de deux fois.

La fast-fashion séduit 45 % des Français

L’étude confirme que le critère économique l’emporte largement sur les considérations environnementales. Ainsi, 45 % des Français s’habillent dans des enseignes de fast fashion, connues pour renouveler leurs collections à un rythme rapide (Zara, H&M, Primark). Ces marques proposent des vêtements à bas prix, très accessibles, mais à forte empreinte carbone.

Simultanément, 42 % des acheteurs recourent à des plateformes de seconde main, principalement Vinted. Toutefois, ce choix n’est pas toujours motivé par une démarche écoresponsable. Pour plus de 30 % des utilisateurs, l’objectif est avant tout de revendre pour mieux racheter, prolongeant ainsi un cycle de consommation continue.

Plus préoccupant encore, 24 % des personnes interrogées déclarent acheter sur des sites d’ultra-fast fashion (Shein, Temu, Asos), qui lancent quotidiennement des milliers de nouveaux modèles. Ces consommateurs se distinguent par leur volonté affirmée de « pouvoir acheter beaucoup et renouveler souvent ».

Une empreinte environnementale lourde

Le coût environnemental de cette frénésie est considérable. Un jean vendu 20 € génère 23,2 kg de CO₂ équivalent pour sa fabrication, et mobilise jusqu’à 7 000 litres d’eau sur l’ensemble de son cycle de vie. À titre de comparaison, un modèle de qualité vendu 100 € n’en consomme que 3 500 litres et est porté deux fois plus longtemps.

Les techniques de production posent également problème. Certaines méthodes de délavage exposent les ouvriers à l’inhalation de particules de silice, tandis que le rejet de métaux lourds et de produits chimiques dans les écosystèmes demeure fréquent dans les pays producteurs. Ces pratiques sont souvent documentées dans les médias, notamment en Asie du Sud et de l’Est.

Malgré ces constats, seulement 19 % des Français reconnaissent faire des achats excessifs. Pour la majorité, l’achat de vêtements ne relève pas uniquement de la nécessité. Il est associé à des notions d’identité, de bien-être, d’intégration sociale, et s’inscrit dans une logique de consommation émotionnelle.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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