Dans le cadre du Budget 2026, la proposition de François Bayrou de supprimer deux jours fériés en France — notamment le lundi de Pâques et le 8 mai — a relancé une vieille question : les Français ont-ils réellement plus de jours fériés que leurs voisins ?
Jours fériés : La France en a bien moins que les autres pays

La réponse est formelle : non seulement la France n’est pas en tête des classements en termes de jours fériés, mais elle se situe même en dessous de la moyenne européenne, et bien loin des pays les plus généreux à l’échelle mondiale.
Jours fériés : en zone euro, la France dans la partie basse du classement
La zone euro regroupe actuellement 20 pays. Parmi eux, la France dispose de 11 jours fériés officiels, comme fixés dans le Code du travail, dont le 1er janvier, le lundi de Pâques, le 1er mai, le 14 juillet ou encore le 25 décembre. Ce nombre peut s’élever à 13 uniquement dans les départements d’Alsace-Moselle, où deux jours supplémentaires sont reconnus (le 26 décembre et le Vendredi saint), mais cette exception régionale ne modifie pas la base nationale.
Ce total place la France derrière de nombreux pays membres. L’Autriche, par exemple, compte 13 jours fériés. L’Italie en affiche 12, tout comme la Grèce, l’Espagne ou la Finlande. À Chypre, Malte ou en Slovénie, les citoyens bénéficient de 14 jours. En Lituanie, le calendrier officiel en recense même 15, un record partagé avec la Slovaquie et le Portugal. Même des pays souvent perçus comme économiquement rigoureux comme l’Estonie ou la Lettonie offrent respectivement 12 et 13 jours.
À l’inverse, seuls quelques États membres affichent un nombre inférieur ou équivalent à celui de la France. Les Pays-Bas, en bas de l’échelle, n’ont que 7 à 9 jours fériés selon les années, en raison du caractère non systématique de certaines fêtes. La Belgique, de son côté, en compte 10. Quant à l’Allemagne, elle affiche en moyenne 10 jours fériés, mais cette donnée varie fortement d’un Land à l’autre : certains territoires peuvent en compter jusqu’à 13. Ainsi, si la France passait effectivement de 11 à 9 jours, comme le propose François Bayrou, elle rejoindrait le peloton de queue composé du Danemark (10 jours), des Pays-Bas et de l’Irlande (9 jours).
Dans l’Union européenne, la France reste l’un des pays moins généreux
Sur l’ensemble des 27 pays de l’Union européenne, les disparités sont tout aussi notables. À l’Est, plusieurs États membres offrent davantage de jours de congé à leurs citoyens. La Roumanie, par exemple, en recense 15. La Croatie et la Bulgarie accordent chacune 14 jours fériés. En République tchèque, ce chiffre s’élève à 13. En Hongrie, le total oscille entre 11 et 13 selon le calendrier liturgique, ce qui la rapproche de la moyenne européenne.
Les pays nordiques offrent également un nombre comparable ou supérieur à celui de la France. En Suède, on compte 12 jours fériés officiels. La Finlande, membre de la zone euro, en compte 13. Le Danemark constitue une exception notable dans la région avec seulement 10 jours, ce qui en fait l’un des pays les moins généreux du continent, à égalité avec la Belgique.
Ainsi, dans l’ensemble de l’Union, la France se retrouve en position modeste. Si l’on considère uniquement les jours fériés nationaux obligatoires, elle se situe sous la moyenne, et très en deçà des pays les plus généreux comme la Lituanie, la Slovaquie, le Portugal ou la Roumanie.
Classement mondial : combien de jours fériés ont les autres grandes économies ?
Sur le plan international, le contraste est encore plus frappant. Parmi les dix premières puissances économiques mondiales — à savoir les États-Unis, la Chine, le Japon, l’Allemagne, l’Inde, le Royaume-Uni, la France, le Canada, l’Italie et le Brésil — la majorité d’entre elles affichent plus de jours fériés que la France.
Le Japon détient le record avec 16 jours fériés nationaux reconnus en 2025. L’Inde, de son côté, cumule jusqu’à 35 jours de congés fériés officiels selon les États, auxquels peuvent s’ajouter des fêtes religieuses spécifiques. En Chine, les citoyens bénéficient de 13 jours fériés, répartis sur des périodes prolongées (fête du printemps, fête nationale, fête du travail, etc.).
L’Allemagne, bien que variable selon les Länder, dispose d’une moyenne de 10 jours, équivalente à celle de la France. L’Italie, elle, offre 12 jours fériés nationaux. Le Canada, quant à lui, varie entre 8 et 12 jours selon les provinces. Le Brésil enregistre 12 jours fériés à l’échelle nationale, auxquels peuvent s’ajouter des jours régionaux.
Le Royaume-Uni, en revanche, figure parmi les pays les moins généreux du G10 : seulement 8 jours fériés sont reconnus à l’échelle nationale, bien que l’Irlande du Nord puisse en compter 10.
Enfin, les États-Unis disposent de 11 jours fériés fédéraux, mais ces jours ne sont pas obligatoirement chômés pour tous : cela dépend des États et du statut des salariés. En pratique, un employé américain du secteur privé peut ne bénéficier que de 6 à 8 jours effectivement chômés.
Une réforme qui placerait la France en bas de presque tous les classements
La suppression de deux jours fériés ramènerait la France à 9 jours officiels, ce qui la positionnerait au même niveau que les Pays-Bas et l’Irlande. Elle passerait alors derrière des pays perçus comme très productifs (Allemagne, Autriche, Finlande) ou économiquement libéraux (États-Unis, Canada, Royaume-Uni).
Autrement dit, loin de bénéficier d’un nombre excessif de jours chômés, la France est aujourd’hui dans la moyenne basse, aussi bien à l’échelle européenne que mondiale. La réforme envisagée ne ferait que creuser davantage cet écart.