Quand votre logement devient une fournaise, ce n’est pas une métaphore : certaines chambres dépassent les 30 °C. Une nouvelle proposition de loi veut s’attaquer à ces “bouilloires thermiques”.
Votre logement fait partie des bouilloires thermiques ? C’est bientôt fini !

Le 25 juin 2025, une proposition de loi transpartisane a été déposée à l’Assemblée nationale pour lutter contre les bouilloires thermiques, ces logements mal isolés devenus invivables pendant les vagues de chaleur. Ce texte entend combler un vide législatif en reconnaissant officiellement l’inconfort estival comme un critère d’indécence locative, à l’instar des fameuses passoires thermiques hivernales.
Les bouilloires thermiques, c’est quoi ?
Ce que l’on appelle aujourd’hui les “bouilloires thermiques” désigne les logements qui emmagasinent la chaleur sans capacité à l’évacuer, au point de rendre l’intérieur insoutenable en période estivale. Ces habitations peuvent atteindre jusqu’à 30 °C dans la chambre à coucher, parfois plus, même en pleine nuit. Les causes ? Toitures mal isolées, absence de ventilation croisée, matériaux peu adaptés, et surtout exposition directe sans protection solaire.
« Chez moi, à 22 h, il fait encore 29 degrés, même les volets fermés. Je dors avec un gant de toilette mouillé sur le front », témoigne l'habitante d'une bouilloire thermique dans L’Opinion. Ce type de logement, jusqu’ici ignoré par la législation, est désormais perçu comme un facteur aggravant de précarité énergétique, mais en été cette fois-ci.
Un enjeu de santé publique
L’impact sanitaire est alarmant. Près d'une logement du parc locatif sur 3 risque la surchauffe. Ces conditions peuvent favoriser l’insomnie chronique, la déshydratation, des malaises cardiovasculaires, et dans les cas les plus graves, des décès pendant les vagues de chaleur. La Fondation pour le logement alerte sur le caractère sous-évalué de la précarité énergétique estivale, que la France n’a jamais formellement intégrée dans ses normes.
Face aux bouilloires thermiques, une proposition de loi
Déposée officiellement le 25 juin 2025 sous le numéro n°1623, la proposition de loi transpartisane entend modifier la notion de logement décent. Son apport majeur : intégrer un indicateur de confort d’été au Diagnostic de Performance Énergétique (DPE). Actuellement, ce diagnostic n’évalue le confort estival que de façon très grossière, en trois niveaux : “bon”, “moyen” et “insuffisant”.
Le texte propose une gradation plus fine et surtout rend obligatoire son affichage dans les annonces de vente et de location. À horizon 2030, les pires bouilloires thermiques seraient déclarées “indécentes” et interdites à la location.
Autre avancée : le service minimum d’électricité, qui empêcherait les coupures de courant pour impayés en été. Le texte prévoit aussi une simplification pour l’installation de protections solaires (volets, brise-soleil) en copropriété : il suffira d’une majorité simple en assemblée générale, et l’avis des Architectes des Bâtiments de France ne sera plus contraignant pour les bâtiments anciens.
Des logements invivables qui deviennent illégaux
Ce texte pourrait changer la vie de nombreux Français. Les “bouilloires thermiques” touchent d’abord les quartiers populaires, les logements sociaux, les étudiants, et les personnes âgées. Les locataires n’ont aujourd’hui aucun recours si leur logement devient invivable en été, tant que l’installation est conforme sur le papier.
Avec l’entrée en vigueur progressive de cette loi, des milliers de bailleurs pourraient être contraints de rénover, sous peine d’interdiction de location. Le coût des travaux est élevé, mais le texte prévoit un renforcement des aides, notamment via MaPrimeRénov’.
Une révolution silencieuse pour les locataires
En mettant fin à cette zone grise juridique, la France reconnaît enfin que la chaleur extrême peut être aussi problématique que le froid. Les acteurs du logement saluent cette avancée contre les bouilloires thermiques. Mais cette transformation ne se fera pas sans heurts. Certains professionnels de l’immobilier alertent déjà sur le risque de pénurie de logements disponibles, si trop de biens sont brusquement retirés du marché. La proposition prévoit un calendrier progressif avec application par décret d’ici 2030.
Si la proposition de loi est adoptée, elle pourrait faire date, en replaçant le droit à la fraîcheur au cœur du débat sur le logement. Et ce, avant même que la prochaine canicule ne vienne rappeler brutalement l’urgence.